Ce
n'est
pas toujours la vie en rose quand on a
trois frères... Du moins quand on est
jeune et que l'on est la plus vieille.
Faut dire que je n'avais pas très bon
caractère à l'époque, j'en conviens, alors ils s'en
donnaient à coeur joie pour me faire
fâcher. Et comme j'étais
perfectionniste, ça ne prenait pas grand
chose pour me faire grimper dans les
rideaux.
Il y a si
longtemps et pourtant j'ai l'impression
que c'était hier, mais voilà le temps
a passé.
Je les adore et je suis
heureuse de pouvoir dire que nous sommes
très proches tous les quatre. Nous
n'avons pas toujours eu la possibilité
de nous voir souvent, quelquefois à cause
de la distance, mais plus on vieillit, plus les liens se resserrent
et jamais nous n'avons connus de
querelles. Au contraire, il y a toujours
eu de l'entraide et nous possédons tous un
bon sens de l'humour. Comme on dit de
nous parfois sur un forum auquel on fait
partie... "Quelle famille" !!!!
J'ai
presque trois ans, comme je suis adorable...
Oh ! Mais voilà que je vais me
faire garder chez la voisine... Quand
papa revient me chercher au bout d'une
semaine, un petit bébé tout neuf est
là. Le petit bébé tout neuf a grandi,
oh oui !
Et m'en fait voir de toutes les
couleurs. Cette
manie entre autre qu'il avait de vouloir
savoir comment c'est fait
à l'intérieur d'un cadran, d'une
poupée, enfin tout ce qui lui tombait
sous la main. Et le pire !!!! Le pire que j'ai
pu connaître !!!! Il chantait
à tue-tête le soir pour s'endormir...
Des chansons de Tex Lecor. Je suppliais
maman de lui dire d'arrêter car je
voulais dormir, et il répondait à chaque
soir : "Juste une dernière", et enfin...
Il s'endormait... en chantant.
Ouf !!!! Quel répit, car je peux vous
dire qu'il chantait avec coeur,
sûrement que la rue au complet
l'entendait !
Mais
tous les matins aussi c'était
pénible... pénibleeee !!!!!! Il
monopolisait le grille-pain pour ses dix
rôties quitte à les manger froides, et
moi je voulais m'en faire juste une, pas
moyen ! Il attendait devant le
grille-pain grrrrrrr et là le même
scénario tous les matins, accroupi
devant l'armoire de cuisine, il se plaignait
qu'il n'y avait rien à manger et après
avoir tout sorti ce qui se mange sur une
rôtie, il sortait son éternel "beurre
de peanuts". Ce n'est pas des
blagues,
papa achetait le beurre d'arachides au
gallon ! Et là on mettait la boîte
de céréales entre nous pour ne pas se
voir... Y m'énarvait !!!!!! hi hi... Je suis
pliée en deux de rire.
Il
y a eu aussi les soirs où nous étions
seuls, nos parents étant sortis. Bon !
On avait besoin de quelque chose au
sous-sol. Nous avions peur tous les deux
de la noirceur; alors du haut des
marches on se donnait la main, on se regardait
pour se donner confiance, et lui commençait
à chanter à tue-tête. Mais voilà que
rendus en bas, la fournaise partait... Oh
boy !!!! On remontait tellement vite que
je me demande si nous touchions aux
marches.
Dans
ma jeunesse j'ai fait beaucoup d'asthme,
je passais des semaines au lit à
étouffer. Alors comme je ne pouvais me
déplacer, maman lui faisait faire des
commissions. Mais... Oh ! Quelquefois
j'ai été manipulatrice ah ! ah ! Il y a
des jours où j'étais bien mais j'avais
besoin de quelque chose au sous-sol. Je
demandais à Robert d'aller me chercher
ce dont j'avais besoin. Comme il ne
voulait pas, je disais à maman : "Robert
ne veut pas me rendre de service, et j'ai
de la misère à respirer". Maman lui
disait : "Robert va chercher ce que ta p'tite soeur demande, elle est malade".
Eh oui !
mon frère, j'ai osé te faire cela. Désolée
de te l'apprendre, mais je suis prise
présentement d'un intense fou rire. Je
t'adoreeeeeee mon frère.
Et
tu te souviens du soir qu'on t'a laissé
toute la vaisselle ? Je lui revois encore
les yeux sortis de la tête hi hi. Il
s'esquivait tous les soirs après souper
dans la chambre de bain et n'en
ressortait que la vaisselle terminée.
Un soir, un de ses copains soupe à la
maison, Robert doit donc s'absenter
comme d'habitude. Maman nous dit :
"On va faire semblant de faire la
vaisselle". Alors, nous continuons de
jaser, tranquillement assis à la table
et nous brassons de la vaisselle pendant
un bon bout de temps. Lorsque nous ne
faisons plus aucun bruit, pour toi
Robert c'est le signal ! Tu peux enfin
sortir de ta cachette. Il sort, sûr de
lui il va s'en dire, mais en voyant
toute la vaisselle sur le comptoir et
sur la table, il a failli s'évanouir.
Alors tu as eu la corvée cette fois-là
avec ton copain qui riait de toi en
faisant la vaisselle avec
toi.
J'ai
20 ans, je l'invite à venir passer
quelques jours chez moi. Les quelques
jours ont duré une journée ! J'ai dit :
"Papa, viens chercher ton fils" !
Ah
misère ! Dur pour une perfectionniste !
Le
temps passe; il vient demeurer chez moi
quelque temps, car il a trouvé du
travail à Sainte-Agathe-des-Monts et a
maintenant sa copine qui est devenue sa
femme par la suite. Pauvre femme, une
sainte femme je vous dit ah ah ah !
Alors
que j'ai
quatorze ans, deux autres bébés
arrivent. Je dois dire que j'ai été leur
maman souvent pour donner un coup de
main à ma mère, mais j'adorais les bébés. Ils
étaient si mignons, mais ils n'ont que
trois ans et déjà m'en font voir de
toutes les couleurs eux aussi, surtout Bernard
grrrrr. Une fois alors que je les garde,
ils me font courir autour de la maison
car ils ont fait un mauvais coup et
j'essaie de les rattraper, mais ce fut
leur fête quand j'ai réussi à les agripper
et les faire entrer dans la maison. Eux
se souviennent encore de m'avoir fait
courir, mais moi je me souviens de la
punition, j'étais hors de moi hi hi.
Comme
je passe souvent des nuits en crise
d'asthme, je dois récupérer à mon retour
de l'école, et maman me réveille pour le
souper. Mon mascara a coulé, Bernard de
pousser son frère du coude et lui dit :
regarde, Yvette a des traces de brake en
dessous des yeux grrrrrr
Mais
j'adorais les gâter, car comme je
travaillais et que les parents ne
pouvaient leur acheter ce que moi
j'aurais aimé, je leur achetais : Leur
première paire de patins, une table
tournante Mickey Mouse et autres choses
dont je ne me
souviens pas. Sauf que ça faisait des
achats en double.
Comme
la plupart des jumeaux, ils ressentent
beaucoup de choses et ne pas être
ensemble est pour eux très difficile.
L'un d'eux est hospitalisé pour une
pneumonie, quelle semaine d'enfer à
garder l'autre, c'est pire que les deux
ensemble. Quand maman est allée chercher
Richard à l'hôpital, ce fut très émouvant
de les voir se retrouver même s'ils
n'avaient que deux ans. Ils ne parlaient pas
encore franc mais quand ils se sont vus,
ils ont crié "Mamard"
- "Hihard" et se sont jetés
dans les bras l'un de l'autre.
Lors d'une sortie avec l'école,
Richard tombe
et se blesse. Les professeurs n'ont plus
le choix de faire embarquer Bernard dans l'ambulance avec son
frère, car il n'est n'est plus contrôlable
: il crie plus fort que Richard qui est
blessé.
Ils
n'ont que quatre ans lorsque je quitte
la maison pour aller travailler à
l'extérieur. Je les vois donc plus
rarement. Alors qu'ils ont six ans, je
les garde une fin de semaine. Le matin,
ils se lèvent avant moi, mais oh !
Quelle surprise pour moi lorsque je me
lève. Mais comment leur en vouloir, ils
sont si contents d'avoir fait une belle
surprise à leur grande soeur. Oui mais
quelle surprise !!!! Ils ont décidé de
faire le ménage dans ma bibliothèque,
et moi qui suis perfectionniste, tout
est placé au poil près. Mais là, plus
un livre n'est à la même place, les
bibelots sont également changés de tablette.
Oh ! la la ! dur dur dur pour moi quand je
vois ça, mais devant leur frimousse
angélique de m'avoir fait cette
surprise, comment puis-je les chicaner ?
Mais quand maman vient les chercher,
c'est la première chose que je fais...
Replacer ma bibliothèque.
L'adolescence
s'installe pour eux, moi qui ne demeure
plus à la maison, nous sommes comme des
inconnus quand je vais faire un tour,
nous trouvons difficilement des sujets
de conversation. Mais cela ne dure que
quelques années. Comme je suis seule
avec mes deux filles et que je dois
déménager, je demande à Bernard s'il
ne viendrait pas m'aider à démonter un
lit encastré dans un mur. J'ai beau me débrouiller
assez bien en menuiserie pour les
besoins de la cause, mais... C'est alors
que nous réapprenons à nous
connaître. Je me rends également
compte qu'ils sont aussi espiègles que
leur soeur, surtout que Bernard lui, il
est pince-sans-rire, alors la première
fois qu'il me lance une blague, je reste
stupéfaite. Pendant qu'il travaille à
défaire le lit, je suis à lui raconter
quelque chose et je lui dis : "Quand
j'étais jeune"... Il me coupe et me dit
: "Tu as déjà été jeune ?" Je le
regarde étonnée, je ne comprends
pas... Il me répond : "Je t'ai
toujours connue vieille !", c'est un fait
à quatorze ans de différence ! hi hi
Une
autre fois où ils ont encore à me
déménager, et que la maison a un toit
cathédrale, il faut enlever un crochet
au plafond. Comme Bernard mesure 6
pieds, Richard 6 pieds 2 pouces,
monte sur ses épaules et voilà que Bernard
tourne pendant que Richard tient le
crochet pour le dévisser. Vous voyez
bien qu'on est une famille de fous, mais
je les adoreeeeee.
Encore
un autre déménagement pour moi en 1995
et comme
je suis seule, j'ai besoin de mes
frères évidemment. Je leur dis un
moment donné : "Vous savez quand
j'étais jeune, ça m'a toujours manqué
d'avoir une soeur, mais aujourd'hui je
peux dire que c'est bien pratique des
frères". Bernard me répond du tact
au tact : "Nous autres on a toujours
été ben content d'avoir juste une soeur !" Je vous adoreeeeee
Tant
qu'à Richard, c'est le Mr Bean de
la famille. On le surnomme d'ailleurs comme
ça ou encore Rambo à cause de sa force
physique, malgré qu'il soit très
svelte. Il m'émerveillait quand il
dansait
du "breack dance" quand
ce fut la grande mode un moment donné.
Il avait cette souplesse pour se
déhancher comme si c'était un pantin, ou encore faire le robot, les
yeux fixes et les gestes saccadés. C'est
encore l'homme-enfant qui ne s'en
fait pas avec la vie, c'est celui qui
est content de sortir sa vieille soeur
et qui est heureux de dire à tout le
monde qu'il accompagne sa soeur et de me
présenter. Ouf ! Une chance que la
belle-soeur n'est pas jalouse hi hi.
Mais une chose, il ne doit pas manquer
de ketchup, il ne peut vivre sans
ketchup. À ses fiançailles, tout le
monde lui a acheté une bouteille de ketchup.
Alors
voilà, cet hommage est pour vous mes
frères. Il y a longtemps que je voulais
le faire. J'aurai bientôt 50 ans, il me
semble qu'il n'y a pas si longtemps...
Mais le temps passe si vite... Et je
tiens à vous dire combien je vous aime
et suis fière de vous avoir comme
frères. Ce sont de doux souvenirs qui
remontent en écrivant.
Je
trouve extraordinaire que pendant toutes
ces années, nous avons su rester
fidèles à nous-mêmes, authentiques,
sans artifice entre nous. Et je crois
que ce qui nous unit encore plus,
malgré que nous ayons connu tous et
chacun des moments très difficiles,
c'est ce sens de l'humour et cette
entraide qui nous ont permis de grandir et
de resserrer ces liens.
Jamais
je ne vous dirai assez merci pour tout
ce que vous avez fait pour moi. C'est
grâce à vous si j'ai pu garder la
tête haute malgré tout ce que j'ai pu
vivre de difficile parfois, et continuer
ma route malgré les embûches. Et vous
êtes encore là, parmi mes fidèles
abonnés au Jardin de l'amitié à
m'encourager pour continuer de donner et
distribuer ce que j'ai de plus précieux
: l'Amour.
Je
vous aime et merci d'être mes frères
Votre
soeur
Votre
'ti soeur
Votre
soeurette
"Votre
vieille 'tite soeur"
Ce
n'est
pas de ma faute si je ne suis pas grande
et suis vieille hi hi. Heureusement
que le photographe vous a fait asseoir pour
la photo, sinon il aurait fallu que je
monte sur des échasses :)
Hannah Yvette
3
août 2003
Tous droits réservés -
Copyright
© 2003
Ne pas reproduire
mes textes sans mon
consentement.
|