Ce modèle aide certaines femmes à identifier le comportement d'un conjoint violent.

Adaptation de Power and Control Wheel, Domestic Abuse Project, Duluth Minnesota
(Pour voir la « roue de l'égalité » , allez au site www.duluth-model.org et cliquez sur “wheel gallery”)

On peut se procurer une roue du pouvoir et du contrôle pour lesbiennes et gays en visitant le site du National Center on Domestic and Sexual Violence (www.ncdsv.org)

La roue du pouvoir et du contrôle, c'est l'image de la violence conjugale en pièces détachées. À la circonférence, il y a le visible, qui attaque le corps de la femme, ce dont les amis-ies, les voisins-ines peuvent être témoins. Puis se déployant vers le centre, il y a la violence qui se vit à l'intérieur, moins apparente, qui se manifeste par des gestes, mais aussi par des regard et menaces. Au centre, enfin, il y a le noyau même du contrôle, ce que veut l'homme violent, ce que devient la femme violentée.

Isolement :

Contrôler ce qu'elle fait, qui elle voit, avec qui elle parle, et où elle va. Dénigrer ses relations ou lui interdire de fréquenter sa famille ou ses amis.

Agression économique :

L'empêcher de conserver un emploi, la rendre financièrement dépendante, la forcer à s'endetter, exiger d'elle une allocation, lui voler son argent.

Intimidation :

Lui faire peur par le regard ou le geste, en élevant la voix ou en détruisant des objets auxquels elle tient. Crier à propos de tout et de rien à la maison.

Agression émotionnelle :

La rabaisser, la dévaloriser dans l'intimité comme devant les autres, lui "crier des noms", lui faire croire qu'elle est folle.

Machisme :

La traiter comme une servante, prendre toutes les décisions, agir comme le maître de la maison.

Menaces :

La menacer de prendre les enfants, de se suicider ou de la dénoncer à l'Aide sociale.

Agression sexuelle :

La traiter comme un objet sexuel, attaquer physiquement ses parties sexuelles, la prendre de force.

Chantage aux enfants :

La culpabiliser au sujet des enfants , utiliser ceux-ci comme messagers et, en cas de séparation, profiter du droit de visite pour la harceler.

Vous en avez peut être entendu parler, peut être aussi dans votre famille elle est présente !

Dans cet espace étudions les formes multiples des violence conjugales et de leurs conséquences : Dévalorisation ou humiliation, relations sexuelles de force, des scènes de jalousie, des coups, puis il regrette et demande de lui pardonner pour repartir à zéro…

La violence conjugale est l’utilisation délibérée et récurrente de plusieurs de ces formes de violence.

La victime est toujours la même personne (selon la Commission Européenne et Canadienne), la femme en est la victime dans 98 % des cas).

Ces comportements violents sont utilisés par l’agresseur dans un but de contrôle et de domination.

La violence physique :

La violence physique correspond aux atteintes physiques au corps :

taper, frapper, empoigner, donner des coups de pied ou de poings, donner des claques, frapper avec un objet; tirer les cheveux, brûler, pincer, électrocuter, cracher, jeter par la fenêtre ou dans un escalier; séquestrer, empêcher de sortir ou de fuir; taper la tête contre un mur, déchirer des vêtements, étouffer, tenir la tête sous l’eau; étrangler, tirer avec un pistolet, poignarder, tuer.

La violence verbale :

Elle s’associe aux autres formes de violence, et est permanente. Il ne s’agit pas de disputes entre conjoints, elle s'exprime dans un rapport inégalitaire.

Cette forme de violence est considérée comme relevant de la violence conjugale parce qu'elle est utilisée par l'agresseur pour contrôler et détruire sa conjointe.

Quelque soit le ton utilisé, l'agresseur envoie un message à la victime :

crier, utiliser un ton brusque et autoritaire pour demander un service, faire des injonctions;

interrompre sans cesse l’autre ou lui reprocher de parler, de se taire, de faire ce qu’il n’aime pas;

diriger la conversation, ne pas écouter ce que dit l’autre.

La violence psychologique :

Il s’agit de comportements ou propos méprisants dénigrants les opinions, les valeurs, les actions de la femme et portant atteinte à son intégrité psychique :

des insultes;

des remarques vexantes, des critiques permanentes sur ses pensées ou ses actes;

un comportement de l’agresseur qui se présente comme celui qui sait tout, qui dicte ce qu’il faut faire, qui fait passer la femme pour folle;

des chantages : en utilisant les sentiments, les enfants;

des menaces : de représailles, de suicide, de viol, de prendre le droit de garde des enfants, d’être violent.

La violence économique :

Elle est utilisée comme moyen de contrôle permanent de la victime et s’associe à d’autres comportements agressifs et destructeurs. Il s’agit du contrôle économique ou professionnel.

empêcher de travailler, dévaloriser le travail de l’autre;

considérer le salaire de l’autre comme secondaire;

empêcher d’avoir accès à l’argent du couple, d’avoir un carnet de chèques ou une carte bancaire, distribuer parcimonieusement l’argent pour le ménage, vérifier toutes les dépenses de la femme;

obliger à démissionner ou changer de type de travail ou à verser son salaire sur le compte de l’homme.

La violence sexuelle :

contrainte à la sexualité ou une insatisfaction de la vie sexuelle;

actes d’agression;

être insultée, humiliée ou brutalisée pendant un rapport sexuel;

être prise de force, être ligotée de force pendant un rapport sexuel;

être pénétrée de force dans l’anus, être pénétrée de force avec un objet;

être violée après avoir été battue ou injuriée;

être forcée d’agir selon les fantasmes sexuels du conjoint;

être obligée de reproduire des scènes pornographiques;

être “prêtée” à un ami pour un rapport sexuel;

L'agresseur :

Il s'adapte et élabore des stratégies en fonction des réactions de sa partenaire.

Négation des faits : il nie la violence elle-même ou sa gravité.

Déresponsabilisation et transfert de la responsabilité : Il est pourtant totalement responsable de ses agissements. Son comportement violent n'est pas une perte de contrôle mais bien sa façon d'exercer une domination et le contrôle de sa femme. Il utilise la violence parce qu'il ne supporte pas la contradiction.

S'il fait passer la violence physique pour un ou des accidents, les autres formes de violence plus insidieuses et permanentes qu'ils utilisent aussi (économique, psychologique, verbale) sont une des preuves que ses agissements ne sont pas ponctuels.

L'homme violent se trouve toutes sortes d'excuses pour expliquer son comportement. Il en attribue la responsabilité à sa femme et utilise n'importe quel prétexte pour justifier sa violence (la salière n'est pas placée au bon endroit, elle a dit bonjour au voisin, il a eu une contrariété au travail, il a bu et a perdu le contrôle de ses nerfs).

La victime :

Il n'y a pas de profil type de femme maltraitée ni de réaction type.

Négation de la violence : elle refuse d'admettre qu'il y a un problème et considère les scènes de violence comme des accidents.

Culpabilité :

ayant appris à se conformer à son rôle de dévouement et de compréhension, elle cherche d'abord à comprendre pourquoi elle est victime de ces violences, ce qu'elle a fait pour mériter ça. Elle se croit responsable et se sent coupable. C'est un moyen de se dire qu'elle peut changer les choses. De plus, son partenaire lui dit que "c'est elle la coupable" et se déresponsabilise ainsi, son entourage (famille, amis, institutions, professionnels) lui dit parfois aussi qu'elle est responsable. Les femmes qui ont été victimes de violence dans l'enfance se culpabilise plus vite.

Emprise :

Si elle reste sous l'emprise de son agresseur, ce n'est pas parce qu'elle aime ça mais parce qu'elle est prise au piège. Elle vit dans la peur, est dévalorisée par l'agresseur et parfois par son entourage. Du fait de son isolement, elle se sent abandonnée et se croit incapable de s'en sortir. Elle a du mal à réaliser que la situation ne changera que si elle part. Plusieurs raisons font qu'elle reste sous l'emprise de l'homme :

Elle a perdu toute estime de soi;

Elle a aimé ou aime encore cet homme;

Elle pense pouvoir changer la situation et modifier le comportement de son conjoint;

Elle ne veut pas priver les enfants de leur père et veut préserver l'unité familiale;

Elle subit des pressions extérieures et/ou la réprobation de son entourage;

Elle est isolée et a très peu d'opportunités pour trouver de l'aide;

Elle a peur de la misère et des obstacles matériels à surmonter (hébergement, emploi, nouveau logement);

Elle n'a pas les ressources physiques et psychologiques nécessaires pour entreprendre des démarches ;

Elle est menacée et a peur des représailles sur elle-même ou ses enfants;

Elle méconnaît ses droits et se montre réticente à affronter les institutions et l'appareil judiciaire.

Elle reste et tente de se conformer aux attentes de son mari pour éviter de nouveaux accès de violence.

Prise de conscience et engagement dans une nouvelle vie :

Lorsqu'elle comprend que son conjoint ne changera pas, elle peut prendre la décision de bâtir une nouvelle vie :

Si elle ne peut pas partir, elle peut tenter de renverser le rapport de force et mettre en place des stratégies.

Elle peut partir pour bâtir une nouvelle vie. Parfois le départ du domicile est la seule issue face au danger.

Pour rompre le processus de violence il faut que la victime en comprenne les mécanismes. Si c'est l'homme qui enclenche la violence, c'est malheureusement souvent à la femme de fuir pour la stopper.


Un petit vidéo qui explique bien ce qu'est la violence psychologique
 

VIDÉO

La communication perverse

Rien ne paraît aux yeux des autres, qui peut croire ce que je vis ?

Et comment moi, comprendre ce que je vis !

 

Ternir tête à un manipulateur, c’est s’exposer à la haine.

Un certain moment, la victime n’en peut plus de supporter ce sévisse moral et ose dire "Stop, ça suffit !". Elle veut en finir en se posant comme une personne et veut sortir de cette prison psychique.

À cette phase de réveil, le manipulateur montre au grand jour sa haine pour sa victime. Cette haine qui est de la colère. Il est en colère car il ne tient plus sa victime sous sa domination. Alors, il faut qu’il la fasse taire.

Comment ? Par une colère ouverte faite de violence verbale :

- coups bas et injures;
- paroles humiliantes;
- menaces, chantage (affectif ou d’emploi)
- dérision et j’en passe.

Elle peut être, selon les circonstances, accompagnée d’une violence physique afin de pétrifier sa victime pour qu’elle revienne dans sa position de subordination. Cette tactique permet à l’agresseur de se protéger de la communication qu’il refuse délibérément d’établir.

La victime a besoin de se libérer en dénonçant, en essayant de trouver les mots pour exprimer cette torture insupportable qu’elle a subi pendant de longs mois, si pas durant des années.

Malheureusement, lorsque celle-ci révèle les faiblesses de son persécuteur, celui-ci exploite les révélations contre elle. Il ose, non, il a le culot de se faire passer aux yeux des autres pour la victime. "Ce n’est pas elle la persécutée dans la relation, mais c’est moi. Vous avez entendu tout ce qu’elle ose dire à mon sujet. C’est une vraie folle ! Elle dirait n’importe quoi pour me faire passer pour quelqu’un que je ne suis pas."

Il ne faut pas oublier que le schéma de la haine présent ici, ne fait pas partie du schéma ordinaire de la haine qui fait mal par amour mais la haine destructrice de ce l’autre possède et que l’on veut ardemment s’approprier. C’est une haine de frustration.

L’agresseur se sent persécuté par les qualités que l’autre possède et justifie ces actes comme étant de la légitime défense.

En outre, l’agresseur projette sa haine. Il est persuadé que la haine qu’il porte à sa victime est réciproque. Il voit en sa victime une personne néfaste, une bête destructrice à éliminer. Quoi que la victime puisse dire ou faire, elle est coupable de délit d’intention. Tout est de sa faute et non de la sienne.

Disqualifier, diviser pour mieux régner, jalousie, abus de pouvoir

Comment disqualifier une personne ?

Tout simplement en lui faisant perdre ou diminuer sa confiance et son estime de soi. Le manipulateur va retirer toute qualité à sa victime, il va répéter sans cesse qu’elle ne vaut rien, jusqu’à ce qu’elle le pense vraiment.

Cela se fait d’abord par le non verbal :

Regards méprisants;
Soupirs excédés;
Bouderie (comme un enfant de 3 ans)

Ensuite, dans le verbal indirect :

Sous-entendus;
Allusions déstabilisantes;
Remarques désobligeantes;
Critiques indirectes qui sont le plus souvent dissimulées dans une plaisanterie ou dans de la raillerie.

Il est rare de pouvoir se défendre face à ce genre d’attitude. Le harceleur fini par convaincre sa victime et lui impose sa vision erronée de la réalité. Ces tactiques sont destinées à enfoncer l’autre pour mieux se rehausser.

Diviser pour mieux régner

Il ne faut pas oublier que le harcèlement est un acte unilatéral. Il n’y a aucun consensualisme de la part de la victime lorsque l’agresseur moral a entamé son jeu destructeur.

Comment atteindre sa victime ? Comment l’enliser sans porter le chapeau, sans être accusé d’être l’auteur des faits ?

En divisant.

En effet, c’est un as pour monter les gens les uns contre les autres en provoquant des rivalités et des jalousies ou mieux encore en colportant des rumeurs. Quelle dose de jouissance pour lui d’avoir la capacité de porter le discrédit par l’intermédiaire de l’assemblée. Ni vu ni connu. Son regard et son attitude ne suffisent pas pour détruire, il lui faut l’aval des autres de manière sournoise.

La jalousie

Amorcer la jalousie pour arriver à l’envie est une tactique qui permet à l’agresseur de se maintenir hors du champ de la colère ou de la haine. En établissant le sentiment de l’envie chez sa victime, l’agresseur la conduit sur le même plan que lui : "Que tu le veuilles ou non, nous sommes pareils !".

Par cette attitude, le harceleur fait un transfert de ce qu’il ressent. Sans se rendre compte, il se dévoile au travers de sa victime et il se renvoie les qualités de celle-ci qu’il aspire tant à posséder.

Lorsque la victime n’est pas dupe du jeu de l’envie, le harceleur bouillonne à l’intérieur et s’empresse de lui imposer son pouvoir de manière plus intensif.

L’abus de pouvoir

C’est restreindre l’autre dans un comportement de subordination. C’est un besoin de dominer.

Le plus souvent, le pouvoir se fait par la prise de parole dans laquelle l’agresseur veut démontrer qu’il est détenteur de la vérité universelle.

Il connaît tout, il sait tout, il a raison sur tout mais si l’on va dans la profondeur de son discours, il ne sait rien. C’est un discours de surface.

L’abus de pouvoir s’instaure par :

Un processus de domination, l’agresseur a besoin que sa victime soit soumise, subjuguée, contrôlée. Si celle-ci se rebiffe, le harceleur mettra en avant une agressivité et une méchanceté mesquine de la part de sa victime afin de prétexter une nuisance pour les autres.

Il fonctionne de manière totalitaire qui est basé sur la peur pour obtenir une obéissance passive.

Il a besoin de rejeter sa victime pour se sentir rassurer sur le besoin inconditionnel qu’a sa victime envers lui.

L’abus de pouvoir est tout simplement de la tyrannie au sens propre. Cependant, elle est nié par l’agresseur qui l’utilise par la douceur et de la bienveillance envers l’autre.

Le paradoxe

Comment l’agresseur va-t-il s’y prendre pour affaiblir la confiance de sa victime en l’humiliant et en la mortifiant ?

Tout simplement en corrompant ce qu’il y a de mieux chez sa victime par des offres, des présents, des promesses et en l’impliquant dans des actions hasardeuses, qui permettront à l’agresseur de les divulguer à autrui.

Le manipulateur, dans son agression, a besoin d’ébranler l’autre, de le faire douter sur son raisonnement et sur ses émotions.

Il a besoin que sa victime perde son identité afin qu’elle ne puisse plus penser et comprendre ce qui lui arrive. Elle doit absolument rester à sa disposition.

Le processus de déstabilisation se déroule en double contrainte, c’est-à-dire qu’une chose est dite verbalement et le contraire est manifesté par le non verbal. C’est ce qu’on appelle un discours paradoxal, composé d’un message explicite et d’un sous-entendu, dont le manipulateur nie l’existence.

Le discours paradoxal se base sur le besoin de semer le doute sur des évènements anodins de la vie quotidienne. La victime s’ébranle sur cette mise en doute et finit par ne plus savoir qui a raison ou qui a tort.

Si la victime tente de nommer ce qu’elle ressent, elle se fait traiter de personne instable qui interprète tout de travers.

Le paradoxe :

Vient d’un décalage entre les paroles prononcées et le ton sur lesquelles elles sont émissent.

L’observateur témoin de l’action n’y verra que du feu dans la portée de ces paroles puisqu’il n’est pas visé par cette action. Seule la victime se sent concernée dans cette attitude.

Consiste à faire éprouver à l’autre de la tension et de l’haine sans que rien ne soit exprimé à son égard.

Les discours paradoxaux sont très difficiles à repérer puisque leurs buts est de rendre l’autre dans la confusion tout en le gardant sous son emprise et de s’assurer de pouvoir lui donner tort.

Il ne faut pas oublier que la finalité de toutes ces actions est de pouvoir, pour l’agresseur, de contrôler les sentiments et les comportements de sa victime.

Mais surtout, l’agresseur cherche à retrouver sa position dominante en obtenant de sa victime l’acceptation de mortification et qu’elle se disqualifie elle-même.

 

Conflit normal

Conflit avec un manipulateur

1) Il y a un vrai débat 1) Le vrai débat n’existe pas
2) Il y a un sujet ouvert au conflit 2) Le manipulateur n’évoquera jamais le sujet réel du conflit, au contraire il le nie
3) Éclat de voix 3) Il n’y a pas d’éclat de voix de la part de l’agresseur.

4) Énervement de la part des 2 parties

4) Le manipulateur ne s’énerve pas mais se moque de la colère de l’autre et le tourne en ridicule
5) Il y conciliation 5) Il n’y a pas de conciliation
6) Il y a des excuses 6) Pas d’excuse

En d’autre terme, dans un conflit normal, il y a un échange entre les personnes.

Dans le conflit avec un manipulateur, il n’y pas d’échange possible car sa victime est un objet sans importance à ses yeux et donc, il n’y pas lieu de polémiquer.

Le manipulateur bloque la communication par des discours paradoxaux afin de placer son interlocuteur dans l’impossibilité de donner des réponses appropriées sur une situation qu’il ne comprend pas. Le manipulateur fait en sorte que la victime s’emberlificote dans la recherche d’une solution pour une situation dans laquelle elle inapte à pouvoir se défendre.

Le manipulateur use de messages subtils qui ne sont pas perceptibles immédiatement comme étant agressifs ou destructeurs puisqu’il utilise la double contrainte qui embrouille le message principal. Ce décodage ne sera possible lorsque la victime sera sortie de l’emprise de son agresseur.

"La « démentalisation » dévalorise et disqualifie un individu mais diffuse également à tout l’entourage, qui ne sais plus qui a fait quoi ou qui a dit quoi. Au-delà de la personne visée, qu’il faut paralyser pour réduire au silence, c’est toute une famille ou l’entourage professionnel ou relationnel qui se trouve dans un état de grande confusion." (Marie-France Hirigoyen)

User du mépris, de la dérision, du sarcasme

Quelques définitions :
 
Le mépris : sentiment par lequel on considère quelqu’un comme inférieur ou indigne d’estime, comme moralement condamnable. (Le Robert, langue française)
 
La dérision : mépris qui incite à rire, à se moquer de quelqu’un. (Le Robert, langue française)
 
Le sarcasme : ironie, raillerie acerbe, insultante. (Le Robert, langue française)

"Le mépris est l’arme du faible ; il est une protection contre des sentiments indésirables"
(Le harcèlement moral, M-F Hirigoyen)

Le mépris concerne principalement le partenaire conjugal ou le collègue de bureau haï, sur sa manière de raisonner, de la manière dont il agit mais aussi son entourage (amis et parents).

La personne qui méprise se cache dans l’ironie ou la plaisanterie pour ne pas déclarer ouvertement sa haine.

Ce comportement vise particulièrement les femmes : pour le pervers sexuel, il a un déni du sexe de la femme, et, quant au pervers narcissique, il dénie la femme dans son entièreté.

Ces individus prennent plaisir à tourner la femme en dérision par toutes formes de plaisanteries. Malheureusement, ils sont encouragés le plus souvent par les autres hommes qui ne prennent pas ses railleries dans les mêmes considérations. Pour monsieur tout le monde, dirons-nous, ce sont des blagues entre copains devant à une petite chope de manière de se détendre comme la gent masculine sait si bien le faire.

Mais, le pervers sexuel ou narcissique, il en est tout autre, c’est un besoin viscéral d’écorcher un maximum l’image de la femme. Car pour lui, la femme n’est qu’un être inférieur au bas mot, bonne à être qu’une simple chose à tout faire.

Il suffit de regarder ses petits talk-show français à l’américaine où les hommes sont généralement en accord avec le mari méprisant à l’égard de sa femme et les femmes qui, de leur côté, sont outrées par les dires de ce même mari.

Il ne faut pas s’y méprendre, il y a aussi des femmes manipulatrices.

Quel que soit le sexe de la personne manipulatrice, elle use de la dérision, non pour elle-même, mais pour se moquer de tout et de rien afin d’obtenir la confiance des autres. Elle fait tomber les garde-fous pour créer un environnement désagréable et place une communication dénaturée pour mieux viser sa victime.

Dans la dérision, sont introduites les méchancetés et les calomnies suscitées par le sentiment envieux que le manipulateur ressent vis-à-vis de sa victime.

Comme déjà mentionné dans le message « altérer la communication », le manipulateur est persuadé qu’il connaît parfaitement le mode de fonctionnement de sa victime. Il va utiliser la dérision pour se donner le droit de se moquer de la personne en faisant de son interlocuteur/observateur son allié pour mieux entacher sa cible.

Le plus souvent, la victime prend alors au pied de la lettre les critiques de son agresseur et finit par croire qu’elles sont légitimes. Les railleries et les remarques désagréables sont supportées comme le prix à payer pour conserver une relation avec une personne tout au plus difficile.

Pour se donner une bonne contenance, le manipulateur a un besoin d’enliser l’autre. Il procède par des petites réflexions déstabilisantes, en présence d’un ou plusieurs observateur(s), à partir de petites choses anodines peintes de manières exagérées. Ce qui lui importe, c’est de pouvoir embarrasser sa victime.

L’observateur perçoit une hostilité mais n’en étant pas plus sûr, il pense qu’il s’agit plus d’une plaisanterie sans conséquence. En effet, le manipulateur semble taquiner, alors qu’en réalité, il attaque sur les points faibles de la personne visée.

Sans que l’on puisse déterminer à quel moment l’agression a réellement commencé et sans que cela en soit une, elle se manifeste de façon légère, par allusions, par sous-entendus pour agacer la victime qui finira à un moment donné par être agressive.

L’agresseur tourne la situation à son avantage en mettant en avant les désirs agressifs de sa victime sans se compromettre.

Dans son plaisir de dénigrer, il aime affubler l’autre de surnoms qui s’appuient sur ses défauts. Ces sobriquets, plus que blessants, sont la majeure partie acceptée par l’entourage qui en rit et qui devient complice de la violence morale.

Peinée par les remarques blessantes et qui ne sont pas aplanies par des marques de gentillesses, la victime finit par se mettre en dérision pour ne pas monter qu’elle est meurtrie par le comportement de ses interlocuteurs.

Par cette méthode de communication, l’agresseur trouve le plaisir de la polémique, la jouissance de pousser l’autre à s’opposer et de le mettre à bout.

Dans sa provocation, le manipulateur va soutenir un point de vue un jour et dire le contraire le lendemain, juste pour relancer le débat, ou pour choquer afin de faire réagir son partenaire dans l’agressivité.

La victime finit par ne plus réagir à l’agression, soit parce qu’elle a tendance à excuser l’autre (dans le couple), soit parce qu’elle veut éviter, au maximum, l’affrontement susceptible d’envenimer un peu plus sa relation de travail.

C’est ainsi que la violence s’installe insidieusement. La victime, par habitude, ne repère plus le message agressif mais se ronge inconsciemment de l’intérieur par les incessants rabaissements de son agresseur.

Le manipulateur, séducteur averti, a un besoin constant d’un auditoire pour se valoriser. Un auditoire peu sensibilise aux humiliations que subit l’autre. Il n’est pas rare qu’il demande au groupe de participer bon gré, malgré, à son œuvre de démolition.

Il suffit pour désorienter la victime de :

- se moquer de ses convictions, de ses goûts;
- ne plus lui adresser la parole;
- la ridiculiser en public;
- la dénigrer devant les autres personnes;
- la priver de s’exprimer;
- de rire de ses points faibles;
- proférer des allusions acerbes, sans en donner des explications;
- mettre en doute ses capacités de raisonnements et de décisions.

Mentir

Le manipulateur a besoin constant de leurrer. Il utilise pour cela un groupement de sous-entendus, de non-dits pour créer un malentendu afin de l’exploiter à son avantage. Par ces messages inachevés et paradoxaux, il feinte par peur de la réaction des autres.

Il ne nomme pas dans l’espoir que l’autre aura compris son message ambigu, sans que les choses soient dites de manière ouverte. C’est une manière habile de faire face à toute situation qui se présente à lui.

Pour tout observateur témoin, son mode de langage paraît anodin et général car il ne se sent pas visé par le manipulateur, et donc, il ne prend que très peu conscience de l’impact produit sur la victime choisie. L’observateur devient à son insu, de façon détournée, un agresseur passif au grand désarroi de la victime dont la seule issue est de se taire ou de se rebiffer, ce qui a pour conséquence de se faire passer pour une personne instable.

Très posément, le manipulateur veut toujours avoir le dessus dans l’échange verbal même s’il est indirect.

Ou lorsqu’il sait qu’il ne pourra avoir le dernier mot, il fait en sorte d’impliquer une personne qui va se positionner à sa place, de manière à ne pas s’exposer directement à la situation dans laquelle il devra rendre des comptes. Il fuit pour ne pas devoir faire face à ses propres responsabilités, et que la victime ne puisse pas démontrer son autoritarisme envers elle.

Le mensonge indirect est une autre forme de la diversion qui consiste à répondre de manière imprécise, de répondre de travers ou par une attaque. Le leurre peut aussi se lier aux détails petits ou grands qu’ils soient afin de tourner la situation à son avantage car il sait que sa victime va être décontenancée par ses propos qui a priori n’ont rien avoir avec le sujet. C’est une méthode pour désarçonner la victime est qui déjà dans un état de confusion entre la vérité et le mensonge.

Le mensonge devient direct lors de la phase de destruction complète de sa victime; c’est une manipulation méprisante, un mensonge résolu qui persuade immanquablement l’autre.

Pour le manipulateur croyant lui-même à la force des choses ses propres mensonges, ce qu’il dit sur l’instant est vrai et incontournable.

De plus, le manipulateur est persuadé que tout ce qui est dit ne laissera aucune trace, et donc, il n’y aura aucune empreinte objective dans la plainte de sa victime.

Le mensonge pour l’agresseur est un outil qui répond à un besoin d’ignorer ce qui va à l’encontre de son propre intérêt personnel et qui lui permet de détruire lâchement sa victime.

Altérer la communication

Le manipulateur, envers sa victime, aborde un ton froid, plat et monocorde. Ce mode de communication est sans tonalité affective, laissant échapper dans le discours le plus anodin le mépris ou de la dérision. La couleur de sa voix signifie des sous-entendus, des reproches non exprimés et des menaces voilées.

Seule la victime peut reconnaître son mode de langage qui fait resurgir en elle la pression et la peur. Le discours en lui-même est sans importance, c’est la menace qui importe.

Le manipulateur, lors d’une dispute, ne s’énervera que très rarement. Seule la victime lèvera la voix qui la mettra dans une situation instable. Et lorsqu’il y a des témoins, le manipulateur pourra démontrer que ce n’est pas lui le coupable. La personne agressive est l’autre et non lui.

Quelques petits procédés de communication du manipulateur :

Le manipulateur fait en sorte de ne pas articuler ou de parler entre les dents pour forcer l’autre à se déplacer et à le faire répéter afin de lui reprocher plus facilement son manque d’écoute.

Délibérément le discours du manipulateur est flou et imprécis afin d’entretenir le trouble. C’est sa manière de fuir ses responsabilités et à éviter tout reproche. Son jeu favori est de faire passer des messages sans s’impliquer. Il entretient, de cette façon, différentes communications contradictoires. Il n’achève que très rarement ses phrases pour ouvrir le chemin à différentes explications et à toutes sortes de quiproquos. Il entretient des propos obscurs et rejette de les expliquer.

Ces messages d’apparence normaux, calmes et détendus, mais agressifs engendrent, chez l’autre, de l’agacement qui l’entrainera en finalité vers la colère, et donc, vers la culpabilité de s’être énervé et de paraître peu conciliant.

L’un des plaisirs du manipulateur est d’utiliser un langage ou des propos dits savants pour que l’autre se sente démuni dans l’échange au point d’avoir peur de demander des explications pour ne pas se sentir idiot face à son agresseur.

Mais, ce que la victime ne sait pas, c’est que le manipulateur use de ce langage de manière superficiel en employant des mots techniques pour paraître, pour montrer qu’il possède des connaissances, alors qu’il n’en est rien en réalité. Il suffit de gratter un peu en profondeur et l’on remarque que ses connaissances sont insuffisantes. Ce qui est primordial pour le manipulateur, c’est la forme de son discours et non la forme.

Le manipulateur aime également nommer les intentions de sa victime ou de pouvoir deviner les pensées de l’autre, comme s’il savait mieux que lui ce qu’il pense. Il se persuade qu’il connaît parfaitement le mode de fonctionnement de sa victime pour la discréditer aux yeux de l’entourage.

Refus de la communication directe

L’emprise est un processus tiré d’un système particulier de l’échange qui ne cherche pas à relier, mais au contraire à repousser et à priver la communication dans le but d’exploiter l’autre.

L’agresseur discourt de manière perverse afin que son interlocuteur soit dans la confusion et ne comprenne rien à ce qui se passe. Il refuse toute homogénéité sur les informations qui sont essentielles pour réduire sa victime à l’inactivité.

Cette forme de violence est porteuse d’angoisse permanente car l’être humain prend peu en considération la portée d’un discours comme on pourrait le croire, mais est attentif à tout ce qui l’entoure, c’est-à-dire la gestuelle et le non-verbal qui sont des signes distinctifs d’hostilité ou d’amabilité dans un dialogue.

Pourquoi l’agresseur prendrait-il la peine de communiquer avec une personne pour laquelle il a peu de considération, qu’il considère comme une chose sans importance ?

Son attitude ?

Éluder, c’est son mode de communication.

Il ne prendra jamais la peine de répondre correctement, il va utiliser des systèmes de non-dits, des sous-entendus et des réticences afin de déstabiliser l’autre pour ne pas être obligé de donner suite à la conservation.

Il paralyse sa victime pour ne pas devoir se justifier par son refus de communiquer. Il fera en sorte de retourner la situation en sa faveur en faisant croire que c’est son interlocuteur qui se refuse à tout échange.

Il criera haut et fort que lui est ouvert à tout dialogue. Il refuse catégoriquement à entendre ce que l’autre peut émettre comme avis et finira même par dire que l’idée émise vient de lui.

Le manipulateur possède un raisonnement tortueux, il ne donne jamais d’explication, ce sont les autres qui doivent lui rendre des comptes mais lui s’y refuse.


 

 

 

 

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