Lors d'un carnaval, on invita des enfants à peindre un carré de tissu qui formerait par la suite une courtepointe.

Je jetai un coup d'oeil sur les dessins et je vis des coeurs roses, des nuages bleus, de magnifiques couchers de soleil. Tous les dessins étaient lumineux, sauf un.

Un petit garçon avait peint un coeur sombre, morne, sans vie. Quand je l'interrogeai, il me répondit que le coeur était sombre parce que le sien l'était; il était très malade ainsi que sa mère et il savait que ni l'un ni l'autre ne guérirait. Ils étaient tous deux atteints du sida. Puis, il me regarda dans les yeux et déclara :

"Personne n'y peut quoi que ce soit."

Je lui dis qu'il se trompait en pensant que personne ne pouvait l'aider, qu'il y a des choses que l'on pouvait faire pour soulager la tristesse : par exemple, donner de gros baisers. Que s'il le voulait, je serais heureuse de le serrer bien fort dans mes bras.

Il grimpa aussitôt sur mes genoux et j'eus l'impression que mon coeur allait exploser d'amour pour cet adorable petit garçon.

Il resta sur mes genoux un long moment. Lorsqu'il en eut assez, il redescendit pour terminer son travail. Je lui demandai s'il se sentait mieux; il répondit que oui, mais qu'il était toujours malade et qu'on n'y pouvait rien. Je m'éloignai le coeur lourd, déterminée à faire tout ce que je pourrais pour lui.

Vers la fin de la journée, je sentis quelqu'un tirer sur ma veste. Je me retournai. Derrière moi se trouvait le petit garçon au coeur sombre, un beau sourire accroché aux lèvres.

Il me dit :

"Mon coeur est en train de changer de couleur. Il est plus gai. Je pense que ça fonctionne réellement les gros baisers."

En rentrant à la maison, je sondai mon propre coeur et sentis qu'il avait lui aussi pris une teinte plus gaie.

(Inspiré de Bouillon pour les ados)

 

 

   
 
 
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