Je jetai un coup d'oeil sur les dessins et
je vis des coeurs roses, des nuages bleus, de magnifiques couchers de
soleil. Tous les dessins étaient lumineux, sauf un. Un petit garçon avait peint un coeur
sombre, morne, sans vie. Quand je l'interrogeai, il me répondit que le
coeur était sombre parce que le sien l'était; il était très malade ainsi
que sa mère et il savait que ni l'un ni l'autre ne guérirait. Ils
étaient tous deux atteints du sida. Puis, il me regarda dans les yeux et
déclara : "Personne n'y peut quoi que ce soit."
Je lui dis qu'il se trompait en pensant
que personne ne pouvait l'aider, qu'il y a des choses que l'on pouvait
faire pour soulager la tristesse : par exemple, donner de gros baisers.
Que s'il le voulait, je serais heureuse de le serrer bien fort dans mes
bras. Il grimpa aussitôt sur mes genoux et
j'eus l'impression que mon coeur allait exploser d'amour pour cet
adorable petit garçon. Il resta sur mes genoux un long moment.
Lorsqu'il en eut assez, il redescendit pour terminer son travail. Je lui
demandai s'il se sentait mieux; il répondit que oui, mais qu'il était
toujours malade et qu'on n'y pouvait rien. Je m'éloignai le coeur lourd,
déterminée à faire tout ce que je pourrais pour lui.
Vers la fin de la journée, je sentis
quelqu'un tirer sur ma veste. Je me retournai. Derrière moi se trouvait
le petit garçon au coeur sombre, un beau sourire accroché aux lèvres. Il me dit : "Mon coeur est en train de changer de
couleur. Il est plus gai. Je pense que ça fonctionne réellement les gros
baisers."
En rentrant à la maison, je sondai mon
propre coeur et sentis qu'il avait lui aussi pris une teinte plus gaie. (Inspiré de Bouillon pour les ados)
Copyright
(Au Jardin de l'amitié) © 2016 Tous droits réservés |