Excuser les autres, c'est trouver des raisons
pour se défendre, pour les disculper. Chaque
être humain commet inconstamment des sottises
dont il n'est pas toujours responsable; souvent
il est la première victime.
Ses bêtises peuvent sauter aux yeux des autres
sans qu'elles en soit par elles-mêmes. Il faut
s'habituer à endurer les gens tels qu'ils sont,
pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils disent, avec
leurs défauts, leurs infirmités. Il y a
tellement de choses qui nous séparent des
autres. Si nous voulons les changer, nos perdons
notre temps, nous gaspillons notre salive à
faire des remarques dans le vide et nous sommes
comme des trappeurs qui veulent se frayer une
route dans la brousse, à grands coups de
machettes dans l'eau.
L'éducation, la personnalité, le tempérament, le
caractère, nos habitudes, nos manières à nous et
même peut-être certaines de nos qualités,
peuvent nous empêcher d'admirer les autres et de
les aimer. Nos qualités, comme un clavier,
peuvent provoquer des notes discordantes chez
les êtres qui chantent faux.
Il faut s'habituer à excuser, chez quelques-uns,
le plaisir qu'ils éprouvent à dominer les
autres, leur irréflexion, leur naïveté, leur
jugement erroné, leur conscience faussé, leur
peu d'aptitude à discuter, leur insensibilité,
leur dureté. Nous avons aussi affaire à des
snobs, des hautains, des esprits confus,
critiqueurs, fermés, égoïstes, bornés.
Le monde est vraiment compliqué, nos systèmes
nerveux vraiment délicats, notre capacité
d'encaisser trop réduite, nos pensées internes
réactionnaires trop abondantes... la vie avec
les autres exige beaucoup de patience.
Par ailleurs, quand le Seigneur nous recommande
d'être parfait comme Il est parfait, il ne nous
demande pas de trouver une formule qui plairait
à tout le monde, un principe magique. Le Christ
lui-même a recruté des ennemis parmi des gens
qui ne voulaient pas se sanctifier.
Nous devons accepter le même risque, déployer
des forces de même nature et, pour nous
sanctifier, c'est-à-dire pour être vraiment
chrétien, il faut se donner chaque jour, avec un
renouvellent d'efforts. Ces efforts, il faut les
centrer au bénéfice du prochain, au fur et à
mesure que la Providence fait dérouler devant
nos yeux les personnes, les évènements et les
choses. Alors, nous finirons par les aimer et à
ne plus en souffrir.
Nous pouvons trouver la solution à nos problèmes
en nous efforçant de pardonner aux autres, ils
ne sont peut-être pas responsable de l'éducation
qu'ils ont reçue, ni du tempérament, ni du
caractère qu'ils ont et dont ils souffrent
peut-être eux-mêmes.
Savoir excuser, c'est savoir dominer sa
sensibilité, sa susceptibilité. Tout dépend de
soi. Le Christ nous donne l'exemple constant de
la vigueur de ses relations avec les autres par
son aptitude à excuser et à pardonner.
L'évangile est clair, quelqu'un m'a offensé, il
m'a vexé, j'ai droit à des excuses; sur le plan
humain, je peux exiger réparations. Mais Jésus
brise mon jeu, se moque de ma valeur humaine, me
donne un exemple dur à suivre : "Prends la place
de celui qui a tort, malgré tous tes droits,
considère ton bourreau comme ta victime,
excuse-toi de lui avoir donné l'occasion de
t'avoir tombé dessus."
C'est fort, c'est dur à avaler mais c'est la
façon radicale adopté par Jésus lui-même. On
peut appeler cette façon d'agir "une folie de la
croix ". Mais le plus dur de notre
christianisme, c'est l'exercice du pardon à
l'égard des récidivistes, à l'égard de ceux qui
recommencent sans cesse les mêmes
indélicatesses, les mêmes offenses, qui sont
fixés dans leurs entêtements, qui se
convainquent qu'ils sont les seuls dans le bon
chemin; ils ont toujours raison et si nous ne
pensons pas comme eux, c'est que nous sommes
arriérés.
Le soutien dont nous avons besoin, nous l'avons
dans notre entourage par nos vrais amis dont la
compréhension est un baume réel.
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