Le dernier jour avant la
veille de Noël, le père Noël, débordé, lui dit alors, sur un ton très
fâché : ― Va-t’en réfléchir dans
le coin, méchant lutin ! Pour ta punition, tu ne viendras pas avec nous
dans le traîneau, durant la nuit de Noël, pour distribuer les cadeaux. Le lutin Grincheux fit
une grimace. La nuit suivante, pour se venger pendant que tout le monde
dormait, il se mit à lancer avec rage plein de cadeaux sur la colline,
située derrière l’atelier. ― Tant pis ! dit-il, ils
n’auront qu’à les chercher et à les trouver, leurs satanés cadeaux ! Puis, il alla se coucher
et s’endormit aussitôt. Au beau milieu de la nuit, survint au Pôle Nord
une puissante tempête avec de grands vents et des rafales de neige. En
peu de temps, tous les cadeaux lancés par le lutin Grincheux sur la
colline furent ensevelis sous la neige. On ne pouvait en voir aucun. Le lendemain après-midi,
comme c’était la veille de Noël, les préparatifs de la fête allaient bon
train. Le père Noël vérifia si toutes les étrennes se trouvaient dans le
traîneau. Soudain, il se gratta la barbe, pas content du tout. ― Ah non ! s’écria-t-il,
il en manque plusieurs ! Au moins dix cadeaux ont disparu ! Cela
veut-dire qu’au moins dix enfants sages ne recevront pas de surprise à
Noël… Que se passe-t-il donc ? Qu’allons-nous faire ? Évidemment, Grincheux se
garda bien de se vanter de son mauvais coup de la veille et préféra se
taire. On se mit alors à chercher les cadeaux partout, dans les
armoires, sous les tablettes, et même dans le garage derrière l’atelier.
Rien ! On ne trouva rien. Le père Noël semblait découragé. Tout le monde se sentait
fatigué sauf le petit lutin Coquin, plein de vie, qui avait bien envie
d’aller glisser une heure ou deux avec ses amis dans la belle côte
enneigée derrière l’atelier. ― S’il vous plaît, père
Noël, laissez-nous le temps d’aller glisser sur la colline, cet
après-midi, avant le grand départ sur le traîneau. Cela va faire du bien
à tous les lutins qui devront travailler très fort durant toute la nuit.
Il fait si beau et c’est plein de belle neige. ― Allez-y, mais pas trop
longtemps, répondit le père Noël, car on doit partir tôt. Les lutins s’en
donnèrent à cœur joie sur la côte. Le cher Coquin, lui, allait si vite
qu’à un moment donné, il fut projeté hors de son traîneau et se mit à
dévaler la pente en roulant sur lui-même. Heureusement, il s’arrêta net
sur une énorme bosse de neige qui lui parut très bizarre. Il crut
d’abord qu’il s’agissait d’une grosse roche, mais il aperçut du ruban
brillant qui dépassait. Quoi ? Une roche attachée avec du ruban brillant
? Il commença alors à
enlever le neige tout autour et s’aperçut bientôt qu’il s’agissait d’une
boîte enveloppée de papier vert et décorée d’un beau ruban brillant. Et,
à côté de la boîte, il découvrit plein d’autres cadeaux. Juste ciel ! Il
venait de retrouver les étrennes perdues ! Il s’empressa d’aller confier
la bonne nouvelle au père Noël. Ce dernier fut si content qu’il lui
offrit, non pas une mais deux tablettes de chocolat. Cependant, sachant bien
que tout cela était dû à une bêtise de Grincheux, il se mit à rire : Ho!
Ho! Ho! Puis, il envoya le méchant lutin dans sa chambre et lui ordonna
d’y rester jusqu’au lendemain de Noël. ― Tu ne mérites rien
d’autre, petit vlimeux ! Ce soir-là, dès que le
soleil eut disparu derrière la colline, le traîneau du père Noël s’éleva
dans le ciel à toute vitesse, rempli de cadeaux, de lutins joyeux et
d’un père Noël très souriant. Seul le lutin Grincheux resta au pôle
Nord, toujours en pénitence. Du haut du ciel, Coquin l’entendit pleurer
et, à travers un nuage, il lui envoya l’une de ses tablettes de
chocolat. Puis, il vint trouver le père Noël assis à l’avant du
traîneau. ― Père Noël, il ne faut
pas laisser Grincheux pleurer comme ça ! Pourquoi ne pas lui pardonner ?
Après tout, Noël, c’est la fête de l’amour ! ― Tu as raison, mon
garçon, il faut lui pardonner. J’étais trop occupé pour y songer. Bon,
allons le chercher. Le traîneau fit
demi-tour en dessinant un large cercle dans le ciel et revint atterrir
au pôle Nord. Grincheux n’en crut pas ses yeux en voyant le père Noël
lui faire signe de monter à bord. ― Allez, viens vite !
Mais tu as besoin de te montrer plus sage, dorénavant. ― C’est promis, père
Noël. Je vais devenir le plus sage des lutins et gentil comme mon ami
Coquin. À partir de ce jour,
Grincheux devint un lutin fort gentil que tout le monde surnomma
Grincheux le Vertueux. Micheline Duff
Source : Micheline
Duff
J'ai reçu l'aimable
autorisation de Madame Duff de publier ses
contes
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