Noël d'autrefois au Québec
La fête de Noël étaient à l'origine une
fête strictement religieuse.
Dès le début de décembre, la mère
commençait à préparer la nourriture pour
les fêtes. On nommait "le temps des
fêtes" la période qui commençait le 24
décembre et qui se terminait le 6
janvier parce que pendant cette période,
les rencontres étaient très fréquentes.
On peut même dire que le temps des fêtes
durait jusqu'au Mardi Gras, dernier jour
avant le début du Carême.
Vers le 8 décembre, on faisait
boucherie. On tuait les animaux qu'on
avait engraissés durant la période
estivale. On plaçait la viande dans la
cuisine d'été (pièce qu'on ne chauffait
pas durant l'hiver). Il faut être bien
conscients que les réfrigérateurs
n'existaient pas à cette époque.
Ensuite, on préparait tartes, gâteaux au
fruits, beignes... qu'on y gardait au
froid. Les familles étant nombreuses, il
fallait se préparer d'avance si on
voulait nourrir toute la parenté.
À Noël. on ne donnait pas de cadeaux.
Les étrennes étaient réservées pour le
Jour de l'An. On allait à la messe de
minuit, mais les enfants les plus jeunes
restaient à la maison avec la mère
généralement. Il faut dire aussi que les
grands-parents demeurant souvent à la
maison pouvaient aussi garder les
enfants.
La messe était à minuit dans ce
temps-là. Il y avait trois messes : la
première très longue avec les prières en
latin. Tout le monde allait communier ce
jour-là et seul le curé donnait la
communion, ce qui avait pour résultat
d'allonger encore la messe. Chacun
s'agenouillait près de la balustrade et
le curé déposait l'hostie consacrée sur
la langue de chaque fidèle.
Les autres messes étaient beaucoup plus
courtes. Un chorale préparait des
cantiques comme :
- Les anges dans nos campagnes - Ça
bergers - Dans cette étable - Nouvelle
agréable - Il est né le divin enfant.
La grand’messe de minuit était beaucoup
plus élaborée avec ses chants qui
clôturaient avec les fameux "Adeste
Fideles" et le "Minuit Chrétien".
On attendait avec impatience le moment
magique du "Minuit Chrétien" qui était
chanté la plupart du temps à la clôture
de la grande messe. Cette messe était
aussi l’occasion de découvrir la belle
voix du village tant attendue qui avait
été choisie pour entonner le fameux
hymne de Noël avec la chorale du
village.
Après la messe chacun y allait de son
crû pour commenter et dire sa
satisfaction sur ce qu’on avait entendu.
Ensuite, chacun retournait chez lui ou
dans sa parenté pour « réveillonner »
autour du sapin de Noël où la dinde et
tourtière étaient à l'honneur. On
mangeait des cretons, du ragoût de
pattes de cochon. Et pour dessert, il y
avait du sirop d'érable et de la crème,
des beignes et du gâteau aux fruits ou
plus tard, la fameuse bûche de Noël.
Auteur Inconnu |
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Noël slave d'autrefois
Même si Noël (célébré le 7 janvier
selon le calendrier julien) n'est
pas la fête la plus importante chez
les orthodoxes (la fête essentielle
étant Pâques), la veillée de Noël a
toujours été un moment magique
durant mon enfance.
La fête est destinée à célébrer la
naissance du Christ, mais également
l'amour familial et la maison.
Mon grand-père, fidèle aux
traditions sans être un pratiquant
puriste, répandait de la paille sur
le sol dans la pièce où nous serions
tous réunis afin de symboliser
l'étable où le Christ à vu le jour.
Le sapin était magnifiquement décoré
de petites pommes rouges, de noix
peintes, des petites figurines en
bois et de guirlandes que nous, les
enfants, préparions joyeusement.
Ma grand-mère installait sa plus
belle nappe blanche et y dressait la
table avec de somptueuses assiettes,
verres en cristal de bohème et
argenterie brillante. Au centre de
la table en fête, elle déposait une
grande bougie de Noël et juste à
côté elle disposait 4 belles pommes
rouges sur lesquelles elle posait le
pain de Noël, tout rond, doré,
décoré si délicatement de petites
feuilles et fleurs en pâte.
Chaque année elle nous surprenait
par la beauté de ce "gâteau".
Par-dessus, elle "jetait" des grains
de blé, de maïs et des noix
symbolisant ainsi les voeux de
bonheur, santé et prospérité dans la
maison.
Lorsque l'obscurité tombait et que
la première étoile apparaissait, on
pouvait se mettre à table. Juste
avant, mon grand-père sortait dehors
pour ramener le "badnjak", (ce mot
vient du verbe "bdeti" 'attendre' du
vieux slave et signifie qu'à la
veille de Noël on est en attente de
l'heureux événement, c'est à dire la
naissance du Christ) branche d'arbre
coupée à l'aube et adossée à
l'entrée de la maison.
En rentrant, il nous saluait tous en
disant :
" Bonsoir, le Christ est né. "
Et nous lui répondions en cœur :
" C'est vrai, il est né. "
Ma grand-mère parsemait sur son mari
et sur le badnjak des grains de blé
afin que l'année nouvelle soit
heureuse et prospère à tous. On
aurait dit des petits étoiles qui
dansaient joyeusement autour d'eux.
Le menu de la veillée de Noël est
chaque année identique. C'est encore
la période de jeûne. La famille est
réunie à table autour de douze plats
qui ne contiennent pas de viande :
l'on trouve du poisson, du riz, blé,
haricots blancs et autres légumes,
des pâtes aux noix, il y a
obligatoirement du miel pour que
l'année soit douce, de la compote de
pommes et pruneaux, des poires, du
raisin sec, etc.
Avant de commencer le souper, le
grand-père, fait symboliquement une
croix dans la pièce en y jetant des
noix aux quatre coins de la salle à
manger qui resteront au sol tout au
long des festivités, puis, c'est le
moment que j'aimais le plus dans nos
traditions : il se signe, allume
avec mille précautions la bougie de
Noël, la passe au-dessus du pain de
Noël posé sur les pommes rouges,
puis fait doucement le tour de la
table portant la bougie au-dessus de
chacun de nous chantant :
" Ta naissance, Christ notre Dieu,
nous a sauvé..."
Il revient à sa place en continuant
de chanter " Notre père... "
J'aimais tant écouter la voix basse
et si veloutée de mon grand-père,
elle me rassurait, me guidait, me
donnait la force d'aller toujours
plus loin quelque soit l'obstacle à
franchir. Elle représentait toute la
dimension de notre cellule familiale
remplie d'amour et de respect. Nos
réunions de famille à l'occasion de
Noël étaient un véritable retour aux
sources qu'aucun de nous n'aurait
jamais manqué ! C'est dans leurs
souvenirs qu'aujourd'hui encore je
puise ma force.
Pour les cadeaux il faudra attendre
le jour de l'an, 14 janvier, pour
que Grand-père Gel les ramène (le
père Noël chez les orthodoxes)
~ Paix de Dieu, le Christ est né ~
Par Séka Pianovic |
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Noël en Provence au siècle dernier
Fidèle aux anciens usages, pour mon
père, la grande fête, c'était la veillée
de Noël.
Ce jour-là, les laboureurs détalaient de
bonne heure; ma mère leur donnait à
chacun, dans une serviette, une belle
galette à l'huile, une rouelle de
nougat, une jointée de figues sèches, un
fromage du troupeau, une salade de
céleri et une bouteille de vin cuit.
Et qui de-ci, et qui de-là, les
serviteurs s'en allaient, pour "poser la
bûche au feu", dans leur pays ou dans
leur maison.
Au Mas ne demeuraient que les quelques
pauvres hères qui n'avaient pas de
famille; et, parfois, des parents,
quelques vieux garçon, par exemple,
arrivaient à la nuit, en disant :
-
" Bonnes fêtes ! Nous venons poser,
cousins, la bûche au feu, avec vous
autres. "
Tous ensemble, nous allions joyeusement
chercher la "buche de Noël", qui -
devait être un arbre fruitier. Nous
l'apportions dans le Mas, tous à la
file, le plus âgé la tenant d'un bout,
moi, le dernier-né, de l'autre; trois
fois nous lui faisions faire le tour de
la cuisine; puis, arrivé devant la dalle
du foyer, mon père, solennellement,
répandait sur la bûche un verre de vin
cuit, en disant :
-
" Allégresse ! Allégresse, mes beaux
enfants, que Dieu nous comble
d'allégresse ! Avec Noël, tout bien
vient : Dieu nous fasse la grâce de voir
l'année prochaine et, sinon plus
nombreux, puissions-nous n'y être pas
moins."
Et nous écriant tous :
-
" Allégresse, allégresse, allégresse !"
On posait l'arbre sur les landiers et,
dès que s'élançait le premier jet de
flamme :
"À la bûche boute feu !" disait mon père
en se signant.
Et tous, nous nous mettions à table. Oh
! la sainte tablée, sainte réellement,
avec, tout à l'entour, la famille
complète pacifique et heureuse...
par Frédéric Mistral
Mon enfance, Mémoires, récits, Edition
Plon, 1920 |
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