Source :
Lumière, janvier/février 1994.
Texte extrait du livre de E.L.Shostrom et D. Montgomry.
"Les
Manipulateurs" chez Le Jour, éditeur.
À moins de pouvoir imaginer concrètement que nous
sommes vrais, nous restons coincés avec nos vieux masques et nos
vieilles tromperies. Il est du devoir de chacun de connaître et de
prendre en considération qu’il est, au monde, unique en son genre. Aucun
homme pareil à lui n’a jamais existé sur cette terre. Alors pourquoi
s’évertuer à jouer le rôle de quelqu’un d’autre, pour lui plaire, afin
d’en arriver à ses fins ?
Nous connaissons tous des manipulateurs, à part
nous-mêmes, bien sûr... Ces spécialistes de l’abus de confiance, ces
vendeurs qui réussissent à nous vendre ce dont nous n’avons pas besoin,
ces hommes politiques qui nous promettent mer et monde sans rien nous
donner d’autres que de belles paroles, ces adolescents qui nous mentent
par intérêt, ces bébés qui ont appris à pleurer pour obtenir ce qu’ils
désirent ! La manipulation devient si subtile que nous n’en avons, le
plus souvent, pas conscience. Elle devient pratiquement un mode de vie
et peut générer de l’anxiété, de l’hostilité et même nous conduire à
ruiner notre carrière et à briser des vies.
Cette manipulation est-elle seulement un défaut
des autres, ou bien se glisserait-elle insidieusement dans notre propre
caractère ? Est manipulateur celui qui joue un rôle, qui porte un masque
afin d’obtenir ce qu’il désire secrètement. Au contraire, est
actualisateur celui qui manifeste ses plus hautes qualités, et par là,
influence avec intégrité les gens qui l’entourent. Mais, avant d’aller
plus loin, où sommes-nous entre ces deux positions ?
Voici un exercice
qui vous permettra de nous situer.
Attention, avant de répondre à ces
questions, de ne pas vous manipuler vous-mêmes !
Voici maintenant certaines caractéristiques que
l’on retrouve chez les actualisateurs
-
LE SENS DE L'HUMOUR
-
Les personnes qui se réalisent ont un sens de l’humour différent des
gens ordinaires. Cet humour n’est pas agressif. Il ne s’exerce pas aux
dépens des autres. Il met surtout en valeur la sottise humaine et porte
habituellement à réfléchir. Les personnes dotées d’un tel sens de
l’humour sont souvent capables de rire d’elles-mêmes. L’humour de
Lincoln, par exemple, était surtout de cet ordre. Voici une histoire
qu’il raconta, peut-être pour souligner que le bon sens transcende la
logique. « Trois pigeons sont perchés sur une clôture. Si vous en tuez
un, combien en restera-t-il ? » demanda Lincoln. Quelqu’un dit : « Deux,
bien sûr ! » Ce à quoi il répondit : « Non, car les deux autres se seront
envolés ».
-
LES
RELATIONS INTERPERSONNELLES -
Les personnes qui actualisent leur potentiel tendent à nouer des
relations interpersonnelles plus profondes et plus significatives que
l’adulte moyen; elles entretiennent des relations étroites avec
quelques-uns plutôt que des relations superficielles avec beaucoup de
personnes. Elles sont davantage capables de ne rien exiger et de ne pas
intervenir dans la vie de ceux qu’elles aiment, les appréciant pour ce
qu’elles sont et non pour ce qu’elles peuvent offrir en retour. Elles
aiment sans astuce, sans dessein ni calcul égoïste. Vous
reconnaissez-vous ?
Sommes-nous coincés avec nos vieux masques et
nos vieilles tromperies ?
- La conscience
-
Ces actualisateurs ont une perception plus efficace de la réalité
que les autres. Ils tirent une grande joie des miracles de la vie
courante que la plupart d’entre nous voient, entendent ou sentent à
peine : le sourire d’un bébé, un regard amoureux, une brise fraîche, un
compliment chaleureux, un lit douillet, un coucher de soleil, un joli
minois, tout les ravit.
- Une mission
-
De plus, les actualisateurs ont en commun une mission à remplir, mission
à laquelle ils consacrent une grande part de leur temps et de leur
énergie. On dirait que chacun d’eux trouve et reconnaît le but de sa
présence ici-bas et le poursuit avec ténacité. Citons les célèbres
paroles de John F. Kennedy : « Ils ne se demandent pas ce que le monde
peut faire pour eux, mais ce qu’ils peuvent faire pour le monde ». Le
«monde», aux yeux d’une personne réalisée, peut aussi bien signifier une
ville ou une famille.
- L’acceptation -
Les personnes actualisées acceptent leur vraie nature et celle des
autres. Maslow disait que « de même que l’on ne se plaint pas que l’eau
soit mouillée ou que les roches soient dures, une personne actualisée ne
se plaint pas de la nature humaine, la sienne ou celle d’autrui ». Les
gens sains n’éprouvent pas de culpabilité, de honte, de tristesse,
d’anxiété ou de méfiance envers ce qui est inhérent à la nature humaine.
Ils ne se disent pas : « J’ai tellement honte d’être si petit » ou « Je ne
voudrais pas être vu en sa compagnie, elle n’est pas très jolie ». Ils
sont... comme ils sont, et ils s’acceptent.
- L’autonomie
-
Ces sujets actualisés, qui pourraient bien être vous d’ici peu de temps,
comptent sur leurs propres aptitudes et sur leurs ressources latentes au
lieu de faire appel aux autres pour poursuivre leur croissance. On peut
décrire leur sentiment de soi et leur stabilité comme étant
« indépendants ». Cette indépendance vis-à-vis de l’environnement matériel
et social explique leur sérénité lorsqu’ils sont confrontés aux
privations, aux frustrations et aux échecs qui auraient pu conduire
d’autres personnes au bord du suicide. Ils ne dépendent pas de l’amour
ni du respect d’autrui pour s’épanouir. Le secret pour atteindre un tel
degré d’indépendance réside en grande partie dans l’amour et dans le
respect qu’ils ont des autres.
En vérité, nous ne pouvons pas nous changer
nous-mêmes. Nous pouvons être à la recherche de nous-mêmes, et dès que
nous avons identifié certaines de nos caractéristiques, nous pouvons
développer ce que nous avons trouvé. Ces modèles nous aident à envisager
le concept d’une vie nouvelle et exempte de manipulation. L’humain fait
des efforts pour définir son existence comme une vie heureuse et bien
vécue. Vous avez ici les éléments susceptibles d’enrichir votre propre
vie.
Voilà ce qu’est la réalisation de soi : devenir ce que l’on est
réellement. D’autres l’ont fait. Alors, pourquoi pas nous ?