La communication véritable
avec un manipulateur est
impossible car il n’est pas
capable de communiquer de
façon simple, authentique,
claire et saine avec autrui.
En effet, la manipulation
est le seul moyen de
communication qu’il
connaisse, aussi se
complait-il dans une
communication ambiguë en
faisant usage de toute une
série de techniques pour la
dévier de son objectif
premier, la bloquer ou la
fuir. Paradoxalement, c’est
lui-même qui va affirmer que
vous communiquez mal.
Le mode de perception du
manipulateur et ses
processus cognitifs sont
perturbés dans le sens
pathologique du terme. Vous
ne cessez de vous interroger
sur l’irrationalité du
raisonnement de ce
partenaire. (Source :
Isabelle Nazare-Aga, Les
manipulateurs et l’amour)
Il refuse la
communication directe
De façon subtile ou
franchement évidente, le
manipulateur fuit toute
discussion qui le met dans
l’embarras, d’autant plus
que pour lui, c’est
également une ruse habile
qui peut lui permettre
d’aggraver le conflit tout
en l’imputant à l’autre mais
aussi, qu’on lui prête
grandeur et sagesse par son
silence.
Pour fuir ouvertement une
discussion, le manipulateur
use de toute une série de
stratégies dont voici
quelques exemples :
-
Il ne se manifeste
uniquement de façon non
verbale : haussement
d’épaules, soupirs,
regards désapprobateurs,
yeux en l’air, sourires
ironiques, froncements
des sourcils, etc.
En outre, il utilise
d’autres moyens plus subtils
pour fuir la discussion
authentique, notamment pour
résoudre les problèmes.
Ceux-ci sont explicités dans
les points suivants :
Il déforme le langage
Le flou
-
Sans porter
d’accusation claire afin
de ne pas se
compromettre, il utilise
des allusions voilées et
insidieuses qui,
finalement, vont réussir
à semer le doute mais
aussi induire des
sentiments, des
réactions, des actes,
ou, au contraire, les
inhiber (cf. art de
l’induction).
L’embrouille
Un procédé verbal habituel
du pervers afin de vous
déstabiliser est d’utiliser
un langage très technique,
sophistiqué voire abstrait
et dogmatique : ses
formulations, ses mots, ses
syntaxes sont
incompréhensibles. Plus les
mots sont savants, plus les
syntaxes sont tordues, moins
vous saisissez ce qu’il vous
dit et votre argumentation
ne peut donc plus rebondir
sur un argument concret.
La lecture de pensée
Ce procédé consiste au
manipulateur à nommer les
intentions de l’autre ou à
deviner ses pensées cachées,
comme s’il était le mieux
placé pour les connaître :
-
Il projette,
c’est-à-dire qu’il vous
accuse d’avoir un
comportement ou une
intention qui
corresponde davantage à
ses comportements ou à
ses intentions à lui,
par exemple : « Avoue
que tu as un amant ! »
alors qu’il ou elle vit
ou désire une relation
extra conjugale.
Prêcher le faux pour savoir
le vrai
Cette tactique est mise au
point par le manipulateur
pour vous surveiller et vous
tirer les vers du nez.
La pratique la plus courante
consiste à transformer une
supposition en affirmation
ou à poser une question
incluant un élément erroné,
par exemple : « Ta sœur a
bien fait de vendre sa
voiture à ton frère. », vous
répondez « Elle lui a donné
la voiture, elle ne lui a
pas vendue ! » et le tour
est joué, le manipulateur se
demandait si le frère avait
maintenant assez d’argent
pour s’acheter une voiture
d’occasion. La véritable
question est d’autant mieux
diluée quand la conversation
est légère et positive.
(Source : Isabelle Nazare-Aga,
Les manipulateurs et
l’amour)
Il ment
Certes, le manipulateur ou
le pervers est un menteur
invétéré, cependant il ne
ment pas à tout propos. Le
plus souvent, il effectue de
sensibles falsifications de
la vérité ou en omet une
partie. Cette désinformation
volontaire mêlée de mensonge
et de sincérité est très
déstabilisante pour
l’interlocuteur. Et si vous
découvrez la vérité, il va
tenter de retourner la
situation pour vous
convaincre que vos preuves
n’en sont pas.
Il manie le sarcasme, la
dérision, le mépris et
disqualifie
Cette attitude crée très
rapidement une atmosphère
désagréable, elle permet de
faire tomber la méfiance et
surtout, d’éloigner la
discussion du propos
initial, par exemple :
lorsque vous exprimez de la
colère, il dit soudain une
phrase du type « Mh, t’as de
beaux yeux tu sais. » ou «
T’es belle quand tu es en
colère. ».
La communication perd son
sens, elle est pervertie
pour se muer en une arme de
contrôle et de pouvoir sur
vous. L’impact psychologique
des mots est phénoménal, des
petits mots peuvent traduire
une grande violence, ils
résonnent en nous comme le
ferait un coup de marteau
sur la tête. (Source :
Isabelle Nazare-Aga, Les
manipulateurs et l’amour)
Certains manipulateurs
utilisent les mots au
service de l’humour et en
font généralement profiter
la galerie en public, or,
dans l’intimité, cet humour
devient sarcastique et
ironique sur les autres et
particulièrement vous. Leurs
allusions caustiques voire
misogynes reflètent bien une
vérité très violente et
masquée.
Aussi, ces railleries
consistent à ne pas donner
aux mots leur valeur réelle
ou complète, ou à faire
entendre l’inverse de ce
qu’on dit. Dans son livre,
Les manipulateurs et
l'amour, Isabelle Nazare-Aga
cite :
Ainsi, dire quelque
chose dans l’intimité et
laisser entendre le
contraire en public,
faire ressentir de la
tension, de l’hostilité
sans que rien en soit
clairement exprimé,
représentent des armes
efficaces. Il est donc
naturel que le conjoint
ciblé par ces attaques
sournoises y réagisse le
plus souvent avec
agressivité. Le
manipulateur s’empresse
alors de le qualifier de
« susceptible », «
d’hypersensible », de «
parano » ou « dénué
d’humour ». La moquerie
semble beaucoup exciter
les personnalités
narcissiques sauf si
celles-ci leur sont
adressées bien sûr.
Le manipulateur impose
une communication au
service de la
dévalorisation, il
ridiculise le partenaire
en public, se moque de
ses convictions, de ses
goûts, de sa religion,
de ses origines, de son
aspect physique, etc.
Déprécier autrui
implique un but
paradoxal, la
gratification
personnelle du
manipulateur ou du
pervers.
Parmi toutes les expressions
dévalorisantes, citons
quelques exemples retenus
par les témoins : « Tu es un
despote, un égoïste, une
femme facile, une salope, ou
encore une putain. »
Il use du paradoxe
Le manipulateur ou le
pervers se complaît dans
l’ambiguïté et est doté d’un
talent inégalable pour
retourner les situations.
Ainsi, il nous communique
ses besoins, ses jugements
sur nous et sur autrui ainsi
que ses opinions sur le
monde mais il les change
constamment selon les
personnes et les situations
qu’il rencontre. Il lui est
aisé de modifier avec
conviction ce qu’il
affirmait il y a quelques
jours, voire quelques
minutes afin de semer le
doute et la confusion dans
l’esprit de sa victime.
Si cette dernière fait part
au manipulateur de son
incohérence évidente, il
niera farouchement et ce,
même en présence de témoins,
qui par ailleurs sont rares.
De plus, il est tout à fait
capable d’accroître ce
sentiment d’incompréhension
suscitée auprès d’elle en
l’accusant de mal
interpréter ses propos ou,
en la qualifiant de personne
instable.
Ses messages paradoxaux,
doubles et obscurs, bloquent
la communication et place sa
victime dans l'impossibilité
de fournir des réponses
appropriées, puisqu'elle ne
peut comprendre la
situation. De cette manière,
le manipulateur va épuiser
la victime à trouver des
solutions qui seront par
définition inadaptées et
rejetées par le manipulateur
pervers dont elle va
susciter les critiques et
les reproches. Quelle que
soit la résistance de la
victime, elle ne peut éviter
l'émergence de l'angoisse ou
de la dépression. (voir
Marie-France Hirigoyen, « Le
Harcèlement Moral », « La
communication perverse », p.
111).
Il divise pour mieux régner
Diviser et cloisonner ses
relations, est un art dans
lequel le manipulateur
excelle et ce pour plusieurs
objectifs :
Pour ce faire, il les monte
les unes contre les autres
en provoquant des rivalités
ou de la jalousie, ou encore
d’autres sentiments négatifs
et ce, au moyen de mensonges
et de médisances.
Il impose son pouvoir
Le manipulateur est persuadé
détenir la vérité absolue,
il ne dialogue pas, il
monologue sur ses idées
préconçues. C’est aussi une
façon sournoise de ne pas à
avoir à débattre
intelligemment, par
ailleurs, lorsque vous lui
soumettez votre avis il
n’hésite pas à vous coupez
la parole ou il adopte une
attitude désintéressée, ou
encore une attitude
désapprobatrice en faisant «
non » de la tête ou en
roulant les yeux en l'air.
En outre, il est
parfaitement capable
d’inventer des proverbes,
faisant ainsi glisser le
propos initial du
particulier au général.
Et enfin, bien que son
discours énonce des
propositions qui paraissent
des vérités universelles, la
plupart du temps le
manipulateur a tort, ses
postulats de départ sont
souvent erronés. Malgré
cela, il sait maintenir sa
victime en position de
respect et ce, grâce à son
assurance, son attitude
pédante mais aussi en se
projetant, exemple : il ne
dira pas « Je n’aime pas
cette personne » mais plutôt
« Celui-là est un imbécile,
tout le monde le sait…
comment ne pourrais-tu pas
le voir !? ».
En bref
Le harcèlement psychologique
est d’une violence inouïe.
La communication avec un
manipulateur ou un pervers
prend des allures de chemin
labyrinthique, impossible de
trouver la sortie. Cette
communication est tellement
tordue que vous vous
demandez si vous ne devenez
pas fou ou folle. (Source :
Isabelle Nazare-Aga, Les
manipulateurs et l’amour)
Voici une comparaison du
schéma d’une communication
saine et celui d’une
communication avec le
manipulateur :
Conflit normal
1. Il y a un vrai débat
2. Il y a un sujet
ouvert au conflit
3. Il y a des éclats de
voix
4. Énervement de la part
des 2 parties
5. Il y a conciliation
6. Il y a des excuses
Conflit avec un manipulateur
1. Le vrai débat
n’existe pas 2. Le manipulateur
n’évoquera jamais le
sujet réel du conflit au
contraire il le nie
3. Il n’y a pas d’éclat
de voix de la part de
l’agresseur. 4. Le manipulateur ne
s’énerve pas mais se
moque de la colère de
l’autre et le tourne en
ridicule 5. Il n’y a pas de
conciliation 6. Il n'y a pas
d’excuses
Que faire ?
Faites le point avec
vous-même
Établissez un examen de
conscience objectif sur vos
qualités et défauts car bien
souvent le manipulateur se
sert d’un seul acte de la
personne pour la juger sur
sa globalité, par exemple :
« Est-il vrai que je suis
égoïste ? Voilà tout ce que
j’ai fait pour elle depuis
trois ans… », « Est-il vrai
que je ne suis pas à la
hauteur ? Voilà les éléments
que je peux mettre à mon
actif… ».
Ensuite, faites le tri de ce
qui relève réellement de
votre responsabilité car le
propre du manipulateur est
de brouiller les frontières
en faisant passer ses
besoins avant les vôtres :
« Est-ce que son
problème existe
indépendamment de moi ou
en suis-je vraiment à
l’origine ? »
« Jusqu’où puis-je
répondre à sa demande
tout en me respectant ?
».
Une fois que vous aurez
évalué vos limites, vous
pourrez prendre une décision
claire. Deux stratégies
s’offrent alors à vous : la
contre-manipulation ou la
confrontation.
Contre-manipulez
1. Lorsque le
manipulateur détourne le
sujet, revenez-y
immédiatement.
2. Ne vous justifiez pas
! Vous défendre ou
tenter de lui faire
entendre raison donne
prise au manipulateur.
3. Feintez verbalement
l’indifférence, le but
étant de se protéger en
ne réagissant pas à ses
provocations :
• « C’est ton point
de vue. »
• « Tu crois ce que
tu veux à mon sujet.
»
• « J’ai déjà
entendu ça des
centaines de fois. »
• « Mh, voilà une
belle interprétation
! »
• « Quel mari es-tu
pour aimer ta femme
comme ça ? »
• « Eh oui, je ne
fais rien comme tout
le monde ! »
• « Tout le monde ne
pense pas comme toi.
»
• « Je ne suis pas
de cet avis. »
• « Chacun ses goûts
! »
Isabelle Nazare-Aga
conseille :
Vos phrases doivent être
courtes, si possible non
agressives, le plus
important est de lui montrer
que ses calomnies ne vous
touchent plus, même si cela
continue d’être faux pendant
encore un certain temps.
Aussi, décelez les doubles
contraintes et demandez-lui
s’il y a une option qu’il ou
elle préfère à l’autre.
Ensuite, faites ce qui vous
convient.
4. Décelez la
communication
typiquement perverse ou
l’intentionnalité de
destruction psychique ou
physique. Par exemple :
• « Tu m’appartiens
»
• « Je fais de toi
ce qui me plaît. »
• « Tu n’es qu’une
serpillière et je te
pisse dessus. ».
À cela, Isabelle Nazare-Aga
conseille encore :
Si vous entendez des phrases
comme ça, sauvez-vous sans
laisser d’adresse ! On ne
gagne pas contre un pervers
! Encore moins lorsqu’il
entre dans l’intimité de la
chambre à coucher.
Confrontez-le
Cette seconde stratégie est
plus impliquante, elle
risque de vous amener à vous
positionner sur la nature du
lien que vous souhaitez
entretenir avec le
manipulateur. Elle consiste
à renvoyer l’autre à sa
responsabilité.
Selon Jacques Salomé, auteur
de “Pour ne plus vivre sur
la planète Taire” (Albin
Michel, 1997) : Tout
reproche exprime une demande
indirecte. Ainsi, il s’agit
d’amener l’autre à formuler
son besoin mais aussi,
d’accepter de passer aux
yeux du manipulateur pour
le/la mauvais(e) en
renonçant à l’image idéale
de soi. C’est possible
lorsqu’on prend réellement
conscience de sa propre
valeur - c’est une chose qui
se travaille -, cela vous
permet de vous libérer de
son regard inquisiteur et
donc de retrouver votre
liberté. |