24 contes - 1 conte pour chaque soir de l'Avent

 

 

 

 

 

- Léon ! Où tu es mon grand ?

- Là, sous tes yeux, maman.

- Ah ! bien sûr, la feuille de bananier devant moi ! Je ne t’avais pas vu !

- Je sais…

Léon le petit caméléon poussa un soupir qui se perdit dans les profondeurs de la forêt. Ne pas être vu, c’était sa force puisqu’il échappait à ceux qui auraient pu lui vouloir du mal, mais c’était aussi sa faiblesse car parfois, même petit, on a envie d’être vu. Léon était très doué pour se fondre dans le décor, à son corps défendant.

Ah ! si Léon le caméléon pouvait être vu de Léone la caméléone ! La première fois, il l’avait rencontrée au bord de la rivière et son cœur avait alors battu le tambour car elle se promenait dans un champ de fleurs qui la transformait en bouquet.

Il s’était avancé sur son chemin, en retenant son souffle, mais elle était passée à côté de lui sans le remarquer. Il n’avait pas osé lui adresser la parole, de peur de l’effrayer, et s’en était retourné, le cœur lourd.

Ensuite, il avait essayé plusieurs fois de l’aborder, mais sans succès. Parfois, il était près d’elle, tout près, mais elle ne voyait qu’une pierre grise, ou une feuille verte, ou un sol rouge. Il était encore resté muet.

Comment aurait-elle réagi si une pierre grise lui avait dit qu’elle était jolie, si une branche verte lui avait avoué qu’elle était belle, si un morceau de sol rouge lui avait annoncé qu’il l’aimait ?

Son papa et sa maman vinrent l’embrasser. Ce soir-là n’était pas un soir comme les autres. Dans la nuit, le Père Noël devait passer.

- Maman, tu es sûre que le Père Noël rend aussi visite aux petits caméléons ?

- Sûre et certaine ! Surtout les gentils, et les plus gentils s’appellent tous Léon.

- Et s’il ne me voit pas ?

- Il n’a pas besoin de te voir pour te trouver…

La nuit lui prouva que sa maman avait raison. Alors qu’une pluie d’étoiles arrosait encore la cime des plus hauts arbres, il sentit près de lui une chaleur et ouvrit les yeux. Le Père Noël se tenait près de lui.

- Comment te sens-tu, Léon ?

- Vous me voyez, Père Noël ? s’étonna le petit caméléon.

- Comme tu me vois ! Je t’ai apporté un cadeau. Et je voulais m’assurer que je ne m’étais pas trompé. Je l’ouvre pour toi ?

- Oui, je veux bien.

Le Père Noël dénoua le ruban qui épousait la forme d’un tube. À l’intérieur, il trouva une feuille qu’il déroula devant Léon.

- C’est bien ça que tu voulais ?

- Oui, exactement ça !

- Une photo de caméléon, nous sommes bien d’accord ?

- Oui. Vous ne pouvez pas savoir comme ça me fait plaisir !

Un brin étonné, mais convaincu, le Père Noël se leva.

- Alors je vais te laisser. Et encore Joyeux Noël, Léon !

Léon le regarda remonter sur son traîneau et s’éloigner, puis il se rendormit jusqu’au matin.

Le lendemain, le soleil était déjà haut dans le ciel quand Léon emporta son cadeau près de la rivière, à l’endroit où il avait rencontré Léone pour la première fois. Il étala sa photo par terre, se jucha dessus et attendit.

Léone arriva peu de temps après. Elle marcha droit vers lui. Les tambours s’y étaient mis à plusieurs pour résonner dans le cœur de Léon. Parvenue devant lui, elle s’arrêta.

- Bonjour, osa-t-il.

- Bonjour, lui répondit-elle.

Léon, plus heureux qu’il ne l’avait jamais été, lui demanda :

- Cette fois, tu me vois ?

- Pourquoi ? Avant, tu penses que je ne te voyais pas ?

- Ben… oui ! dit-il, étonné. J’ai même demandé au Père Noël une photo de caméléon. Je me suis dit qu’en étant posé dessus, je ressemblerais enfin à un caméléon !

Léone secoua la tête, amusée.

- Ta photo n’aura pas servi à grand-chose, lui dit-elle. Avant, je te voyais, mais j’attendais simplement que tu me parles !

- Si j’avais su… se désola Léon.

- Ne sois pas triste, le consola Léone. Parce que, même timide, ce caméléon qui est devant moi me plaît beaucoup…

FIN

Une histoire écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark

Source : Enfant.com
 

 

 

Copyright (Au Jardin de l'amitié) © 2011-2016 Tous droits réservés