Dans nos campagnes, les croyances étaient
très fortes.
Elles le sont peut-être toujours, d’ailleurs …
Source : Daniel Renard
du Journal "La Meuse" Belgique
De la basse Meuse à la Hebaye, en passant par
Liège,
voici comment on honorait les morts.
Imaginez la Hesbaye. Notre Hesbaye. Il y a un
millénaire de cela, peut-être moins. C’est le domaine des forêts et
des champs. Ici et là, quelques châteaux, quelques villages. On y
croit dur comme fer que les jours de pleine lune, certains hommes se
transforment en loups. On y croit aux sorcières, aux guérisseurs. On
croit surtout que le premier novembre, les morts reviennent sur
terre.
Le soir, au coin du feu, le paysan tend
l’oreille. Il entend des bruits, des pas. Pour lui, il ne fait aucun
doute que ses aïeux rôdent autour de la ferme. Le matin, il a
prévenu ses enfants. Interdiction formelle de frapper les haies à
l’aide d’un bâton. Car c’est là que se perchent les âmes qui en ont
assez d’errer dans la campagne. On ne prend pas le risque de blesser
une âme. On la respecte. On lui fait honneur.
Les femmes, par contre profitent d’un doux
moment. Elles ont attendu depuis longtemps. Aujourd’hui, elles sont
autorisées à étrenner leurs nouvelles toilettes hivernales. Les
garnements vident de grosses betteraves. Ils y percent des orifices,
représentants les yeux, le nez et la bouche. Une bougie se consume
au centre du gros légume.
Pendant ce temps, Liège s’illumine. Les
cimetières sont envahis. On y prie toute la nuit, en faisant brûler
des cierges sur les tombes.
Le crieur de Herstal
Voilà à quoi ressemble Halloween dans nos
provinces. Voilà à quoi ressemblait la fête de Samain en Europe du
Nord, ce et y compris, bien entendu, les îles britanniques. Bien des
contes et légendes demeurent accrochés à nos chênes centenaires. Le
vent porte ces histoires qui se répètent de générations en
générations. Il en est une qui se rapporte à Herstal. La « nuit des
trépassés », quelqu’un frappait aux portes et aux volets. Son cri
perçait la nuit froide : « Chrétiens, priez pour les trépassés ».
Surtout pour celui qui est assassiné le jour d’Halloween, car il ne
trouvera le repos qu’après s’être vengé.
À Herstal, on assurait que le crieur était le
descendant d’un criminel. Ses agissements étant l’héritage d’un vœu
prêté par son ancêtre.
Hocheporte : l’enclos maudit
Sur les hauteurs de la Cité Ardente, rue
Hocheporte, s’étalait un cimetière particulier. On y enterrait les
suicidés. Cette étonnante ségrégation conférait un aspect maléfique
à l’enclos devenu maudit. En temps normal, mais surtout à la
Toussaint, les bonnes gens effectuaient des détours insensés pour
éviter ce lieu qui, d’après eux, sentait le souffre.
Ne balayez pas la cuisine
Dans les contrées de la haute Meuse, il était
interdit de balayer la cuisine le jour des morts. L’esprit céleste,
d’un cher disparu pourrait avoir envie de se replonger dans cet
environnement, afin de retrouver les bonnes senteurs du passé. Il ne
fallait surtout pas prendre le risque de le pousser vers l’extérieur
à la suite d’un malencontreux coup de balai.
Dans le même esprit, le charretier ne sortait
pas de son véhicule. Une pauvre âme se blottissant sous le tapis de
feuilles mortes aurait été cruellement écrasée. Nul vivant ne
voulait prendre ce risque.
Même si tout cela n’est plus d’actualité,
Halloween, le jour des morts ou la fête de Samain, comme il vous
plaira de la nommer, conserve toute sa magie.
Le jour où Jack le tricheur a piégé Satan
en personne
La fête d’Halloween, aussi ancienne que
païenne, repose sur deux personnages centraux. Finalement peu connus
du grand public, mais incontournables.
Qui est Samain ?
Divinité très ancienne. Honorée par nos
ancêtres les Celtes il y a plus de trois mille ans. Samhain est le
Seigneur de la mort et prince des ténèbres. L’ancêtre de Satan, en
somme ! On le fêtait le 31 octobre, correspondant au Nouvel An, car
ce jour-là, il faisait prisonnier le soleil, et permettait aux âmes
des morts de visiter leurs anciennes demeures.
Pourquoi une citrouille ?
En Irlande, un nommé Jack aurait un jour piégé
le diable. Buveur, joueur, tricheur, Jack, à son décès fut refusé au
paradis. Pour se venger, Satan lui donna une braise pour qu’il se
guide dans les ténèbres éternelles. Afin d’économiser cette faible
lueur, Jack la plaça au centre d’un navet évidé. Au fil du temps, le
navet devint une citrouille …
La vieille tradition
Vous savez désormais que la fête d’Halloween
n’est pas une invention américaine destinée à actionner le tiroir
caisse des différents commerces. Elle puise ses racines au plus
profond de notre histoire. La tradition, qui consiste à permettre
aux enfants de se déguiser, puis de visiter les maisons du quartier,
a un côté convivial et joyeux. Les cortèges permettent à nos enfants
de prendre possession des rues en s’amusant. En outre, ils
dédramatisent des mythes, qui parfois, les empêchent de dormir sur
leurs deux oreilles. Récupérer par le catholicisme, Halloween
retrouve son essence. |