La
trompe accrochée à la queue de sa maman, Enzo l’éléphanteau
songeait. « Le Père Noël arrive cette nuit, et cette fois, pas
question de le rater ! Bon, l’année dernière, je m’étais endormi,
mais c’était un accident. Avec la sieste d’aujourd’hui, je suis sûr
de tenir le coup ! »
La promenade achevée, il abandonna ses parents aux préparatifs du
réveillon et trottina vers le point d’eau à la recherche de ses
copains. Le trio s’y trouvait bien.
Eusèbe le zèbre regardait William l’hippopotame se rouler dans la
boue tandis qu’Edmond le girafon buvait à deux pas.
- Eh
bien moi, ce soir, je vais voir le Père Noël ! leur
déclara Enzo avec une idée précise en tête.
-
C’est ça ! répondit Edmond. Comme l’année dernière !
- Tu
veux parier ? répliqua Enzo. Au fait, vous ne
voudriez pas m’accompagner ? On pourrait se poster à
l’abri d’un bosquet et le guetter ?
-
D’accord ! fit William après avoir consulté les deux
autres. Rendez-vous ici à minuit ?
-
Rendez-vous ici à minuit ! reprirent-ils en chœur.
La soirée se déroula dans la douceur enveloppante de leurs familles
respectives. À l’heure dite, William, Edmond et Eusèbe sortirent
dans la savane assoupie et gagnèrent le point de rendez-vous prévu.
Dissimulés par des herbes hautes, ils attendirent.
- Où
est Enzo ? s’inquiéta rapidement Edmond qui
fouillait la pénombre du regard.
- Je
suis sûr qu’il roupille encore ! dit Eusèbe. Il est
champion, lui ! Il nous demande de le rejoindre et
il n’est pas là ! Alors que nous pourrions faire
comme lui, dormir, au lieu d’attendre le Père Noël
que nous n’avons aucune chance de… de…
Il s’était interrompu brusquement. Conduit par huit rennes, un
traîneau venait de dessiner un sourire sur le rond parfait de la
lune. Les amis ouvrirent la bouche et ne la refermèrent pas, car le
traîneau venait de se poser sur l’herbe sèche, juste devant eux.
-
Alors, qu’est-ce qu’on fait debout à cette heure-là
? fit le Père Noël en se tournant vers eux.
- Il
nous a vus ! chuchota Eusèbe.
Les yeux baissés, tout penauds, William, Edmond et Eusèbe quittèrent
le rideau d’herbes.
- Vous
tombez bien, jeunes gens. Vous qui connaissez les
lieux, ne voudriez-vous pas remplacer mes rennes,
disons, une petite heure ? Ils brûlent d’envie de
batifoler un peu dans la savane. Alors ?
- Que…
que… nous tirions votre traîneau ? bégaya William.
-
Pourquoi pas ! Vous m’avez l’air de solides
gaillards !
Sans se concerter, ils bombèrent le torse et n’hésitèrent pas
longtemps.
- Avec
plaisir, Père Noël.
Quelques minutes plus tard, ils étaient attelés, l’hippopotame en
tête, suivi du zèbre et du girafon. Les trois amis échangèrent des
regards. Ils pensaient la même chose. William tourna la tête.
- On
peut vous demander un service, Père Noël ? dit-il.
-
Allez-y.
- À quatre, ce serait mieux. Et nous avons un copain, c’est grâce à
lui que nous sommes là, et je crois que si on l’oublie, il va nous
en vouloir toute sa vie…
-
Conduisez-moi ! dit le Père Noël.
Non loin de là, Enzo, couché sur le flanc, dormait en souriant. Il
rêvait que le Père Noël se penchait vers lui. Il pouvait même sentir
sa barbe blanche lui chatouiller la trompe. Il ouvrit les yeux.
William l’hippopotame le dévisageait dans le noir, un brin d’herbe
entre les dents.
- Dis
donc Enzo, tu ne nous aurais pas oubliés par hasard
? chuchota-t-il.
- Il
est quelle heure ? dit Enzo en se dressant sur ses
pattes. Vite, on va le rater !
- Ça
m’étonnerait ! Suis-moi !
Enzo obéit, toujours dans le brouillard. Devant chez lui était garé
ce qui ressemblait à un traîneau; l’un des petits rennes qui le
tiraient avait des rayures sur le flanc, et l’autre un long cou. À
l’arrière, un bonhomme habillé en rouge lui rappelait vaguement
quelqu’un.
-
C’est une blague ? fit-il.
- Tu
vois bien que non, dit Eusèbe en lui adressant un
clin d’œil.
Le Père Noël ajouta :
- Mon
petit Enzo, même s’ils n’ont pas été très efficaces,
tes efforts pour rester éveillé méritaient vraiment
une récompense…
FIN
Une histoire
écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark
Source :
Enfant.com
|