Il existe, selon les rapports de l'ONU, près de 600 millions d'enfants à travers le monde qui vivent dans la pauvreté absolue. 540 millions d'entre eux vivent sous la menace constante de la violence. Et sur les 250 millions d'enfants de 5 à 14 ans qui sont économiquement actifs, de 50 à 60 millions d'entre eux travaillent dans des conditions intolérables.

Au Canada, on estime que près de 90% des cas d'abus, de violence, de mauvais traitements et de négligence envers les enfants ne sont pas déclarés aux organismes de protection de l'enfance. (MacMillan et autres, 1996)

À Montréal seulement, on a connu, en l'an 2000, une augmentation de 20% des cas d'hospitalisation d'enfants violentés ainsi qu'une augmentation de 23% de cas de signalements d'enfants abusés.

Voici quelques problématiques auxquelles les enfants du Québec sont confrontés :

LA NÉGLIGENCE

On dit qu'un enfant est négligé quand il ne reçoit pas les soins nécessaires au sain développement de sa personne. Selon la loi de la protection de la jeunesse du Québec, la sécurité ou le développement d'un enfant est considéré comme compromis :

  • si ses parents ne vivent plus ou n'en assument pas de fait le soin, l'entretien ou l'éducation;

  • si son développement mental ou affectif est menacé par l'absence de soins appropriés ou par l'isolement dans lequel il est maintenu ou par un rejet affectif grave et continu de la part de ses parents;

  • si sa santé physique est menacée par l'absence de soins appropriés;

  • s'il est privé de conditions matérielles d'existence appropriées à ses besoins et aux ressources de ses parents ou de ceux qui en ont la garde;

  • s'il est gardé par une personne dont le comportement ou le mode de vie risque de créer pour lui un danger moral ou physique;

  • s'il est forcé ou incité à mendier, à faire un travail disproportionné à ses capacités ou à se produire en spectacle de façon inacceptable eu égard à son âge;

  • s'il est victime d'abus sexuels ou est soumis à des mauvais traitements physiques par suite d'excès ou de négligence;

  • s'il manifeste des troubles de comportement sérieux et que ses parents ne prennent pas les moyens nécessaires pour mettre fin à la situation qui compromet la sécurité ou le développement de leur enfant ou n'y parviennent pas.

ABUS PHYSIQUES ET ACTES DE VIOLENCE

ENVERS LES ENFANTS PAR LES MEMBRES DE LA FAMILLE

 

Les mauvais traitements infligés aux enfants constituent un problème complexe qui peut avoir des conséquences désastreuses sur le développement de l'enfant et sur la société en général. La dépendance des enfants à l'égard de leurs agresseurs, la crainte des conséquences de la dénonciation, l'absence de liens de confiance avec un adulte significatif, la formation inadéquate des professionnels des soins de santé qui ne reconnaissent pas les signes des mauvais traitements et de négligence sont des facteurs qui perpétuent le cycle de la violence dans lequel les petites victimes sont enfermées.

 

Selon Statistiques Canada, en l'an 2000, 80% des enfants et jeunes victimes d'agression sexuelle et 53% des enfants victimes de voies de faits aux mains d'un membre de leur famille étaient des filles. Peu importe le type de mauvais traitements ou l'âge de l'enfant, les pères étaient plus souvent les auteurs des agressions contre enfants et les jeunes. Dans les affaires impliquant des parents 1999, les pères étaient accusés dans presque toutes (98%) les affaires d'agression sexuelle et dans une importante majorité (71%) des affaires de voies de fait.

 

LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE : IL Y A AUSSI DES MOTS QUI FONT MAL !

Il y a aussi des mots qui font mal, qui blessent l'âme. Des insultes qu'on reçoit et qui brisent à jamais. Les enfants en savent quelque chose puisqu'ils sont les plus sensibles à ces mots qui construisent ou ces mots qui détruisent.

Développer l'estime de soi d'un enfant est le plus bel héritage qu'on puisse lui léguer. La conscience de sa valeur personnelle constitue le trésor de réserves intimes dans lesquelles l'enfant pourra puiser pour affronter les inévitables difficultés de la vie.

Malheureusement, à cause de leur vulnérabilité, certains enfants peuvent facilement devenir la proie de personnes malveillantes qui ont pourtant la responsabilité de les éduquer. Marie-France HIRIGOYEN, psychanalyste et psychiatre, auteure de l'ouvrage intitulé « Le Harcèlement moral : la violence verbale au quotidien » met en lumière les stratégies meurtrières de nombre d'individus qu'elle qualifie de « pervers narcissiques » et qui s'acharnent à briser les autres à travers un comportement sournois et des paroles blessantes. Ces individus arrivent à détruire leur victime par des paroles d'humiliation, des ambiguïtés, des mots qui tuent et une attitude déstabilisante qui paralyse.

« La violence perverse confronte la victime à sa faille, aux traumas oubliés de son enfance. Elle vient exciter la pulsion de mort qui est en germe chez chaque individu. Les pervers cherchent chez l'autre le germe d'autodestruction qu'il suffit ensuite d'activer par une communication déstabilisante. La relation avec les pervers narcissiques fonctionne comme un miroir négatif. La bonne image de soi est transformée en non-amour. »

Les travailleurs sociaux se penchent davantage aujourd'hui sur les conséquences de cette violence psychologique sur le développement des enfants. Bien qu'il s'agisse là d'une violence qui ne fait pas de bruit, qui ne laisse pas de traces physiques, les blessures peuvent parfois avoir des conséquences si dramatiques sur la victime qu'elle peuvent la mener dans un périlleux processus d'autodestruction.

LES ENFANTS TÉMOINS DE VIOLENCE CONJUGALE : QUELQUES FAITS

Au Canada, 29% des femmes sont victimes de violence physique de la part de leur époux ou de leur conjoint de fait. (Rodgers 1994). Selon d'autres études, 60% à 80% des enfants vivant dans une famille où la femme est maltraitée en sont témoins : ils le voient ou l'entendent (Jaffe, Wolfe et Wilson, 1990). Autrement dit, de 11 à 23% des enfants sont témoins chez eux de divers actes de violence.

Les enfants qui sont témoins de violence envers leur mère éprouvent des problèmes affectifs et comportementaux analogues à ceux des enfants qui sont eux-mêmes soumis à de mauvais traitements physiques. Ils souffrent souvent du syndrome de stress post-traumatique dont les symptômes sont : anxiété, crainte, irritabilité, pensées importunes et rappel d'images de la violence, explosions de colère imprévisibles et évitement des situations qui rappellent à l'enfant les actes de violence dont il a été témoin.

Les enfants témoins d'actes de violence éprouveront souvent des difficultés à se concentrer et connaîtront des problèmes de comportement et d'apprentissage. Ils courent un risque plus élevé de dépression ainsi que le risque d'être soumis à des actes de violence physique et sexuelle par l'agresseur de leur mère.

De leur côté, les garçons qui sont témoins d'actes de violence de leur père à l'égard de leur mère courent plus de risques de devenir eux-mêmes des agresseurs dans leurs relations intimes conjugales.

La pratique de l'école buissonnière, la délinquance et les fugues sont courantes chez ces enfants qui ont besoin d'une aide spécialisée.

QUELQUES STATISTIQUES SUR LES CONSÉQUENCES

SUR LES ENFANTS DE LA VIOLENCE CONJUGALE

Selon un sondage fait auprès de 6000 familles américaines, 50% des hommes qui ont fréquemment agressé leurs femmes ont aussi abusé de leurs enfants.

La violence dirigée sur un enfant est 15 fois plus présente dans les familles où la violence conjugale est présente.

Les hommes qui ont subi de la violence étant jeune sont trois fois plus à risque d'abuser de leur femme et de leurs enfants que les autres.

Les enfants qui sont témoins de la violence à la maison démontrent des troubles de comportement et des troubles émotifs aussi divers que le retrait, le faible estime de soi, les cauchemars, l'autopunition et l'agression contre ses pairs et les membres de sa famille.

Un enfant qui a subi de la violence à la maison est beaucoup plus à risque de devenir délinquant.

Plus de 3 millions d'enfants risquent d'être exposés à la violence parentale chaque année.

 

Références :

 

 

 

 

 

 

 

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