Dans le fond de notre subconscient se cache une vision
idyllique, un idéal à atteindre. Nous nous voyons sur un long
voyage qui traverse presque le monde entier. Nous voyageons par
train de passagers et par les fenêtres nous nous abreuvons des
paysages qui passent, d’autos sur les routes, d’enfants qui
saluent aux traverses de chemin de fer, de troupeaux au pâturage
sur une colline distante, de fumée se déversant d’une usine, de
rang après rang de blé mur, de plaines et de vallées, de
montagnes et de collines, de ciels de ville et de campagne,
d’hiver mordant et d’été flamboyant, de printemps fringuant et
d’automne docile.
Mais avant tout dans notre esprit est présent la destination
finale. Un certain jour, à une certaine heure, nous arriverons à
la station. Il y aura des fanfares et des drapeaux. Et une fois
là, il y aura des milliers de rêve qui se réaliseront. Tous nos
souhaits seront remplis et tous les morceaux de notre vie se
complèteront finalement et adroitement comme un casse tête
géant. Comme nous sommes impatients en faisant les cent pas,
sacrant contre les minutes de flanâge… attendant, attendant,
attendant la gare.
Cependant, tôt ou tard, nous devons réaliser qu’il n’y a pas UNE
gare, un endroit d’arrivée une fois pour toute. La vraie joie de
la vie est un voyage. La gare n’est qu’un rêve. Elle nous
échappe constamment.
Nous nous disons : «
quand nous arriverons à la gare j’aurai atteint le but ».
Traduire cela signifie : « Quand j’aurai 35 ans, ça y sera !
Quand j’achèterai mon 4X4, ça y sera ! Quand le plus jeune des
enfants finira ses études, ça y sera ! Quand j’aurai perdu mon
25 livres, ça y sera ! Quand on finira de payer l’hypothèque, ça
y sera ! Quand j’obtiendrai ma promotion, ça y sera ! Quand je
prendrai ma retraite, ça y sera ! Je vivrai heureux pour
toujours ! »
Malheureusement, une
fois qu’on « y est », le « y » disparaît. La gare, d’une façon
ou d’une autre, se cache à la fin d’une voie ferrée sans fin.
Savourer le moment est une bonne devise. Ce ne sont pas les
fardeaux d’aujourd’hui qui poussent les hommes à la folie. Ce
sont plutôt les regrets d’hier ou la peur de demain.
Regret et peur sont les
voleurs jumeaux qui nous dérobent aujourd’hui. Donc, arrête de
faire les cent pas dans les corridors et de compter les milles.
À la place, escalade plus de montagnes, mange plus de crème
glacée, va pieds nus plus souvent, nage plus souvent dans les
rivières, regarde plus de couchers de soleil, ris plus souvent
et pleure moins.
La vie doit être vécue
constamment, au fil des jours. La gare arrivera bien assez tôt.
Auteur
:
Robert J. Hastings
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