Noël arrivait à
grands pas. Les
enfants de la
famille Dupont ne
tenaient plus en
place. Encore un
jour, et leurs
cousins et cousines,
oncles et tantes, et
surtout le père Noël
viendraient chez eux
pour célébrer la
grande Fête et
recevoir plein de
cadeaux.
Hélas, au cours de
cet après-midi de la
veille de Noël, une
terrible épreuve
vint assombrir leur
joie. Au moment même
où leur mère
entrouvrait la porte
d’entrée avec les
bras remplis de sacs
d’épicerie, leur
chat Coquin en
profita pour se
faufiler dans le
portique et s'enfuir
à l’extérieur.
Quoi ? Coquin avait
disparu dehors, lui
qui n’avait pas le
droit de sortir ?
Leur chat était un
chat d’intérieur,
car il n’avait plus
de griffes pour se
défendre advenant le
cas où un méchant
chien ou un
écureuil, ou pire,
un raton laveur
l’attaqueraient. À
vrai dire, jamais de
sa vie, il n’avait
quitté la maison.
Tous s’énervèrent et
les plus jeunes
commencèrent à
pleurer. Ah ! mon
Dieu ! Il fallait le
retrouver au plus
vite avant qu’il ne
se perde !
Les enfants
s’habillèrent en
vitesse et partirent
aussitôt à sa
recherche. Même la
maman se joignit à
eux afin de le
ramener. Elle criait
aussi fort que les
enfants :
― Coquin ! Coquin
! Viens-t-en, mon
p’tit chat.
On l’appela et
regarda partout,
mais le cher minou
avait complètement
disparu. On fouilla
tous les recoins du
voisinage, devant et
derrière chacune des
maisons, on observa
chaque clôture,
chaque détour et
même le champ où se
terminait la rue.
Rien ! Pas de Coquin
! Quand il commença
à neiger, la maman
se montra
curieusement
contente.
― C’est tant mieux,
dit-elle, Coquin
laissera des
empreintes sur la
neige avec ses
pattes et cela va
nous aider à le
repérer.
Malheureusement,
aucune trace
n’apparut quand la
noirceur envahit le
paysage, en fin de
journée. Après le
souper, ce fut au
tour du papa de
faire lui aussi une
tournée dehors,
mais, comme les
autres, il n’aperçut
pas le fameux chat.
Les enfants se
couchèrent en
pleurant, ce
soir-là, oubliant
que le jour suivant,
c’était Noël. Ils ne
pensaient plus qu’à
leur pauvre Coquin,
sans doute perdu,
affamé et tremblant
de peur et de froid.
Le lendemain matin
ne leur apporta
guère de consolation
puisqu’ils ne
trouvèrent aucune
marque du passage de
leur petit trésor
sur la neige.
La venue des invités
leur changea
temporairement les
idées et surtout,
une heure plus tard,
l’arrivée du père
Noël tout souriant,
avec sa grosse poche
de cadeaux sur
l’épaule, frappant
sur la porte-patio
située à l’arrière
de la maison.
― Eh ! Il y a des
enfants sages, ici ?
― Bonjour père Noël
! Bienvenue chez
nous ! Entrez,
voyons !
― Ho! Ho! Ho!
Bonjour tout le
monde ! Quelqu’un
a-t-il remarqué le
magnifique chat qui
ne cesse de faire le
tour de votre
piscine en fixant
étrangement le fond
?
― Quoi ! Un chat ?
Oh !...
Tous se
précipitèrent à la
porte et s’écrièrent
en chœur :
― C’est Coquin,
c’est notre minou !
Il est revenu ! Mais
que fait-il à
tourner en rond
autour de la piscine
?
― Attendez, je vais
aller vous le
chercher, répondit
le père Noël.
Il revint, quelques
instants plus tard,
sans le chat qui ne
cessait de
s’éloigner à l’autre
bout de la cour,
apeuré par ce gros
inconnu à la barbe
blanche et
entièrement vêtu de
rouge.
― Il y a un
problème, affirma le
père Noël. J’ai vu
une souris sans
connaissance sur un
morceau de glace au
beau milieu de la
piscine. Votre père
a dû baisser le
niveau d’eau très
bas pour l’hiver,
n’est-ce pas ? Cette
eau est maintenant
gelée. La souris a
dû tomber au fond de
la piscine, sur la
surface glacée, et
elle est sans doute
incapable de se
sauver, les parois
étant trop hautes
pour qu’elle puisse
sauter par terre à
l’extérieur. Quand
elle m’a aperçu, la
pauvre petite bête
s’est réveillée et
n’a cessé de
trembler de peur que
le chat ne décide de
descendre lui aussi
dans la piscine pour
la manger.
Heureusement, votre
Coquin n’est pas
fou, il n’ose pas se
lancer sur la glace
pour l’attraper, car
lui non plus ne
pourrait
probablement pas se
sortir de là à cause
des côtés trop
élevés.
― C’est épouvantable
! s’écria l’un des
garçons.
Qu’allons-nous
faire, père Noël ?
― J’ai une idée,
répondit le vieux
bonhomme.
S’adressant à madame
Dupont, il lui
demanda un morceau
de fromage, puis il
pria les enfants de
l’accompagner à
l’extérieur pour
l’aider tout d’abord
à ramener le chat
dans la maison. Au
grand soulagement de
tous, Coquin
reconnaissant
soudain ses amis,
répondit à leur
appel et s’en vint
tout content se
jeter dans les bras
de l’aîné, Matthieu,
qui le fit entrer
immédiatement dans
la cuisine et le
remit à sa mère sans
oublier de refermer
la porte.
Une fois le chat
bien en sécurité, le
père Noël fixa le
morceau de fromage
sur le haut de son
énorme poche de
cadeaux et entreprit
de descendre le sac
au-dessus de la
glace, au fond de la
piscine.
― Viens-t-en, ma
petite souris, monte
le long de mon sac
et vient chercher le
fromage. C’est notre
cadeau de Noël pour
toi.
La souris, morte de
faim, n’hésita pas
une seconde et
s’agrippa solidement
au tissu du sac pour
venir s’emparer du
fromage, puis elle
tomba dans la poche
du père Noël qui
s’empressa de la
remonter hors de la
piscine.
En compagnie des
enfants, il déposa
délicatement le sac
par terre dans un
champ situé tout
près. La souris en
sortit et déguerpit
à toute vitesse, non
sans avoir dévoré le
bout de fromage. Le
père Noël lui laissa
alors sa tuque pour
qu’elle puisse
dormir bien au chaud
et, cette fois, en
sécurité.
Tous revinrent à la
maison en affichant
un grand sourire,
les enfants heureux
de retrouver leur
cher Coquin. Le père
Noël, lui, se
sentait non
seulement content
d’avoir sauvé la vie
et redonné la
liberté à une petite
souris, mais surtout
d’avoir allumé des
lumières bien
spéciales dans les
yeux des enfants en
ramenant leur chat.
Pendant la
distribution des
cadeaux, Coquin,
après avoir vidé le
grand plat de lait
que la maman lui
avait versé, s’en
fut auprès des
enfants et reçut
leurs caresses en
ronronnant. Puis il
s’endormit en rêvant
aux souris.
Joyeux Noël à tous
et
Bonne année
Auteure : Micheline
Duff
Conte 2017
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