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De loin, j’ai cru voir arriver un oursin à la Chantilly !
Simon le hérisson haussa les épaules. Ricardo le renardeau aimait
bien se moquer de lui. Il était tombé tellement de neige ces
derniers jours que le champ où ils se retrouvaient pour jouer
évoquait un immense plat de crème.
Le museau de Simon affleurait à peine à la surface.
- Et
les autres, ils viennent ? demanda Simon.
-
Normalement, oui, dit Ricardo. Mais personne ne
restera bien longtemps… Ce soir, c’est Noël ! Tiens,
les voilà !
Bruno l’agneau, Simonin le lapin et Léo le blaireau les
rejoignirent. Ils discutèrent un moment, surtout des cadeaux qu’ils
rêvaient de recevoir, puis ils décidèrent de bouger, le froid les
saisissant quelque peu.
- Si
on faisait un épervier ? dit Léo.
Comme ils n’étaient pas nombreux, le jeu finit très vite.
- Si
on faisait un lapin de neige ? suggéra ensuite
Simonin.
Celui qu’ils firent avait belle allure.
- Si
on jouait à saute-mouton ? proposa enfin Bruno. Ça
ne te gêne pas, Simon ?
- Non,
répondit le hérisson d’une petite voix.
Comme d’habitude, il s’écarta de quelques pas tandis que ses copains
entamaient le seul jeu auquel il lui était interdit de participer.
Comment un hérisson pourrait-il jouer à saute-mouton ? La seule fois
où il avait essayé, Ricardo, Léo, Bruno et Simon avaient crié aïe !
ouille ! en posant leurs pattes sur les piquants de son dos. Depuis,
on y jouait sans lui.
En attendant qu’ils terminent, il leur tourna le dos et marcha sans
entrain vers la bergerie située dans un coin du champ. Il aimait s’y
réfugier car, à l’intérieur, régnait une douce chaleur.
De plus, une bonne odeur de laine parfumait les lieux. En effet, en
attendant de la traiter, le berger entreposait là dans une vieille
baignoire la laine produite par de la tonte de ses moutons.
Simon fut bientôt rejoint par ses amis. Aucun d’eux ne remarqua sa
mélancolie. Très vite, ils s’égayèrent car chez eux les attendait un
réveillon de Noël.
Simon espérait beaucoup de la venue du Père Noël. Dans sa lettre, il
lui avait confié son souhait de recevoir « quelque chose qui lui
permette de jouer à saute-mouton avec ses copains. » Quelle idée
géniale le Père Noël allait-il trouver ?
Sa nuit fut agitée, et son réveil précipité. Un objet long et
pesant, à en juger par la forme du paquet, l’attendait sous le
sapin. Il arracha le papier.
- Mais
! bredouilla-t-il, c’est une planche à roulettes !
- Ce
n’est pas ce que tu avais demandé ? l’interrogea son
papa.
- Pas
vraiment.
« En quoi ce jouet pourrait-il m’aider ? » se dit-il, intrigué.
Il l’emporta et fila vers son champ. La présence de la neige
empêchait qu’il puisse l’essayer. Aussi se réfugia-t-il dans la
bergerie. Là, sur un sol ferme, il se jucha sur l’engin et le fit
rouler. Il tomba.
Plusieurs fois. Il tomba souvent. Mais il persista, si bien qu’au
bout d’une demi-heure, il parvint à parcourir toute la longueur de
la bergerie en équilibre. « Trop chouette le cadeau du Père Noël ! »
se dit-il.
Soudain, il entendit un appel !
- Tu
es où, Simon ?
C’était Ricardo. Les autres devaient être là aussi. Il prit son
élan, sauta sur la planche, bien décidé à les épater par sa
maîtrise, et cria à son tour :
- Dans
la bergerie !
Mais, distrait par leur présence invisible, il prit trop de vitesse
et la planche heurta un rondin de bois oublié au sol. Simon bascula
et atterrit sur la laine entassée dans la baignoire. Dans ses
tentatives pour s’en extraire, il chuta, roula plusieurs fois
dedans, en grognant sous les efforts accomplis. Lorsqu’enfin il y
parvint, il trottina vers la porte, qu’il ouvrit.
En le découvrant, ses amis éclatèrent d’un même rire.
-
Qu’est-ce qui t’est arrivé ? demanda Léo le
blaireau.
Simon se tordit le cou et comprit leur réaction. Entortillée dans
ses piquants, une épaisseur de laine lui couvrait le dos, le
transformant en hérimouton. La planche à roulettes avait exaucé son
vœu d’une bien curieuse manière !
- Et
maintenant, si on jouait tous à saute-mouton ?
lança-t-il joyeusement.
FIN
Une histoire
écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark
Source :
Enfant.com
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