Texte dédié à Louise Nantais.


 

 

Et si... tout n'était qu'illusion ! Que les anges étaient des oiseaux et que le ciel était sur terre ! Ne dit-on pas que le jardin est le meilleur endroit pour se rapprocher du coeur de Dieu ? Ne dit-on pas aussi que l'amour est un fruit qui pousse à l'année longue et qu'il peut être cueilli par tous ? Que la fleur embaume la main qui la tient et que le chant de l'oiseau est le plus mélodieux ?

 Ne dit-on pas aussi que le soleil fait fondre la neige de la nostalgie et qu'entre chien et loup est l'heure propice aux tendres rendez-vous ? Que les étoiles brillent pour le matelot et que la lune éclaire la vague et lui fait entrevoir la lagune où il pourra jeter l'ancre et se laisser bercer par le rythme des flots ? Poissons d'argent et algues dansantes pour l'inviter à rejoindre la rive ensablée de la plage de son coeur !

Et si... je faisais mienne l'idée que la paix du soir laisse tomber sur mes épaules sa chape noire afin de m'envelopper de sa quiétude et de son amitié. Qu'elle veut ainsi réchauffer mon coeur parfois glacé par la froidure de mes tourments et de mes inquiétudes ?

Et si... je faisais confiance et que je méditais dans le silence. Prière d'oraison pour remercier et compter mes grâces une à une sur le chapelet de cristal de roche que je tiens dans mes mains ! Danse à la lune, incantations et souffle du vent prêt à tomber !

 Je rejoins l'enfant quand je me penche pour lui parler et que j'abaisse ma voix pour lui chuchoter mes histoires de fées et de lutins rieurs. Entre deux historiettes, une chansonnette pour le bercer... Qui est la plus jeune dans ce temps-là ? Est-ce l'être en devenir ou bien l'enfant en nous qui ne demande qu'à éclater de rire ? Franchement, je ne le sais pas !

Et si... au crépuscule de ma vie, je me retrouvais face à moi-même. Tenancière de la clé de la sagesse acquise étant devenue... Qu'est-ce qui me dit que ma peau parcheminée n'est pas qu'une douce couverture moirée cachant avec pudeur, mon coeur rajeuni d'avoir appris à pardonner ? Mon coeur tout ébloui par notre tendre complicité ?

Qu'est-ce qui me dit que mon âme vieillit plutôt que de rajeunir ? Que la sérénité n'est pas un doux élixir pour la belle demoiselle que j'ai déjà été ? Que la bonté n'est pas jeunesse et que le partage n'est pas ivresse ? J'aime à me dire et à penser que la jeunesse est éternelle... 

Me croiriez-vous si je vous disais que je n'échangerais pas la sérénité acquise pour tous les trésors de ma jeunesse ? Que mon coffre est paré de belles dentelles et que l'odeur du lilas se mêle à celle de la citronnelle ? Douceur et Amertume font bon ménage maintenant que je sais enfin doser le miel qu'il me faut pour créer un heureux mélange au goût de souvenirs mais surtout d'essences extraites goutte à goutte de l'arbre de la vie !

Et si... le merle était un ange venu me dire dans son langage que c'est chez-moi qu'il veut faire son nid ? Je dirais que je suis portée à le croire et que cette pensée me caresse le coeur... Entre chien et loup, le temps est encore doux car il est imprégné de soleil.  L'orangée teinte l'horizon et les blés ondulent dans le champs à ma portée ! Une à une, les étoiles s'éveillent et la lune brille de milles diamants !

Entre chien et loup l'heure est douce et la paix m'enveloppe de tendres pensées !  Et si... je t'invitais à venir t'asseoir dans la balancelle et à fredonner avec moi ta chansonnette tendre encore longtemps ?  Et si... tu disais oui et qu'à nous-deux tous les oiseaux nous saurions surprendre ? Ils s'envoleraient peut-être vers le ciel pour inviter le Bon Dieu à descendre dans notre jardin aux odeurs de printemps éternel... 

Et si... tout n'était qu'illusion et que le miroir des jours étaient un fieffé menteur...

 

Et si...

Et si...

Mais si !

  Pourquoi pas ?

Déjà le crépuscule a des airs d'aube nouvelle...

Entre chien et loup, tout n'est que qu'illusion !

Louise, je te remercie d'être un soleil dans ma vie !

Mais je sais, je sens... que notre amitié est vérité et complicité !

 

 

Jovette Mimeault

4 mars 2002

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