L'art de bénir comme outil de
guérison spirituelle et humaine
L'art de bénir permet à ceux qui
le pratiquent de cultiver leur
jardin intérieur, ce lieu de
ressourcement si précieux qui
existe dans les profondeurs de
chacun de nous souvent à notre
insu. Dans ce monde de plus en
plus agité et frénétique qui,
pareil à un TGV, fonce à toute
vitesse sans la moindre idée où
il va, c'est un tel privilège
que de pouvoir, à tout moment,
se ressourcer dans son jardin
secret.
La bénédiction perpétuelle est
comme un puits que nous creusons
au centre de ce jardin : plus
nous la pratiquons, plus le
puits devient profond et plus
son eau devient douce et
fraîche, désaltérant notre âme.
En nous orientant de plus en
plus vers les autres et leurs
besoins, l'art de bénir nous
aide à sortir de la prison du
petit ego, du moi ?
Les grandes traditions
spirituelles sont quasi unanimes
dans leur façon de décrire la
disparition du moi comme
peut-être l'étape la plus
indispensable et la plus
importante du cheminement
spirituel. La formule lapidaire
de Saint Jean-Baptiste : "Qu'il
croisse et que je diminue"
résume des siècles, voire des
millénaires de sagesse
spirituelle.
Rumi, un grand mystique soufi,
écrit sur le thème de la mort de
l'égo (qu'il appelle le "moi"
par opposition au Soi divin) :
"Fais un voyage du moi au Soi, ô
ami, car par un tel voyage la
Terre devient une mine d'or !...
Purifie-toi des attributs du
moi, afin de discerner ton
essence pure !... Je suis tombé
dans l'absence totale du moi -
que je suis joyeux avec le Soi !
... Personne ne trouvera sa
route vers la Cour de la
Magnificence jusqu'à ce qu'il
soit annihilé" (que le moi
disparaisse).
Le vrai Soi, l'être profond de
chacun de nous, ne désire rien
parce qu'il sait posséder tout.
Il ne va nulle part parce qu'il
est déjà au but. Il sait que le
but du voyage est dans la façon
de voyager, non dans des buts
humains à atteindre. Car se
sachant éternel et le reflet de
l'infini, comment vouloir aller
quelque part dans le Royaume de
l'amour omniprésent ?
Depuis de nombreuses années, je
reçois des lettres, des appels
téléphoniques, des fax, et
maintenant surtout des courriels
sur l'impact de la bénédiction.
Pour de nouvelles éditions en
français et en anglais, et une
édition russe qui verra bientôt
le jour, j'ai rassemblé
ci-dessous quelques-uns des
textes reçus et des récits qui
m'ont été racontés de première
main. Ils ne représentent que la
pointe de l'iceberg d'une masse
beaucoup plus volumineuse !
En octobre 2005, j'ai donné une
conférence sur le thème de la
spiritualité au quotidien au
College of Psychic Studies de
Londres. Elle était suivie d'un
stage sur la bénédiction le
lendemain. Pendant la
conférence, j'ai brièvement
mentionné la pratique de la
bénédiction. Une participante
irlandaise, en rentrant chez
elle, a commencé à parler dans
le métro avec un jeune irlandais
avec qui elle a tout de suite
sympathisé. Comme ils sortaient
à la même station, elle a
continué sa discussion avec lui
sur un banc du quai de la gare;
voyant un ami passer, le jeune
appelle ce dernier qui vient
s'asseoir à côté de la dame.
Après un moment elle se lève
pour rentrer chez elle. Soudain,
quelques pas plus tard, elle
réalise que le deuxième lui a
volé son portefeuille. Au lieu
de crier et de faire un
scandale, elle s'est dit : "Si
cette histoire de bénédiction
dont Pierre a parlé marche, je
dois simplement le bénir."
Quelques secondes après, elle
s'est retournée et a vu le jeune
venir en lui tendant le
portefeuille. Elle ouvrit le
stage le lendemain en racontant
cette histoire. Quel cadeau elle
nous a tous fait !
Un ami africain du Sahel,
Mahmoudou, qui dirige une ONG
qui travaille avec 12 000 femmes
rurales pauvres de la région de
Mopti au Mali et qui est cité au
début de ce livre, a vu sa vie
complètement transformé par
cette pratique. Elle est devenue
une seconde nature pour lui, au
point que je lui ai dit qu'il
est lui-même devenu mon maître
dans ce domaine.
Une mère le rencontra dans la
rue à Mopti. Elle était
désespérée parce que son fils
adolescent buvait, fumait, se
droguait et agressait même les
gens avec son couteau. Elle-même
avait peur de son propre fils.
Mahmoudou lui dit de simplement
le bénir plusieurs fois par
jour, ce qu'elle fit. Quelques
semaines plus tard, il venait
dire à sa mère qu'il allait
changer de vie, ce qu'il fit du
jour au lendemain, à tel point
que les voisins n'en croyaient
pas leurs yeux.
Une participante d'un de mes
stages, Andrée, décida de
quitter son mari, la vie
ensemble devenant simplement
impossible. Après son départ, le
mari se mit à lui téléphoner,
parfois plusieurs fois par jour.
Les appels devenaient de plus en
plus menaçants, et Andrée
commençait à avoir vraiment
peur. Puis elle suivit le stage
sur l'art de bénir que je donne
dans le cadre de mes stages
"Vivre autrement (voir
www.vivreautrement.ch) et
commença à bénir quotidiennement
son époux. Elle écrivit même une
longue bénédiction qui exprimait
toute sa gratitude pour les
qualités positives qu'il
exprimait. Peu de temps après,
les appels cessèrent
soudainement et, plus tard, son
mari téléphona pour s'excuser de
son comportement agressif. Comme
préparation pour la séance du
tribunal, Andrée bénit
longuement le juge, son mari,
les avocats des deux parties,
l'espace même du tribunal. Alors
qu'autrefois une telle
expérience l'aurait complètement
déstabilisée, elle resta
étonnamment calme à travers
toute la procédure et tout alla
harmonieusement.
Une femme genevoise me
téléphona
pour me raconter l'histoire
suivante. Elle venait de lire ce
livre et se trouvait dans un
supermarché. Une femme à côté
d'elle explosa soudain et à
haute voix en propos racistes
violents contre les africains.
D'abord, elle en fut choquée,
puis elle se ravisa et commença
à bénir la femme en silence.
Après un bref instant, elle
partit plus loin examiner les
cristaux sous une vitrine. Deux
minutes plus tard, la femme en
question - avec laquelle elle n'avait
échangé aucun propos - vint
s'excuser auprès d'elle pour les
commentaires racistes qu'elle
avait tenus.
Natalia avait quatre enfants
tous adultes avec des familles
de plusieurs enfants, sauf l'un
des fils. Lui et sa femme étaient
désespérés de ne pas avoir
d'enfants après sept ans de
mariage; la médecine n'avait
rien pu faire pour eux. La femme
pleurait parfois aux réunions de
famille d'être la seule sans
enfants. En juillet 2005,
Natalia achetait le livre "Vivre
sa spiritualité au quotidien et
commença à bénir le jeune couple
de toutes les façons
imaginables, y compris leurs
corps. Le mois suivant, sa
belle-fille était enceinte. Ils
eurent un très beau petit
garçon.
Certains diront immédiatement
qu'il n'existe pas la moindre
preuve scientifique des
bénédictions de Natalia et ont eu
quoi que ce soit à faire avec
cette grossesse. À ceux-là, on
peut répondre deux choses.
D'abord, quand pendant vingt
ans, on a entendu parler de
guérisons de toutes sortes
survenues grâce à cette pratique
à des personnes de tous les
milieux imaginables, il est
difficile et peu rationnel de
croire au hasard (on a
appelé "hasard" la façon qu'a
Dieu de rester anonyme).
Mais plus fondamentalement, il
semble clair que la science
moderne ne peut vraiment rien
prouver, au sens d'expliquer de façon
définitive et certaine, et ne
laissant aucune place au doute,
comment une certaine chose se
produit.
Personnellement, je préfère
vivre avec l'hypothèse de
travail temporaire que la
bénédiction est une loi
spirituelle qui guérit parce que
:
-
cela rend tellement plus heureux
de vivre dans l'esprit de la
bénédiction permanent ;
-
tant de personnes ont observé
que la bénédiction guérit,
rassure, élève, réconcilie,
apaise...
-
cela ne fait certainement de
mal à personne !
Imaginez une Terre où tout le
monde utiliserait cette
pratique. On ne peut s'empêcher
de croire que ce serait un
endroit un peu plus convivial
qu'actuellement.
Cosette était une superbe
lycéenne de 18 ans qui a
participé à l'un de mes stages
d'été à 2100 m dans les Alpes
valaisannes. Au début de
l'année, un de ses amis du lycée
l'avait invitée à venir chez lui
en compagnie d'un autre lycéen
qu'elle connaissait beaucoup
moins. Arrivée chez son ami,
elle fut horrifiée de constater
que ce n'était qu'un piège pour
permettre au copain de son ami
de la violer. Elle réussit à
éviter le pire, mais sortit de
l'expérience, d'après les
voisins, profondément
traumatisée. Six mois plus tard,
l'incident l'obsédait encore
quotidiennement.
Nous avons parlé ensemble de la
bénédiction, et je lui écrivis
une brève bénédiction qu'elle
décida d'utiliser
quotidiennement. Quelques
semaines plus tard, son ami -
avec qui elle n'avait plus eu
aucun contact - lui téléphonait
pour s'excuser sincèrement du
rôle qu'il avait joué dans ce
triste évènement. Comme toute
demande de pardon, ce fut
profondément thérapeutique pour
Cosette.
Peut-être que la plus
remarquable guérison d'une
relation est celle qui me fut
racontée, une fois de plus, par
mon ami Mahmoudou. Elle concerne
deux frères.
Ahmed avait développé une
rancune tenace, de la haine
même, à l'égard de son jeune
frère Karim qui avait refusé de
lui vendre plusieurs sacs de riz
pour son troisième mariage. Sur
une période de dix années, Ahmed
exprima une hostilité
grandissante envers son jeune
frère, l'agressant même
physiquement avec un couteau. La
situation devint si tendue que
la famille demanda à Karim de
quitter le village où son frère
et lui habitaient. Il vint donc
s'installer à Mopti, où habite
Mahmoudou.
Le 2/9/2005, Ahmed
vint à Mopti, sans doute avec
l'intention de tuer son frère,
car il lui tira dans le dos
pendant que Karim mangeait.
Heureusement, il rata son but,
la balle n'effleurant que
l'épaule de Karim. Il fût arrêté
par la police. Karim vendit son
poste de télévision pour réunir
l'argent pour la caution
permettant de libérer son frère.
Ce dernier jura encore qu'il
aurait la peau de Karim !
En décembre de la même année,
Karim rencontra Mahmoudou et lui
demanda ce qu'il pouvait faire.
Mahmoudou lui suggéra simplement
de bénir son frère trois ou
quatre fois par jour. Il ajouta
que son ami pourrait en même
temps bénir tous ceux sur la
terre dont le coeur était rempli
de haine. (j'appelle ceci
l'universalisation de la
bénédiction. Elle tend à
impersonnaliser le mal ou
l'erreur qui se manifeste. De
cette façon, on ne bénit pas
seulement une personne, mais on
contribue à la guérison d'une
condition universelle qui touche
l'humanité en général, dans le
cas présent la haine et la
colère).
Mahmoudou est alors parti en
voyage en Suisse. À son retour
en février, Karim vint chez lui
à 2 heures du matin, tellement
il était impatient de partager
avec Mahmoudou ce qui s'était
passé. Seulement dix jours après
que Karim ait commencé ses
bénédictions, une délégation de
quatre personnes était venue du
village de son frère pour lui
présenter les excuses de ce
dernier. Maintenant, Ahmed ne
manque aucune occasion de rendre
service à son jeune frère. Les
gens pouvaient à peine croire
qu'une vendetta de si longue
durée avait pu se terminer si
rapidement. Tel est le pouvoir
de la bénédiction sincère.
Source : Vivre sa spiritualité
au quotidien
Éditions Jouvence -
Pierre Pradervand |