L'automne est là, aux coloris évanescents, qui m'attire et m'inspire. L'automne est là, comme mes mots qui dansent dans ma tête sur une douce musique de Kim Robertson ou d'Enya... mais aucun vers ne coule de ma plume.

Alors, je m'habille chaudement et je sors prendre l'air afin d'échapper à cette manie que j'ai de saisir plume et feuilles aussitôt que les mots viennent me visiter. Ils sont encore là dans ma tête, revêtus de leur manteau enveloppant de chaleur.

Je les vois heureux, remplis d'espoir, complices... Je ne veux pas qu'ils arrêtent de danser, de peur qu'ils s'enfuient. Je les vois arborant un doux sourire, calmes, apaisants.

Je les entends comme le bruit que fait le vent qui se faufile entre les branches des arbres, comme les vagues qui échouent sur le bord d'un rivage ou comme le langage que me tient la nature quand je fais le calme en moi et que je vais à sa rencontre, comme ce soir.

Mais je suis seule... sans mes mots.

Et je les sens fragiles comme ce vase d'antan posé sur une table à l'écart, à l'abri des mains malhabiles ou comme ce roseau qui ploie sous le vent. Je les sens sensibles aussi comme l'enfant dont les yeux s'émerveillent ou qui laissent perler quelques larmes face à un chagrin. Je les sens aussi, forts comme la Foi qui déplace les montagnes.

Mais ils sont têtus mes mots. Ils me regardent, me jaugent et retournent à leur danse qui ressemble à un vol d'oiseau. Ils ne se préoccupent pas de moi. Je suis là, seule, essayant de les courtiser mais il n'y a rien à faire. Je ferme les yeux quelques instants, je fais le vide et j'essaie de les mémoriser puisque l'un d'eux vient de me murmurer : " Reviens un autre jour ! Ce soir, on tourbillonne dans ta tête, on a pas du tout le goût d'être couchés sur tes feuilles ! "

Pas pour ce soir mais quand alors ? Ils étaient fatigués, je les ai compris et leur ai donné un repos... mais là, la convalescence terminée, ils restent toujours dans ma tête. Qu'attendent-ils donc ? Que le sol soit revêtu d'une mante blanche ? Que la nature soit moins clémente ?

Mais je me sens seule moi... sans mes mots !

 

Nicole Dussault
21 octobre 2002
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