UN BREF APERCU

 

La toxicomanie est un comportement qui consiste à consommer d'une façon habituelle ou périodique, un ou plusieurs produits psychotropes (drogues) susceptibles d'engendrer une accoutumance ou un état de dépendance physique et/ou psychique.

 

Pour certains, la toxicomanie constitue une stratégie d'adaptation qui  permet à une personne d'anesthésier, en recourant aux drogues psychotropes, des sentiments d'impuissance, d'échec, d'incompétence, c'est-à-dire un état dépressif qui alimente un désespoir, un mal de vivre ancré parfois au plus profond d'eux-mêmes depuis la petite enfance.

 

Pour d'autres, la toxicomanie s'inscrit dans un mode de vie hédoniste, égocentrique et antisocial adopté préalablement à leur initiation aux drogues, la recherche du plaisir étant le fondement ou le but de la vie, au prix d'un minimum d'effort.

 

Toutefois, « il serait simpliste de ne vouloir aborder la toxicomanie exclusivement dans sa dimension individuelle, car la toxicomanie s'inscrit dans un contexte de malaise social, de crise des valeurs, d'inégalité des chances et d'individualisme. Il serait tout aussi simpliste de ne pas tenir compte du fait que la toxicomanie est étroitement associée à de nombreux autres problèmes qui affectent des individus et des groupes dans la société québécoise : détresse psychologique, dégradation de la qualité de vie, pauvreté, criminalité, montée du chômage, maladie, violence conjugale, négligence parentale, abus physiques, suicides et accidents de la route. »

 

« La toxicomanie est une problématique multidimensionnelle parce qu'elle a des répercussions sur la santé physique et mentale des individus, sur leur vie économique et sociale et, dans certains cas, parce qu'ils sont susceptibles de faire face à la justice. Elle est aussi multidimensionnelle parce qu'elle présente plusieurs causes et plusieurs conséquences, qu'elle touche plusieurs facettes de la vie de l'individu et de son entourage et qu'elle affecte l'équilibre psychique de la personne; elle interfère sur la qualité de vie de ses relations interpersonnelles, c'est-à-dire dans ses rôles de conjoint, de parent, de frère, de soeur, de fils, de fille, d'employé, d'employeur, de citoyen, etc. »

 

Sur le plan individuel, certains sont devenus toxicomanes :

  • en raison de leurs associations avec d'autres consommateurs;

  • en réaction à des événements auxquels ils n'étaient pas préparés 
    (échecs scolaires, séparation, divorce, mortalité dans le couple parental);

  • pour négocier la pression ou le stress provoqués par l'entourage, les obligations, la vie affective.

Tous les toxicomanes éprouvent des difficultés d'adaptation, mais l'immaturité affective ou sociale n'est pas de même degré et surtout, ne s'exprime pas de la même façon chez chacun.

  • Le toxicomane qui participe  à un style de vie essentiellement criminalisé a d'abord besoin d'être arrêté, confronté, fortement encadré et rééduqué dans tout ce qu'il est.

  • Le toxicomane pour qui la consommation de drogues représente une forme d'auto-médication en vue d'anesthésier un état dépressif, d'oublier ce qu'il est, a besoin d'être encouragé à l'action et revalorisé par l'actualisation de potentiels qu'ils n'arrivent plus à voir.

 

INDICES DE TOXICOMANIE

  • L'utilisation quotidienne d'une ou de plusieurs drogues;

  • Les comportements déviants ou délinquants associés à un style de vie qui laisse de moins en moins de place à d'autres activités ou intérêts que ceux que sollicitent leurs besoins de consommation;

  • L'isolement et les conflits multiples avec leur milieu social

  • Le désengagement face à tout ce qui les confronte ou les empêche de se maintenir sous l'effet de l'alcool ou de la drogue;

  • Les sentiments d'impuissance, voire de désespoir, face à l'avenir;

  • Les comportements et attitudes de retrait, sinon d'autodestruction (suicidaire).

 

 

HABITUDES DE CONSOMMATION

  • Parmi ceux qui éprouvent de multiples difficultés d'adaptation sociale, plusieurs sont devenus toxicomanes piégés par des habitudes de consommation.

  • L'alcool (ou le joint) devenu indispensable à la période de relaxation de fin de journée;

  • L'alcool (ou la ligne de cocaïne) devenu nécessaire à la performance amoureuse ou à la transaction commerciale;

  • L'alcool pour "faire passer" l'émotion d'une bonne ou mauvaise nouvelle;

  • Le somnifère devenu essentiel pour parvenir au sommeil;

  • La consommation routinière pour fuir la solitude;

  • L'alcool pour combler le vide intérieur, etc.

Il ne suffit pas d'arrêter de consommer pour mieux  fonctionner, il faut identifier le rôle rempli par la drogue.

Ce à quoi je me montre dépendant, c'est moins à l'effet chimique ou physique de la substance qu'à l'expérience qu'elle entraîne, le soulagement d'un état de stress ou d'anxiété, c'est-à-dire l'anesthésie de la conscience.

 

Sans drogue la tension ressurgit aussi longtemps que les facteurs psychologiques et sociaux qui l'occasionnent sont toujours présents.

 

 

Source :

 

Extrait de : " La toxicomanie au Québec : Des inquiétudes à l'action" CPLT - Décembre 1996 - Chap.1, page 1

Rédaction : Raymond Cardin, conseiller en alcoolisme et toxicomanie

 

 

 

 

 

 

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