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Pour les gestes du
quotidien, du plus anodin
au plus grandiose, les
souvenirs de notre enfance
et les coups de main de
notre vie d'adulte, on a
mille et une raisons de
rendre grâce, vous à
votre mère et moi à la
mienne.
Merci
de ressembler à une toute
petite fille quand tu ris.
Merci de rire aussi
souvent.
Merci
d'avoir élevé tes cinq
enfants comme si chacun
d'entre nous était un
enfant unique.
Merci
pour ton spaghetti
carbonara, ton poulet aux
framboises, ta mousse aux
marrons et tes îles
flottantes. (Et
surtout, surtout, merci
pour les recettes.)
Merci
d'être si gentille avec
les gens que je te présente.
Et je te jure que je ne
suis pas jalouse s'ils me
demandent de tes nouvelles
avant d'en prendre des
miennes.
Merci
d'avoir rendu plus faciles
les années difficiles.
Merci
d'avoir travaillé à Noël
pour nous payer des
cadeaux de Noël.
Merci
d'avoir gardé tes ongles
très très longs pour les
"gratouilles"
dans le dos. Encore.
Encore. Encore.
Merci
pour les croissants aux
amandes après les cours
de danse. Merci pour
les cours de danse.
Merci
de m'avoir appris à épeler
les mots dignité, honnêteté
et fierté.
Merci
pour la poulette grise,
qui a pondu dans la
remise, et qui a pondu un
petit coco... Merci
pour la poulette
brune, qui a pondu dans la
lune, et qui a pondu un
petit coco...
Merci
de m'avoir appris comment
m'émerveiller devant les
petits bonheurs et comment
m'indigner devant les
grands malheurs. Au
lieu de chercher le grand
bonheur et d'abdiquer
devant les petits
malheurs.
Merci
pour mon héritage: des
yeux bleu clair, une peau
trop blanche, des grandes
jambes et un caractère de
cochon. (Mais ça,
ça ne vient sûrement pas
de toi...)
Merci
pour les livres de poésie
et la poésie sans les
livres.
Merci
d'être restée ma petite
maman même quand moi je
n'étais plus ta petite
fille.
Merci
pour tous tes chagrins que
tu ne m'as pas racontés
et pour tous mes chagrins
que tu as consolés.
Merci
pour tes rides qui
racontent si bien
l'histoire de ta vie.
Merci
de ne jamais m'avoir
demandé de te donner des
petits-enfants.
Merci d'être une bonne
grand-mère pour les
petits-enfants que les
autres t'ont donnés.
Merci
d'avoir fait semblant de
ne pas savoir que je
lisais tard le soir dans
mon lit, sous la
couverture, à la lueur de
ma lampe de poche.
Merci
d'avoir cru en moi, même
quand moi, je n'y croyais
pas.
Merci
pour les neuf mois
d'attente, les trente
heures de travail et les
trente-sept années de
patience.
Merci
pour tous les bons
conseils que je n'ai
jamais écoutés.
Merci
de m'avoir tenu la main
hier pour traverser la
rue. Merci de me
tenir la main aujourd'hui
pour traverser la vie.
Merci
Mimi.
Source: |
Chronique
"La vie qui
va" |
de
Sophie Durocher |
Châtelaine,
mai 2003 |
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