En
ce temps-là, Dieu habitait sur terre.
Un
drôle de bonhomme, un fermier, arriva et dit
à Dieu :
"Écoute, mon vieux,
tu as peut-être créé l'univers mais
tu n'es pas fermier. Je vais
t'apprendre un peu."
"Dis-moi
!" fit Dieu (tout en souriant
discrètement dans sa barbe).
"Donne-moi
un an, dit le fermier, et fais comme
je te dis. Tu vas voir : finie la
pauvreté !"
Pendant
un an, Dieu accorda au fermier tout ce
qu'il voulait. Plus de tempête, plus
de foudre, plus aucun danger pour le
bétail.
C'était
le grand confort.
Le
blé poussait dru. Si le fermier
voulait du soleil, il faisait soleil;
s'il voulait de la pluie, il pleuvait
autant qu'il voulait.
Cette
année-là, tout arriva à point.
Le
blé poussait tellement haut que le
fermier alla trouver Dieu et lui dit :
"Regarde, mon vieux. Encore
dix ans comme ça et il y en aura
assez pour nourrir tout le monde sans
que personne ne travaille !"
Mais
lorsqu'on fit la récolte, il n'y
avait rien à l'intérieur des grains
de blé. Des cosses vides. De l'air.
Le
blé qui avait poussé si haut, ne
contenait rien. Surpris, le fermier
demanda à Dieu ce qui s'était
passé.
"Parce
qu'il n'y avait ni défi, ni conflit,
ni friction, parce que tu as évité
tout ce qui était mauvais, le blé
n'a pas pris de force. Il faut
toujours se battre un peu. Il faut la
nuit entre les jours. La tempête, la
foudre, le tonnerre, il en faut. Ils
secouent l'âme du blé."
Source
: Chanteclerc |