L'homme
dit à l'enfant : « Veux-tu
voir des paysages de rêve, te remplir les yeux de couchants de feu, de
ciels de contes de fée ?
« Veux-tu toucher des fleurs de
velours et de satin, humer les parfums les plus subtils ?
« Veux-tu marcher sur des tapis de
verdure moussue, respirer l'air frais des grands espaces ? »
Veux-tu ?
L'enfant répondit à l'homme :
« Oui, je le veux... je le veux de
tout mon être ! »
L'homme lui dit encore :
« Tu veux vraiment découvrir les
beautés de la nuit et du jour, connaître les couleurs du couchant et du
levant ?
Tu veux vraiment savourer la douceur
de fruits inconnus, fouler des sentiers encore vierges ?
Tu veux vraiment expérimenter la
beauté, la vérité, prendre la vie à pleines mains ? »
L'enfant répondit à nouveau :
« Oui, je le veux... je veux rire,
chanter, danser, je veux aimer d'amour et d'amitié ! »
Alors, l'homme lui dit :
Très bien !
Mais, auparavant, tu devras
traverser des déserts sans puits, marcher sur des marécages sans fonds;
tu devras affronter la guerre, la colère, la haine, te confronter à la
solitude, à l'incompréhension, à l'envie; tu devras surtout te mesurer à
toi-même, à tes doutes autant qu'à tes rêves, comme à tes pires ennemis
!
Veux-tu toujours ?
L'enfant lui répondit :
« Si tu es à mes côtés, si tu me
tiens la main, je n'aurai pas peur. Je suis prêt à passer par le froid
et le feu, à franchir la souffrance et la mort, pourvu qu'au bout du
chemin je trouve la paix, la joie, le bonheur, je puisse vivre en
beauté... toujours ! Oui, je veux aller avec toi. »
L'homme lui dit enfin :
« Alors, viens ! prends ma main, ne
crains pas ! Je serai avec toi, je ne te laisserai pas seul ! »
Viens...
Et ils partirent tous les deux, main
dans la main, vers le pays de la liberté, de l'amour et de la vie.
Jules BEAULAC,
Tiré de : Je marcherai avec toi, Levain 1990
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