Je suis déprimé mais je me soigne
 

Référence :
Auteur : Professeur Henri Lôo - Docteur Henry Cuche
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La dépression, ce n'est pas léger. Ça vous cloue au sol. C'est une souffrance implacable qui ne vous lâche pas, qui vous mord le coeur, qui vous serre, c'est un étau et vous ne pouvez plus rien faire. Pas fatigue, mais épuisement, le moindre geste demande un effort incroyable.

TÉMOIGNAGES

Je me souviens de la façon dont je ressentais les choses : J'étais mal dans ma peau, mal à l'aise, tout était difficile, je n'arrivais pas à apprécier les petits moments de bonheur de la vie. Je n'éprouvais souvent pas grand-chose en fait de joie. Tout ce qui aurait dû être un plaisir devenait une corvée...

Ça venait par périodes... Je pensais que j'avais une personnalité comme ça. Je me sentais en miettes à l'intérieur de moi. Les angoisses, les palpitations, l'essoufflement. J'étais épuisée.

Il n'y a plus de goût. On a conscience de ce qui se passe, on est quand même dans la réalité mais on est en retrait, on n'est plus connecté.

Ça fait tellement de bien quand j'arrive à dormir. Je n'ai le goût à rien, je tourne en rond, je ne fais rien. Je n'ai pas mon allant habituel; je suis plutôt de nature dynamique, gai, taquine. L'appétit non plus, c'est pas extraordinaire.

En même temps, j'avais une panne affective, une anesthésie des sentiments. Je ne supportais presque plus personne. Un rien m'amenait la larme à l'oeil. Je me fatiguais vite. Je perdais le sommeil. J'avais l'impression de faire les choses par obligation, par devoir. Perte de libido, au point de cesser tout rapports sexuels, et surtout, ne pas les provoquer. Laisser aller dans le costume, plus envie de faire la coquette.

Après la première consultation, tu as l'impression que quelqu'un va t'aider à porter ton fardeau, que tu n'es plus seule.

Un conseil : N'essayez pas de tout porter tout seul, vous aller y laisser votre peau.

INTELLIGENCE, AFFECTIVITÉ ET INSTINCTS

Le cerveau est la commande centrale qui exerce son influence sur le corps entier. Son fonctionnement, très complexe, permet l'adaptation à chaque situation en prenant compte les informations multiples qu'il reçoit à tout instant, que ces informations soient d'origine externe ou interne.

En résumé, le cerveau est un relais entre ce qui lui parvient (informations, reconnaissance, compréhension) et les leviers qu'il actionne pour bien répondre (motricité, modifications du fonctionnement du coeur, de la respiration, des hormones, etc.). Il harmonise les réponses en fonctions des messages reçus.

Il faut retenir que le cerveau est le chef d'orchestre qui dirige tous les instruments contenus dans l'organisme humain. On peut ainsi comprendre pourquoi, au cours de la dépression, tout l'organisme est concerné et que les troubles physiques les plus divers sont susceptibles d'accompagner la tristesse.

En fait, au cours de la dépression, le fonctionnement cérébral est comme globalement déréglé de façon plus ou moins intense. Ce dérèglement peut avoir des retentissements sur tout l'organisme : digestion, tension artérielle, sécrétion des hormones, transpiration, douleurs dans divers organes, etc.

Ainsi les signes de la dépression ne sont pas seulement psychiques mais aussi physiques; ils peuvent concerner toutes les fonctions vitales comme le sommeil, l'appétit et la sexualité.

Les capacités intellectuelles peuvent être altérées pendant les dépressions. L'intelligence n'est pas détruite mais engourdie, comme anesthésiée, ralentie, mais elle demeure en réalité intacte. Le déprimé retrouve ses performances intellectuelles après la guérison.

Pour beaucoup, la dépression serait une maladie de l'humeur. Celle-ci présenterait une dérive anormale vers le pôle de la tristesse qui submergerait le sujet. Alors, tout se colore au travers d'un voile plus ou moins opaque de tristesse et entraîne des pensées pessimistes, des évaluations de catastrophe, des visions péjoratives de soi. Dans cette perspective, le trouble de l'humeur détermine l'altération des fonctions intellectuelles et, notamment, du jugement.

Les fonctions instinctives, comme les fonctions intellectuelles et affectives, subissent des altérations plus ou moins intenses, lorsque le sujet se déprime. Souvent, la dépression modifie le sommeil, l'appétit et la sexualité.

Il convient de toujours envisager l'homme dans sa totalité et de savoir que les différentes fonctions psychiques qui le composent sont forcément entrelacées, véritablement solidaires. L'homme est tout à la fois pensée, affectivité et désir. Le naufrage de la dépression bouleverse toutes ces facettes du psychisme et retentit sur le physique.

QU'EST-CE QUE LA DÉPRESSION ?

La dépression est une maladie, bien plus grave que tous les états d'âme plus ou moins pénibles que nous ressentons inévitablement. C'est une énorme tristesse, sans commune mesure avec le cafard passager. Elle paralyse le goût de vivre, les possibilités d'agir et de penser. Elle détermine un bouleversement profond de la vie psychologique, du comportement et peut retentir sur le physique.

C'est une rupture qui tranche avec l'habituel, un état pathologique, une maladie véritable.

Dans la dépression, l'ampleur de la tristesse éprouvée semble engendrer le naufrage de la personnalité: les ressources apparaissent taries et les aptitudes détruites. C'est une maladie globale qui atteint toute la vie psychique, perturbe le comportement, le sommeil et l'appétit de façon importante et durable. On ne se reconnaît plus et les autres ne nous reconnaisse plus.

La dépression peut survenir sans cause apparente. Cependant, un incident qui survient peut avoir une répercussion émotionnelle parce que, inconsciemment, il rappelle autre chose sans que le malade l'identifie réellement.

Mais vous devez comprendre que cette résonance affective préjudiciable d'un fait banal se situe dans l'inconscient. Il blesse en quelque sorte la personne à son insu et engendre la dépression.

TRISTESSE, PIVOT DE LA DÉPRESSION

La dépression est une maladie de l'humeur. Dans celle-ci, la tristesse revêt une ampleur dévastatrice. Elle retentit sur toute l'existence de sujet; elle est véritablement anéantissante. Elle semble permanente, peu sensible à l'environnement et aux événements extérieurs, ce qui la distingue de la tristesse normale.

La dépression, en ce sens, est un changement radical dans le comportement du sujet, ses possibilités d'adaptation, sa manière de ressentir. « Je ne me reconnais plus » disent-ils. On se sent anéanti, sans énergie, ni envie, on ne comprend pas ce revirement d'autant plus qu'on a objectivement des raisons de bonheur.

LA NÉVROSE

Dans la névrose, la personnalité souffre mais elle n'est pas fondamentalement altérée dans son fonctionnement intellectuel et l'affectivité demeure adaptée.

La perception de la réalité extérieure est conservée. Le névrotique se sait malade et demande le recours médical.

Deux traits fondamentaux caractérisent la névrose :

- une personnalité immature, c'est-à-dire fragile, infantile, peu résistante face aux contraintes et aux frustrations;

- et une grande composante anxieuse.

LA DÉPRESSION NÉVROTIQUE

Toutes les névroses, par contre, semblent favoriser la dépression. Car les personnalités de base sont toujours fragiles, immatures, particulièrement sensibles aux frustrations et aux stress.

Quand la dépression se greffe sur la névrose, le tableau se modifie : la tristesse pathologique et ses conséquences infiltrent les signes névrotiques et changent l'allure de la maladie. On retrouve la notion de modification du comportement, de cassure dans le mode de vie qui définissent la dépression. La perception de la réalité extérieure demeure toujours intacte et le sujet a conscience de ses troubles et de leur aggravation: on parle de « dépression névrotique » pour bien signifier qu'il s'agit d'une dépression greffée sur une névrose qui l'a favorisée. Souvent, celle-ci survient à l'occasion d'une frustration, d'une contrariété, d'un désagrément, même mineurs.

LES VISAGES DE LA DÉPRESSION

« La dépression nerveuse n'est pas une maladie comme les autres, mais comme les autres, c'est une maladie ».

La dépression nerveuse atteint les sphères affective, intellectuelle et somatique. Généralement les symptômes affectifs sont dominants, mais ce n'est pas une règle absolue.

Apparaît aussi des difficultés de concentration, un manque d'envie, tout est pénible, rien ne nous distrait.

La tristesse du déprimé est pathologique car elle peut s'installer sans cause, car elle peut être sans proportion avec l'événement causal et, surtout, parce qu'elle persiste après la disparition de la cause. La façon de ressentir du déprimé n'oscillent plus, comme il est normal, entre la plaisir et le déplaisir, ou entre l'agréable et le désagréable; ils se figent durablement dans le négatif, le pénible, le douloureux.

L'humeur dépressive est peu sensible aux événements environnants, contrairement à l'humeur normale qui oscille sans cesse avec les circonstances.

Parallèlement le déprimé, concentré sur sa souffrance morale, ne s'intéresse plus à rien. Il n'a plus ni motivations, ni plaisirs. Cette indifférence englobe les proches, pour qui le déprimé ne ressent plus l'affection passée. Cette « anesthésie affective » est toujours vécue avec une immense culpabilité.

À la tristesse douloureuse s'ajoute de façon constante une perte de l'élan vital qui se traduit par un ralentissement des activités motrices et intellectuelles.

L'initiative paraît abolie. Toute activité s'effectue avec effort et lenteur. Le déprimé se sent accablé de fatigue.

Désintérêt apparent et fatigue se conjuguent pour freiner les opérations psychiques et motrices, voire les rendre impossibles.

« On pourrait dire que c'est l'appétit qui leur fait défaut, non le goût des choses ».

La compréhension semble obscurcie. Les souvenirs sont imprécis et leur évocation laborieuse. La concentration ou l'attention provoquée est pénible et fugace.

Tous les déprimés souffrent en proportion variables d'un ralentissement psychomoteur. Cependant, certains apparaissent plutôt agités. Tous les déprimés se plaignent de fatigue, de difficultés de concentration, de troubles de la mémoire, du sentiment d'avoir perdu leurs facultés intellectuelles.

ANXIÉTÉ OU ANGOISSE

L'anxiété peut s'accompagner de manifestations physiques (on parle alors d'angoisse), telles que striction de la gorge, serrement du thorax, palpitations, assèchement de la bouche, tension musculaire, douleurs de l'estomac, nausées, sensation de ballonnement, de spasmes coliques. Fréquemment sont aussi les douleurs au niveau du coeur, les difficultés à respirer, les tremblements, l'impression générale de fébrilité, les crampes.

L'angoisse et l'anxiété, dans la dépression, sont d'intensité variable d'un sujet à l'autre. Elles fluctuent aussi beaucoup au cours de la dépression, et même au cours de la journée.

TROUBLES DU CARACTÈRE

Ils sont fréquents et apparaissent souvent précocement. La bouderie, l'irritabilité, voire les colères, le refus, la violence, étonnent l'entourage qui ne connaissait pas le sujet sous cet aspect. Les troubles du caractère génèrent intolérance et malentendus puisqu'ils peuvent précéder, voire masquer, les autres signes de la dépression.

Certains déprimés, au contraire, apparaissent anormalement passifs, malléables, impassibles. Cette urbanité indifférente est une façon de tenir l'autre à distance de sa souffrance; elle est aussi un effet de l'accablement dépressif. Quelquefois l'effacement est recherché par le déprimé, convaincu qu'il ne mérite pas qu'autrui s'intéresse à lui. Certains, gravement déprimés, arboreront une gaieté feinte tout en ruminant de noirs projets.

LE SOMMEIL

Le sommeil est constamment affecté. L'insomnie est la règle, elle peut prendre plusieurs aspects.

- Le réveil au petit matin, « réveil précoce » vers 3 ou 4 heures avec appréhension de la journée à venir est tout à fait typique de la dépression.

- Parfois l'insomnie associe difficultés d'endormissement, réveils précoces, voire réveils dans la nuit, réduisant encore le temps de sommeil.

- Dans l'ensemble les déprimés ont un mauvais sommeil, perçu comme non réparateur. Même ceux qui dorment trop (car il y a des déprimés qui ont une hypersomnie) ne se sentent pas reposés au réveil.

LES TROUBLES DIGESTIFS

Les troubles digestifs sont dominés par la perte d'appétit presque constante. Il y a dégoût pour la nourriture. Généralement, il y a constipation, langue chargée, mauvaise haleine, difficulté de digestion.

LES TROUBLES DE LA SEXUALITÉ

Les troubles de la sexualité sont constants, d'intensités diverses; ils s'expriment par un désintérêt : frigidité chez la femme, majorant sa culpabilité.

LES AUTRES TROUBLES SOMATIQUES

Les autres troubles somatiques, sans support organique, qualifiés de «fonctionnel», sont variés.

Douleurs dans la nuque et la colonne vertébrale, maux de tête, vision floue, mouches devant les yeux, bourdonnements d'oreille, sont fréquents. De même s'observe volontiers une frilosité avec refroidissement des extrémités.

DÉPRESSIONS MODÉRÉES ET LÉGÈRES

L'état dépressif est une rupture avec la normale, il réalise un changement dans la vie du sujet qui ne peut plus éprouver de plaisir.

DÉPRESSIONS MODÉRÉES

Elle n'ont évidemment pas le caractère spectaculaire décrit dans les formes graves. Bien que les signes infiltrent toute l'existence du sujet, ils peuvent rester longtemps tapis dans le quotidien. Le sujet perçoit plus ou moins son malaise, mais comment en reconnaître la nature ? Tout naturellement, on évoque un événement causal, une conjoncture pour expliquer ce mal étrange. Généralement, on trouve une raison, parfois artificielle, souvent trompeuse; sinon, on cherche une maladie physique.

Tristesse, fatigue, angoisse, difficultés intellectuelles, manque d'entrain, bouderie, mauvais sommeil se retrouvent en partie, ou en totalité, à des degrés divers, dans les dépressions modérées. Tous ces symptômes n'apparaissent pas en même temps, certains sont difficiles à mettre en évidence.

LES SYMPTÔMES ET LES SIGNES

La tristesse : « Je pleure sans raison ». « Un rien me met la larme à l'oeil ».

La fatigue : La fatigue est constante. Elle a comme caractéristique d'être plus marquée le matin, au réveil que le soir. Le lever est terrible.

L'angoisse : « La sonnerie du téléphone me fait sursauter ». « Je me sens comme de l'électricité dans le corps ». « Je rumine ».

Les difficultés de concentration : Le déprimé n'arrive plus à fixer son attention. Il a perdu sa curiosité, l'envie comme la possibilité de se distraire. On peut encore constater le renoncement aux activités favorites.

La mauvaise humeur : Le déprimé ne supporte plus le bruit, les conversations le fatiguent, l'irritent, il apparaît boudeur, sans cesse perdu dans ses pensées. Il évite les autres. On ne le reconnaît plus et cependant on pense rarement au fait pathologique : la dépression. « Le bruit me rend fou ». « Je m'agace pour un rien ». « Je suis devenu coléreux ».

Le sommeil : Le sommeil est changé, lui aussi. Même dans les cas d'hypersomnie, ce n'est jamais un repos véritable.

L'appétit : L'appétit est souvent réduit, le plaisir de manger a disparu. Le grignotage, est perçu comme une compensation malheureuse. Spasmes, coliques, nausées, constipation, mais aussi maux de tête, vertiges, palpitations, etc. illustrent l'état de malaise général.

La sexualité : La sexualité est en sommeil : PAS DE DÉSIRS.

Mais de légère ou modérée, elle peut s'aggraver et s'inscrire dans un drame plus douloureux. Voilà pourquoi tout changement durable dans la manière de percevoir la vie ou dans la façon de se ressentir doit faire poser la question d'une dépression.

« On n'est pas compris ».
« On ne se comprend pas soi-même ».
« Il faut l'avoir vécue pour comprendre ».
« Plus jamais ça ».

 

SYNDROMES ANXIO-DÉPRESSIFS ET RÉACTIONS DÉPRESSIVES

LES SYNDROMES ANXIO-DÉPRESSIFS

On y retrouve fréquemment des troubles antérieurs de la personnalité, avec une humeur changeante et une grande instabilité émotionnelle. Il s'agit de personnes fragiles, aux réactions excessives, tolérant mal tout sentiment d'abandon ou de rejet.

Le syndrome anxio-dépressif s'installe en plusieurs semaines, en règle générale; on ne retrouve pas toujours de véritable cause.

Les signes de dépression tournent autour des sentiments de solitude, d'incompréhension et d'inutilité. Le sujet a conscience de son caractère compliqué et imprévisible, et, en même temps, il reproche à l'entourage son manque de compréhension et de sollicitude. Il n'y a pas de culpabilité mais culpabilisation d'autrui. Ils se plaignent du manque « d'effort » de l'entourage, de son aide défaillante, de son insensibilité vis-à-vis d'un « état si pénible ».

La fatigue peut-être extrême. La sexualité est constamment affectée. Le sommeil est perturbé. Dans ce contexte, les gestes suicidaires sont fréquents et répétés.

ACTIONS DÉPRESSIVES

Elles surviennent à la suite d'un événement traumatisant : deuil, séparation, déception, frustration.

La détresse est aiguë, les pleurs abondants. En même temps le sujet apparaît indifférent à tout ce qui ne concerne pas sa perte. Contrairement aux dépressions majeures, il n'y a pas de culpabilité; le sujet est sensible aux propos réconfortants et aux marques d'attention de l'entourage. Cela peut se prolonger des mois.

Tout le monde peut faire une réaction dépressive, cela dépend notamment de la gravité du facteur déclenchant et de sa valeur symbolique pour chaque sujet. Cependant les personnalités fragiles, plus vulnérables aux sentiments d'abandon ou de frustration, sont plus susceptibles de développer cette pathologie.

« On ne me comprend pas ».
« Mon médecin ne me prend pas au sérieux ».
« Je fais tout pour eux, ils sont ingrats ».
« Ils comprendront quand je ne serai plus là ».
« Mon mari et mes enfants seraient mieux sans moi ».
« Aidez-moi, je vous en supplie ».

DÉPRESSIONS MASQUÉES

Ce terme désigne les syndromes dépressifs qui sont larvés et cachés derrière des signes trompeurs et imprécis. Le patient ne se plaint pas de dépression mais de divers troubles physiques qui égarent longtemps le diagnostic.

La disparition des symptômes, sous l'effet d'un traitement anti-dépresseur, est un argument en faveur de la dépression, mais il n'est pas formel car les médicaments antidépresseurs ont d'autres propriétés thérapeutiques.

La dépression peut être masquée derrière un symptôme isolé mais peu spécifique à la dépression. Ainsi le sujet se plaint de fatigue, ou de troubles du sommeil ou encore de difficultés sexuelles. Il ne se dit et ne se sent pas triste. Le diagnostic de dépression le surprendra.

Les céphalées, les douleurs lombaires, les troubles digestifs, les palpitations, les douleurs génito-urinaires, les crampes et sensations de fourmillements, peuvent être pendant longtemps le seul symptôme apparent. Ils entraînent une longue et pénible errance de spécialiste en spécialiste. Le soulagement de ces pénibles symptômes par des antidépresseurs et une psychothérapie est souvent spectaculaire.

La dépression peut se cacher longtemps derrière des troubles de caractère : bouderie, impatience, irritabilité, émotivité excessive, agressivité. La consultation est tardive et intervient quand le sujet est confronté à une complication de sa dépression, telle que alcoolisme, problème conjugal ou difficultés professionnelles.

L'EXISTENCE DE DÉPRESSIONS MASQUÉES DÉMONTRE QU'IL N'EST PAS NÉCESSAIRE DE SE SENTIR TRISTE POUR ÊTRE DÉPRIMÉ.

CIRCONSTANCES DE SURVENUE DE LA DÉPRESSION

Le sujet cherche toujours une cause à sa dépression. « Je ne comprends pas, moi qui traversé tant d'épreuves ».

D'ordinaire, l'événement ou l'incident fait vivre des sentiments d'abandon ou de rejet à une personnalité fragile. Il peut aussi réactualiser des souvenirs anciens pénibles. Le naufrage dépressif résulte de la valeur symbolique de l'événement intervenant chez une personnalité prédisposée. En règle générale, l'événement invoqué est relatif à un manquement d'un proche engendrant insécurité, sentiment d'injustice ou surtout d'abandon.

Ce type de dépression s'observe chez les sujets porteurs de personnalités immatures névrotiques.

Un événement apparemment heureux peut aussi provoquer une rupture dépressive. Ainsi le sujet perfectionniste, doutant de lui et des choses, scrupuleux, vérifiant sans cesse pour éviter toute erreur, s'épuisant dans sa méticulosité, peut-il se réjouir d'une promotion? À peine celle-ci est-elle intervenue qu'il se trouve débordé, plus anxieux que jamais, convaincu de ne pouvoir faire face à ses nouvelles fonctions. Un événement heureux a donc provoqué une dépression.

DÉPRESSION D'ÉPUISEMENT

Elle atteint le plus souvent les sujets réputés « forts ». Le surmenage est d'autant plus dangereux qu'il s'accompagne d'une certaine euphorie pendant un temps. Insensiblement, le sujet réduit son sommeil, s'étonne et se réjouit de pouvoir travailler autant.

Mais en même temps que disparaît la sensation de fatigue surviennent des signes qui devraient alarmer : susceptibilité, irritabilité, troubles de la concentration et de la mémoire. Le sujet se prend à douter de lui.

Puis apparaîtront angoisse, tristesse, troubles du sommeil, épuisement mental et physique.

La dépression d'épuisement est fréquente. Elle se rencontre aussi bien chez la mère de famille qui, après une journée de travail, doit assumer les charges de la maison et de la famille.

Souvent, les proches pensent que nous exagérons.

FACTEURS PRÉDISPOSANT

Certains traumatismes lointains, comme la perte d'un parent, la mésentente parentale, la séparation d'avec le milieu familial, une carence affective dans l'enfance, semblent rendre définitivement vulnérables certains sujets.

Ils ne se déprimeront pas inéluctablement mais plus facilement, à l'occasion des vicissitudes de la vie.

LA DÉPRESSION EST RÉELLEMENT TRÈS FRÉQUENTE

Une personne sur dix aura une dépression au cours de sa vie. Chacun de nous a eu, a ou aura un ou plusieurs déprimés dans son entourage.

LES CAUSES DE LA DÉPRESSION

L'affirmation suivante peut paraître paradoxale : les causes de la dépression sont variées mais inconnues. Les travaux de recherches concernent de nombreux secteurs : les déprimés, leur famille, leur milieu, les événements anciens ou récents qui ont émaillé leur vie. De nombreuses causes sont aussi suspectées :

HÉRÉDITAIRES - en rapport avec le patrimoine génétique hérité des parents : cela est particulièrement évident dans certaines familles maniaco-dépressives.

EXISTENTIELLES : L'observation des faits traumatiques précédent la dépression est connue depuis longtemps. Un stress ou agression psychologique précède souvent la dépression, qui est une conséquence apparemment logique. Les enquêtes ont démontrés le bien fondé de cette hypothèse. Mais il faut tenir compte aussi des événements passés qui fragilisent.

FONCTIONNELLES : Le cerveau peut être comparé à un ordinateur qui reçoit les informations, et les traite avec objectivité en fonction des connaissances acquises. Pour une raison mal déterminées, il se met à mal fonctionner : il privilégie les mauvaises nouvelles. Alors, le sujet, submergé d'informations désagréables, s'attriste. C'est le processus sous-entendant le fonctionnement intellectuel : attention, réception des informations, compréhension, synthèse, jugement, mémoire.

Chaque dépression peut avoir plusieurs causes. Elle peut se retrouver dans une famille ayant une lourde hérédité dépressive; d'autres présentent une rupture dépressive à la suite d'un événement néfaste ou d'une situation de contrainte; cela peut être la perte d'un conjoint. En fait, un individu est plus ou moins capable de réagir à un traumatisme dépendamment du moment où il survient.

Bien que la dépression apparaisse grave, la personnalité peut-être considérée comme normale, après sa guérison.

LE TRAITEMENT : UN COMBAT

Le traitement de la dépression est un combat qui se mène à deux, le malade et son médecin, aidé de l'entourage. Le médecin propose une stratégie à laquelle le patient doit adhérer, et au fil du temps, les deux protagonistes auront à régler des problèmes tactiques. Une dépression doit guérir, c'est-à-dire que le sujet doit avoir le sentiment d'être revenu à l'état antérieur à sa maladie.

Quelquefois, des mesures d'urgence peuvent s'imposer, telle une hospitalisation. Quelquefois le malade, et plus souvent les bien-portants, ne comprennent pas la nécessité du traitement, considérant que « tout est dans la tête ». Faut-il rappeler que « la tête » représente environ 1/60ième du poids du corps ? Sans engager de grandes joutes sur les origines de la dépression, on a vu que le cerveau est impliqué lui aussi. Comme tout organe, il connaît ses « ratés » ou dysfonctionnements. À ce titre, il nécessite des agents médicamenteux.

Bien sûr, la dépression peut guérir spontanément, mais on ne sait pas après combien de mois, voire d'années, de souffrance, sans compter les conséquences désastreuses sur la vie familiale, professionnelle et sociale. Il faut donc une intervention extérieure qui, agissant sur le cerveau, peut relever l'humeur dépressive. Action essentielle mais non suffisante : le traitement psychologique est présent à toutes les phases du combat.

LE MALADE

Le plus souvent, le malade s'annonce incapable de tout effort. Cependant, il est quelque peu soulagé de découvrir que la souffrance qu'il porte depuis des mois a un nom : dépression. Avec l'aide de son médecin, il se sent pris en charge et prêt à tenter ce qui est une aventure pour lui. En effet, pendant plusieurs mois, il va falloir prendre des médicaments, il va falloir voir le médecin.

L'ENTOURAGE

La qualité de l'entourage pèse de façon déterminante sur l'évolution. Malheureusement, l'hospitalisation peut être rendue nécessaire du fait de l'hostilité ou de l'intolérance de l'entourage.

Avec l'accord du patient seulement, le conjoint peut participer aux consultations. Mais si il demande un entretien confidentiel, le médecin l'évitera, tout doit pouvoir être dit devant le déprimé.

VIVRE AVEC UN DÉPRIMÉ : 20 RÈGLES D'OR

Ne pas nier l'évidence : il est malade;

Savoir qu'il va guérir;

Ne pas s'énerver de sa lenteur;

Comprendre que son irritabilité est liée à son état;

N'être pas soupçonneux parce qu'il est mieux (ou moins mal) le soir;

Ce qui est bon pour vous ne l'est pas nécessairement pour lui;

Le stimuler n'est pas le bousculer;

Accepter de ne plus recevoir d'amis pendant un temps;

Ce n'est pas parce qu'il parle du suicide qu'il ne le fera pas;

Être présent mais pas pesant;

Un déprimé ne s'oppose jamais à sa guérison;

Ne pas lui faire de chantage affectif, toujours mal ressenti;

Lui rappeler que « ça » va guérir;

Participer au traitement sans faire d'autoritarisme;

C'est dur pour vous mais tellement plus pour lui;

Ne pas se croire coupable de son état;

Savoir interroger le médecin après accord du déprimé;

Vous réserver un peu de temps pour vous, car c'est « dur à supporter »;

Limiter les erreurs: c'est vous laisser guider par le bon sens et l'affection;

Garder confiance.

LE MAL DE VIVRE

- Avez-vous de la difficulté à respirer par le nez de façon chronique ?

- Avez-vous vécu un sentiment d'abandon à cause d'un séjour à l'hôpital dans votre enfance ?

- Avez-vous vécu un sentiment d'impuissance devant la souffrance d'un être qui vous était cher, comme votre mère, père, frère ou soeur ?

- Avez-vous déjà fait une pneumonie ?

- Avez-vous grandi dans un climat de critique, d'accumulation ou de violence ?

Le mal de vivre est en étroite relation avec les carences affectives et les traumatismes vécus à l'état foetal ainsi que dans l'enfance.

Donnez-vous le droit de vivre et d'être heureuse même si votre mère a connue la souffrance.

Posez votre propre regard sur vous, arrêtez de vous regarder selon le regard ou les remarques des autres. Apprenez à être fier de ce que vous êtes.

Il peut être nécessaire de vivre une nouvelle naissance. Demander l'aide de thérapeutes.

 

 

 



 

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