Nous allons vous raconter l'histoire de
Bernie, cet oiseau qui avait peur de
voler. Nous voulons vous narrer comment
ça s'est passé, parce que c'est une
histoire merveilleuse que tout le monde
connaît au pays des oiseaux. Tous les
oiseaux s'en souviennent d'ailleurs.
Bernie avait grandi dans un nid très
haut perché. Peut-être savez-vous
comment les oiseaux apprennent à voler ?
C'est plutôt spectaculaire, et ça fait
peur, aussi ! Quand les enfants oiseaux
sont prêts, maman et papa oiseaux les
poussent hors du nid au moment où ils ne
s'y attendent pas ! Le saviez-vous ? Les
oiseaux tombent tout naturellement, mais
très vite ils savent qu'ils doivent
étendre leurs ailes, commencer à battre
des ailes. Et lorsqu'ils le font,
soudain le vent se met à les soulever
et, hop les voilà en train de monter !
C'est un peu dur de tomber jusqu'au
moment d'étendre les ailes pour voler,
mais maman et papa oiseaux ne peuvent
pas leur apprendre à voler quand ils
sont dans le nid. Pensez-y un peu ! On
ne peut pas vraiment voler dans un petit
nid !
Mais Bernie ne voulait rien savoir de
tout ça. Il avait vu sa soeur, au moment
où on l'avait poussée hors du nid très
tôt un matin, et il l'avait regardée
tomber, tomber, tomber, et encore
tomber. Mais à la toute dernière
seconde, elle avait déployé ses ailes et
s'était mise à battre des ailes comme
une désespérée. Finalement, elle s'était
envolée ! Mais Bernie avait eu
l'impression qu'avant de savoir quoi
faire, elle avait failli s'écraser au
sol, et il avait pris peur. Il ne
voulait pas entendre parler de voler !
Il se disait, « Je ne vois pas pourquoi
je devrais voler ! Il y a quelque chose
qui ne va pas, dans toute cette
histoire. »
Bernie arriva à convaincre son frère
Bobbie que tout ça, c'était stupide.
Bobbie non plus ne voulait pas apprendre
à voler, alors il alla en parler à sa
maman. Il lui annonça qu'il ne voulait
pas voler parce qu'il avait peur et
qu'en fait il n'en avait vraiment pas
besoin, parce que dans le nid, c'était
chouette, et que c'est là qu'il voulait
rester ! Sa maman le regarda bien dans
les yeux, puis aussitôt le poussa hors
du nid ! Bobbie tomba, tomba, et juste
au bout de la chute, il ouvrit les
ailes, puis battit des ailes encore et
encore, et prit enfin son essor.
Bernie avait tout vu. Il était le plus
jeune, ayant éclos au moins deux minutes
après tous les autres, et il savait
qu'il serait le prochain à devoir
apprendre. Il se disait : « Tant pis si
mon frère et ma soeur ont vécu ça !
Personne ne me poussera hors du nid
parce que je n'ai pas besoin de voler.
Ce n'est pas pour moi ! » Il dû mijoter
un plan.
Une nuit où tout le monde dormait, il
trouva une ficelle. C'était quelque
chose que papa avait apporté dans le nid
pour le consolider. Parfois, lorsqu'on
construit un nid, on utilise toutes
sortes de matériaux pour le renforcer,
et Bernie avait trouvé une ficelle au
milieu des branchages et des pailles
dont était fait le nid. Il décida
d'attacher un bout de cette ficelle à sa
patte, et l'autre bout à une partie
solide du nid : Ainsi, quand sa maman le
pousserait hors du nid au moment le plus
inattendu, il ne tomberait que de
quelques centimètres et cela le
sauverait de la chute. Hi ! Hi ! C'était
un bon plan !
Le problème, c'est que Bernie n'était
jamais allé à un camp scout pour
oiseaux. Alors il ne savait pas bien
faire les noeuds d'oiseaux ! Du mieux
qu'il put, il fit un noeud qu'il pensait
solide et qu'il s'arrangeait pour cacher
en faisant toujours face à sa maman
lorsqu'elle s'approchait. Bien sûr, la
nuit suivante, pendant qu'il dormait, sa
mère le poussa hors du nid !
Ça a marché ! Il passa par-dessus bord,
et la ficelle tint bon. Il était là,
suspendu à quelques centimètres dans les
airs. Il faisait plutôt sombre, et
maman, pensant que son Bernie était en
train d'apprendre à battre des ailes et
à voler, se recoucha. Bernie resta
suspendu en silence, se pensant très
brillant. À l'aide de son bec, il grimpa
le long de la ficelle et retrouva sa
place toute chaude dans le nid. Il était
si heureux de n'avoir pas eu à tomber et
à voler comme son frère et sa soeur !
Puis il se rendormit.
Le lendemain matin, quand sa maman se
réveilla, elle le vit encore dans le
nid, avec la ficelle et tout, et lui
demanda : « Bernie, qu'est-ce que tu
fais ici ? » De son bec, elle montrait
la ficelle qu'il avait oublié d'enlever
de sa patte, et elle était fâchée. « Je
crois qu'il est grand temps que papa
s'en mêle, s'exclama-t-elle. Tu vas
l'entendre ! »
Bernie se disait : « Quel idiot ! J'ai
oublié d'enlever la ficelle !
Maintenant, c'est papa qui va s'en
mêler. Sapristi ! »
Eh oui ! Finalement, papa revint au nid.
C'était un très grand oiseau couvert de
nombreuses plumes. Il lui faisait un peu
peur à cause de sa taille. Mais c'était
un bon père très aimant, et il demanda à
Bernie : « Alors, qu'est-ce qui se passe
? Tous les oiseaux volent, tu n'as qu'à
regarder autour de toi ! Tout le monde
vole. C'est ça être un oiseau ! Et tu
dois apprendre ! Pourquoi ne veux-tu pas
voler ? Pourquoi ? »
Bernie réfléchit un instant et répondit
: « J'ai peur, papa. »
« Pourquoi as-tu peur ? » lui demanda
son père. « Regarde ta soeur, ton frère,
ta maman et moi, nous volons tous. Jette
un coup d'oeil alentour ! Tes amis
volent... Les oiseaux volent, Bernie, et
tu es un oiseau. »
« J'ai peur, papa, parce que là, il n'y
a rien ! Tu parles de l'air qui est
censé soulever nos ailes. Il est
invisible. Et puis, ça risque de rater !
As-tu vu mon frère et ma soeur, quand
ils sont tombés ? Il s'en est fallu de
peu qu'ils ne se tuent ! »
Son père réfléchit un instant. « Même si
tu ne peux pas voir l'air, Bernie, il
passera sous tes ailes. Tout ce que tu
as à faire, c'est de les déployer
pendant que tu descends, et l'air va te
ramasser. C'est ainsi que nous faisons
tous pour voler. C'est invisible, mais
ça existe vraiment. »
Bernie répliqua : « C'est juste de la
magie. On ne peut pas voir l'air, tu ne
peux pas affirmer qu'il y a de l'air,
parce que tu ne peux pas le voir. Il
n'est pas là. Peut-être bien que la
magie, ça marche pour toi, pour maman,
pour mon frère et ma soeur, mais moi, il
faut que je le voie avant de pouvoir y
croire. L'air est invisible. Comment
puis-je savoir que tu n'es pas en train
de me jouer un tour ? Je ne sais pas
comment vous volez, mais l'air, ça
n'existe pas, parce que je ne peux pas
le voir. »
Bernie fit une pause, puis continua. «
Papa, voilà ce que j'ai trouvé. Regarde,
pourquoi faut-il que je vole ? J'ai
envie de créer une nouvelle espèce
d'oiseaux qui s'appellerait
l'oiseau-marcheur. (rires) Pourquoi
faut-il que je sois comme tout le monde
? J'aurai une vie agréable. Je
descendrai en marchant le long du tronc
d'arbre, je trouverai les vers de terre,
puis je remonterai au faîte de l'arbre.
J'aurai une vie agréable. Quelque part,
je me trouverai une femme
oiseau-marcheur et nous aurons des
enfants oiseaux- marcheurs. Une nouvelle
espèce naîtra. Un jour, ils regarderont
en arrière et proclameront : « C'était
le commencement de la grande espèce
nommée l'oiseau-marcheur. »
Le père de Bernie le regarda pendant
très longtemps. Il marmonna tout bas, «
Oiseau-marcheur ? » Il roula des yeux et
dit : « D'accord, Bernie, j'ai
l'impression qu'il est temps que Sigg
t'examine. »
« Qui c'est, Sigg ? » demanda Bernie
après une hésitation.
« Eh bien, c'est le docteur spécialiste
du cerveau chez les oiseaux. (rires)
Nous allons devoir aller le chercher
pour qu'il te voie. Mais, Bernie,
l'oiseau docteur du cerveau est très
susceptible. Quand il viendra, ne
l'appelle pas "docteur Cervelle
d'oiseau" ! (rires) Fais attention de
bien l'appeler Monsieur l'Oiseau,
docteur du cerveau. Aucun docteur ne
veut qu'on l'appelle, docteur Cervelle
d'oiseau. » (rires)
« Papa, ça m'est égal ce que le docteur
Sigg va me dire. Personne ne peut me
convaincre que l'air existe pour vrai.
Je ne peux pas le voir. »
Alors, tout arriva. Au beau milieu de la
nuit, une fois Bernie endormi, sa mère
s'approcha de lui sans faire de bruit
et, tout doucement, rongea la ficelle
qu'il portait encore pour être en
sécurité. Puis elle le poussa hors du
nid ! Tout s'est passé très vite ! Il
tombait, tombait, et c'était une
expérience horrible ! Il était terrifié
et se sentait glacé d'effroi. Il
regardait défiler près de lui l'écorce
de l'arbre et voyait le sol filer vers
lui à toute allure. Il se disait : « Je
dois déployer mes ailes, mais je ne
crois pas à l'air. Je ne peux pas y
croire parce que ce n'est pas réel; je
ne peux pas le voir. Je ne peux pas y
arriver ! »
Effectivement, comme prévu, il ne
déploya pas ses ailes, piquant droit
vers le sol, sachant qu'il allait se
retrouver bec le premier et finir
enfoncé comme un piquet... Les pattes
pointées en l'air ! Il allait finir sa
vie pétrifié, le bec planté dans la
terre. Personne ne serait capable de le
sortir de sa fâcheuse position, et il
deviendrait une statue dans le parc. Il
était bien au courant de ce que les
oiseaux faisaient aux statues d'humains
dans les parcs, et il ne pouvait
s'empêcher de se demander ce que les
humains feraient à une statue d'oiseau !
Soudain, Bernie se réveilla. Ce n'était
qu'un rêve ! (rires)Quel cauchemar ! Hum
! Hum !
Le matin suivant, Bernie se réveilla
comme d'habitude. Effectivement, Sigg,
l'oiseau docteur du cerveau, était là.
Il était bien à l'heure.
« Bonjour, Bernie », lança-t-il.
« Bonjour, monsieur le docteur Cervelle
d'oiseau ! »
« Je m'appelle Oiseau, docteur du
cerveau, dit Sigg. Ne l'oublie pas,
fiston ! »
« D'accord, docteur Cervelle d'oiseau. »
« BERNIE ! » s'exclama le docteur.
« Désolé ! Désolé ! » dit Bernie, mais
il ne l'était pas !
« Bernie, de quoi as-tu peur ? » demanda
le docteur avec sincérité.
Bernie dut encore s'exécuter. « Je
n'arrive vraiment pas à croire à l'air !
Je n'arrive pas à le voir non plus. Je
sais que vous volez tous... Hop, hop,
hop ! (Bernie se moquait de ceux qui
volent.) Mais ça ne marche tout
simplement pas pour moi parce qu'il faut
que je le voie, monsieur le docteur
Cervelle d'oiseau... Monsieur ! »
Sigg se renfrogna encore devant cette
gaffe délibérée. Bernie s'amusait
follement, sachant fort bien que le
docteur Sigg n'aimait pas être appelé
Cervelle d'oiseau. Pourtant, chaque fois
qu'il s'adressait à lui, Bernie répétait
"docteur Cervelle d'oiseau, Monsieur".
Ça minimisait les choses. D'une certaine
façon, ça lui plaisait assez.
Sigg dit à Bernie : « Bernie, tu as peur
parce que tu ne peux voir l'air. Mais de
quoi as-tu vraiment peur ? »
« Bien... Docteur Cervelle d'oiseau,
Monsieur, j'ai peur de tomber et de
m'écraser contre le sol, qui a l'air de
se précipiter trop vite vers les oiseaux
quand ils tombent de leur nid. J'ai peur
! » Bernie trouvant que c'était là une
question stupide, il donna une sorte de
réponse stupide.
« Qu'est-ce qui fait tomber les oiseaux,
exactement ? » demanda Sigg à son jeune
élève.
« Bien, hum, j'imagine que c'est la
gravité », déclara-t-il.
« Hum... la gravité. » Sigg fit une
pause. « Tu sais, Bernie, tu ne peux pas
vraiment voir la gravité maintenant,
n'est-ce pas ? »
Bernie réfléchit un peu. « Bien non,
c'est vrai, je ne peux pas la voir. »
« Mais tu crois à la gravité ?
Montre-la-moi ! »
Bernie se concentra, puis ajouta : « Hé
bien, je peux vous montrer la gravité.
Si je saute hors du nid, je cours vers
ma mort. Ha ! Ha ! C'est ça, la gravité
! »
Il était tout fier d'avoir répondu à
cette question difficile.
« C'est exactement ça ! C'est tout à
fait vrai, s'exclama le docteur ! Tu
peux prouver que ça existe aussitôt que
tu sautes hors du nid. Bernie, tu peux
aussi prouver que l'air existe quand tu
sautes hors du nid, parce que l'air est
là exactement comme la gravité. Tu ne
peux pas le voir, mais il est vraiment
là. »
Bernie n'aimait pas le tour que prenait
cette conversation. Sigg, de son côté,
avait terminé sa consultation, alors il
partit... Par la voie des airs. Au lieu
de prendre son essor vers le ciel, il
sauta hors du nid, s'élança vers le bas
en piqué, comme s'il tombait, en criant
en direction de Bernie.
« La gravité, Bernie ! » criait-il en
tombant droit vers le sol. « L'air,
Bernie ! » ajouta-t-il au moment où il
se redressait, les ailes toutes
déployées. Puis, tout doucement, il
disparut au loin. On pouvait entendre le
docteur Cervelle d'oiseau chanter en
s'envolant : « Les deux sont invisibles,
mais les deux sont réels. »
Bernie resta longtemps immobile. Il
réfléchissait, sans arrêt. Finalement,
il conclut : « Vous savez, monsieur
l'Oiseau docteur du cerveau a raison. Ce
n'est pas parce que je ne peux pas voir
quelque chose que ça n'existe pas. La
gravité est toujours là. Peut-être que
l'air aussi. C'est de ça que j'ai
vraiment peur ! Je ne pourrai pas le
savoir tant que je n'aurai pas essayé. »
Sigg, l'oiseau docteur du cerveau, avait
fait prendre conscience de ceci à Bernie
: il est intéressant qu'il existe
quelque chose d'invisible, comme la
gravité; mais vous devez savoir que ça
existe, sinon la chute pourrait vous
tuer. Il avait fait remarquer que Bernie
ne pouvait pas croire en quelque chose
d'aussi merveilleux que le vol, qui
utilisait de l'air invisible. Bernie
comprit que ce dont il avait vraiment
peur, c'était la gravité ! Peut-être
l'air invisible serait-il comme la
gravité invisible, mais est-ce qu'il le
sauverait ?
Bernie décida de voler le lendemain. Il
allait être courageux et l'annoncer à
tous les oiseaux de la forêt et dans
tous les autres nids. Il l'annoncerait
même à tous les bébés oiseaux qui le
regarderaient : « J'vais l'faire !
J'vais l'faire ! »
Le lendemain matin, Bemie se tenait sur
le rebord du nid. Comme tous les
habitants des nids étaient au courant de
son problème, il y avait un gros
rassemblement. C'était comme chaque fois
que l'oiseau docteur du cerveau rendait
visite à un oiseau : tout le groupe le
savait. Ça, ce sera le sujet d'une autre
histoire.
Bernie se tenait donc bien droit. Encore
une fois, il clama à la ronde qu'il
était temps de faire confiance à cette
chose invisible qui s'appelait l'AIR !
Il parla longtemps de la foi et des
choses invisibles, puis, courageux et
solennel, il se lança dans l'air léger
et commença son plongeon hors du nid !
Il se retrouva immédiatement suspendu
quelques centimètres plus bas, ayant
oublié de dénouer la ficelle ! Bernie
était très gêné et humilié. La forêt
entière était morte de rire. Même les
non-oiseaux riaient, les souris et les
écureuils aussi. L'écho de la forêt
résonnait à ses oreilles : « L'oiseau-
marcheur, le grand oiseau-marcheur ! »
Alors, il sut que tout ce qu'il avait
raconté avait été répandu alentour. Il
fallait corriger le tir.
Il grimpa le long de la ficelle, la
rongea pour s'en libérer, prit une autre
bouffée de cette chose invisible appelée
air, et regarda alentour. La forêt avait
retrouvé son silence. Les bébés oiseaux
ne font pas ça d'eux-mêmes, vous savez !
Ils sont habituellement surpris dans
leur sommeil et jetés hors du nid au
moment où ils s'y attendent le moins.
Ils ne le font jamais d'eux-mêmes. D'une
certaine manière, les autres oiseaux
savaient que ce qu'ils voyaient était
inhabituel. Les adultes se souvenaient
de ce que ça leur avait fait la première
fois. Bernie, l'oiseau qui hésitait à
voler, le fondateur de la nouvelle
espèce "l'oiseau-marcheur", se préparait
à se jeter en bas du nid, cette fois-ci
sans ficelle !
Il se mit à descendre. La peur s'empara
de lui aussitôt, alors qu'il tombait à
pic vers le sol. Ce n'était pas un rêve.
Cette fois, c'était réel ! Alors qu'il
regardait l'écorce de l'arbre défiler
devant lui et le sol se précipiter vers
lui, il entendit une voix à l'intérieur
de lui. Elle lui disait : « Tes ailes
Tes ailes ! Sors les ailes ! »
« Je suis terrifié ! J'ai peur ! »
Hurlait Bernie dans sa tête. Alors,
finalement, tout comme l'avaient fait sa
soeur et son frère, au dernier moment il
déploya ses petites ailes boudinées qui
n'avaient jamais servi et commença à
battre des ailes. Effectivement, ce
support invisible appelé "air", le prit
en charge. La magie du vol qui avait été
bonne pour sa mère, son père, sa soeur
et son frère prit la relève. Il sentit
l'air le portant, le poussant vers le
haut. Ça y était, il prenait son essor !
Bernie ne pouvait s'en lasser. Il vola
tout le jour. Il voltigeait, il
voltigeait... Il vola aussi haut qu'il
le put jusqu'à ce que ses ailes soient
fatiguées, puis il célébra cette chose
invisible que tous appelaient AIR. Il
planait autour des arbres en criant, «
Regardez, je vole ! » Comme si aucun
oiseau ne l'avait jamais fait avant lui
! Tous l'applaudirent - non pas parce
qu'il volait, mais en raison de son
courage, puisqu'il avait fait ça tout
seul, de lui-même.
Voilà une histoire toute simple,
n'est-ce pas ? C'est un peu drôle de
penser à Bernie et à sa confiance en
l'invisible. Maintenant, nous allons
vous révéler ce que tout ça peut bien
vouloir dire pour vous tous. Certains le
savent déjà, n'est-ce pas ?
Mes petits, il y a un ange avec vous en
ce moment même. Il est né avec vous, et
vous pouvez lui parler chaque fois que
ça vous chante. C'est un ange agréable,
et il vous aime. Il a l'esprit d'un
enfant, il sait même comment vous
pensez. Cet ange aime jouer avec les
mêmes jouets que vous, et il grandira
avec vous au fur et à mesure. Il sera
toujours disponible, prêt à vous aider
en tout temps.
Maintenant, certains d'entre vous
pourraient dire : « Je n'en vois aucun !
» C'est parce qu'il est invisible,
exactement comme l'air l'était pour
Bernie. Nous pouvons aussi vous assurer
que cet ange vous soutiendra même quand
vous connaîtrez des difficultés, ou que
vous serez tristes et que tout ne
marchera pas comme vous le voulez. C'est
un ange qui vous soutient à l'aide d'une
énergie invisible, même quand vous êtes
en train de tomber dans l'obscurité de
la peur. Nous voulons que vous vous le
rappeliez, car cet ange vous
accompagnera toute votre vie. Il est
beau, il est invisible, mais tout comme
Bernie l'a découvert, il est très, très
réel.
Peut-être voudriez-vous en savoir plus
sur votre ange ? Vous n'avez qu'à le lui
demander ! Même s'il est possible que
vous ne puissiez ni le voir ni
l'entendre comme une personne réelle,
l'émotion de l'amour et de l'amitié sera
la preuve qu'il est là !
Et vous, les adultes ? Où est passé
votre ange enfant ? Est-il encore avec
vous, ou l'avez-vous mis à la porte en
grandissant ? A-t-il ri en écoutant
l'histoire de Bernie ? Peut-être est-il
temps de le trouver, car il ne vous a
jamais quittés. Il est votre compagnon
pour la vie, et il vous fait signe de
sortir jouer avec lui. Alors, vraiment,
c'est une histoire pour les adultes, car
ce n'est pas l'enfant qui éprouve cette
peur, mais bien l'adulte. C'est la peur
de celui qui ne veut pas quitter le nid
de l'intellect et de la réalité tangible
pour s'envoler vers les hauteurs de
l'enfant retrouvé, du jeu retrouvé, et
de la joie de croire en l'invisible.
Nous célébrons notre temps passé avec
vous, chacun de VOUS.
Et c'est ainsi.
Kryeon |